Le disque dont je vais vous parler a une valeur un peu sentimentale à mes yeux. En effet, SAXON fait partie des groupes qui m’ont fait basculer du côté obscur de la force en convaincant le fan de Neo Metal que j’étais alors de franchir la lourde porte d’acier du Heavy Metal, le pur, le vrai. J’en profite d’ailleurs pour saluer un vieux pote fan du genre qui m’a beaucoup influencé en ce sens. Il se reconnaîtra. En tous cas, maintenant SAXON fait partie de mes groupes préférés. SAXON c’est fun, épique, lourd, mélodique, 400 % rock’n’roll et ça fout vraiment la patate. Je kiffe SAXON, j’écouterai leur musique jusqu’à la fin de mes jours et je ne manquerai jamais une occasion d’aller les voir en concert. Bref, j’aime SAXON.

Le disque dont il est question ici est une compilation, qui a ceci de particulier qu’elle ne concerne que les six premiers albums du groupe (du tout premier à "Crusader") et surtout qu’elle ne contient que des réenregistrements. Comprenez par-là qu’il s’agit de versions revues et corrigées, entièrement retravaillées et réenregistrées en studio avec des moyens plus modernes pour un résultat logiquement plus percutant, sans pour autant dénaturer la qualité d’origine des compositions. Huit titres étaient déjà connus lorsque "Heavy Metal Thunder" a atterri dans les bacs puisqu’ils proviennent du disque bonus de l’édition limitée de l’album "Killing Ground", sorti un an auparavant. Les cinq autres titres étaient totalement inédits avant la sortie du skeud. De quoi consoler les fans qui auraient loupé l’édition spéciale de "Killing Ground", sans pour autant oublier de convaincre ceux qui l’avaient déjà en les appâtant avec cinq pistes supplémentaires. Et surtout de quoi ravir ceux qui, comme moi, on découvert le groupe bien plus tard avec une compilation bourrée de titres archi-cultes et dont la commercialisation n’est pas limitée dans le temps.

"Heavy Metal Thunder" ne concernant que les débuts de la carrière de SAXON, on se retrouve directement plongé, du premier au dernier titre, dans cette ambiance si particulière fleurant bon la bière, le soleil et les grosses cylindrées. Le SAXON de la vieille école ne faisait pas dans la dentelle et on se gave volontiers jusqu’à l’indigestion de quantités de riffs énormes qui mettent tout le monde d’accord. Le riff, c’est ça l’argument imparable du groupe britannique, cette capacité à balancer des putains de riffs imparables mémorisés aussitôt entendus et qui donnent immédiatement envie de headbanguer à s’en démettre les cervicales. Et bien entendu, on retrouve cette voix, ce timbre vocal inimitable, celui s’extirpant des cordes vocales du flamboyant Biff Byford, le chanteur de Heavy Metal le plus classe du monde ! Le tout sur fond de rythmiques endiablées ponctuées de moments de bravoure terriblement grisants (ah, le refrain de "Strangers In The Night", que d’émotions, digne d'un grand classique du rock'n'roll).

Quitte à tout reprendre depuis le début, SAXON ne s’est pas foutu de notre gueule : le son est énorme, massif, monumental et met admirablement en valeur le génie de composition des membres du groupe. Ça commence sur les chapeaux de roue avec le brulot "Heavy Metal Thunder", survolté, et ça se termine avec l’énigmatique "Backs To The Wall", seul titre issu de l’album éponyme. Entre les deux, que des tubes, que des hits, des putains d’hymnes du Heavy Metal qui mettront d’accord tout le monde, y compris les plus imperméables au genre. Certains sont même méconnaissables par rapport à leur version d’origine tant leur toilettage leur a fait gagner en consistance ; je pense en particulier au terrible "Wheels Of Steel", à "Dallas 1 PM" et son thème principal inquiétant, à l’extraordinaire riff de "Strong Arm Of The Law", à la formidable impression de puissance que peut nous communiquer un bon vieux "Denim And Leather" et ses chœurs grandiloquents…

La musique de cette majestueuse compilation de SAXON offre à son auditeur une chose essentielle : la possibilité de s’évader, bouleversé qu’il est pas la toute-puissance d’un Heavy Metal pur, racé, d’un classicisme de très grande classe. Du récit des croisades ("Crusader") à l’assassinat de Kennedy ("Dallas 1 PM"), en passant par un appel à rester déterminé à faire ce qu’on a envie de faire de sa putain de vie ("Never Surrender"), ou par un hommage à ces festivals qui rassemblent si nombreux chaque été depuis des décennies ("And The Bands Played On"), les récits de Biff nous transportent dans une foule d’environnements foisonnants pendant plus d’une heure de musique qu’on aimerait jamais voir se terminer.

Avec "Heavy Metal Thunder", SAXON a signé sa déclaration d’indépendance. Résumé condensé et exhaustif de la première partie de sa carrière, cette compilation est un petit bijou, un véritable chef-d’œuvre qui rend hommage comme il se doit au formidable talent d’une formation injustement mésestimée. A des années lumières de la production minimaliste des années 80, cette remise au goût du jour des grands classiques du groupe britannique vaut bien n’importe quel album d’IRON MAIDEN. SAXON, ce n’est pas du Heavy Metal, c’est LE Heavy Metal, bordel de merde ! Enfourchez votre Harley, ça va chier !!