Après la semi-déception de l’album précédent, SAXON franchit le pas et tente le retour aux sources. Un choix pour s’éloigner du Heavy Metal germanisé qui leur a permis de retrouver le succès à partir du milieu des nineties et qui a trouvé son aboutissement sur des albums devenus essentiels dans sa discographie comme "Unleash The Beast" ou plus récemment "The Inner Sanctum" qui permettait de retrouver un soupçon de feeling plus Rock ‘N’ Roll via des titres comme "I’ve Got To Rock (To Stay Alive)". Les ambiances plus épiques, teintées de progressif de "Red Star Falling" asseyaient également le roi SAXON.

"Call To Arms" est plus roots et retrouve cette ambiance un peu AC/DCienne qui faisait le charme de la bande à l’époque où Pete Gill dictait le groove de la bande. Et il faut reconnaître qu’avec les deux premiers titres on se croirait clairement revenu à "Strong Arm Of The Law". Et si "Back In ‘79" pourra sembler un peu longuette, elle est clairement faite pour les stades et dégage un groove bien Hard Rock que le groupe avait un peu délaissé. Mais l’influence MOTÖRHEADienne n’est pas en reste non plus et on tente de se rapprocher des "Motorcycle Man" légendaires sur "Surviving Against The Odds" ou "Afterburner" non sans efficacité (surtout cette dernière qui a des faux airs de "Heavy Metal Thunder").

Le sommet est atteint avec la version orchestrale de "Call To Arms" qui démontre que, malgré ses efforts pour revenir aux origines, SAXON est excellent dans ce tissage d’ambiances qui rendaient "Battalions Of Steel" ou "Valley Of The Kings" irrésistibles sur l’opus précédent. Pour moi le réel sommet artistique de cet album avec "When Doomsday Comes (Hybrid Theory)". Et d’ailleurs c’est quand nos Anglais approfondissent les ambiances qu’ils excellent, proposant des morceaux aux riffs plus marquants et au relief soigné. "Mists Of Avalon" est une autre réussite dans le genre.

En somme cet album peut être découpé de la sorte :
- Les morceaux roots et Rock ‘N’ Roll faisant écho au passé pas mauvais mais pas mémorables à quelques bons moments près ("Hammer Of The Gods", "Back In ‘79")
- Les titres rentre-dedans à l’énergie NWOBHM bien marquée qui tabassent un peu dans le vide, aussitôt écoutés, aussitôt oubliés ("Surviving Against The Odds", "Afterburner")
- Les morceaux de bravoure plus ambitieux, plus orchestrés et aux claviers et arrangements de guitare classieux ("Mists Of Avalon", "Call To Arms", "When Doomsday Comes") qui éprouvent une formule qui m’avait séduit sur "Into The Labyrinth" et se détachent de la masse.

Si au final "Call To Arms" n’accuse pas un réel manque de cohérence (ça reste du SAXON), il ne fait pas mieux que "Into The Labyrinth" malgré sa direction artistique plus claire. SAXON est un groupe qui a grandi, qui s’est enrichi de nouvelles influences, et le retour en ’79 ne leur sied qu’à moitié. Car ici point de nouveau "Dallas 1 P.M." (malgré la tentative "Chasing The Bullet") ou de fédérateur "747 (Strangers In The Night)" (essai infructueux avec "No Rest For The Wicked" cette fois). Laborieux quoi.