Qu'est ce que l'on retient le plus de "Never Say Die" ? Sa pochette bien sûr, une des plus iconiques du SAB'. Quelle ironie que celle-ci orne un de leurs plus mauvais albums. Si "Technical Ecstasy" marquait le pas, il restait un album de bonne facture. "Never Say Die" est lui un véritable désastre musical. Il reprend toutes les erreurs que contenait son prédécesseur, mais en les accentuant et en gommant encore plus l'essence du groupe.

Tony Iommi n'avait alors jamais eu un son de guitare aussi mauvais. Aigrelet, sans vigueur, trop aigu (un comble !). Le guitariste qui semble être le maître à bord accumule les fautes de goût. Il est évident que le groupe cherche à rendre sa musique plus mainstream, ce qui au final ne fera que lui faire perdre de la popularité. Prenez le riff de "Shock Wave", c'est très faible, gentillet, et les "Ooh ooh" à la fin du morceau, ridicule. L'album lorgne clairement du côté des US, les aciéries de Birmingham ne sont plus qu'un lointain souvenir. Les Anglais se sont tellement embourgeoisés et égarés dans la drogue que cela s'entend de la pire des façons : qui peut croire deux secondes à un titre comme "A Hard Road "? Banale tentative de Boogie Rock pour routier américain malgré des paroles loin d'être joyeuses. Alors oui, c'est amusant d'entendre Iommi et Butler sur les chœurs, mais on comprend aussitôt pourquoi ils n'ont pas réitéré l'expérience...

Le mammouth a été sévèrement dégraissé, fini la lourdeur typique des Anglais à part un peu sur le title track, seul moment vraiment notable de l'album malgré un aspect très guilleret. Il ne deviendra cependant jamais un classique du groupe. Une légèreté Hard Rock imprègne l'album, on pensera parfois à BLUE ÖYSTER CULT mais en bien moins inspiré (même le décevant "Mirrors" des Américains, sorti l'année suivante, lui sera supérieur). "Johnny Blade" (et ses claviers amusants) et "Junior's Eyes" tentent encore de surnager mais cela ne suffit pas, je ne retiens d'ailleurs jamais ces morceaux. La fin de l'album étant quant à elle absolument pitoyable. Ozzy n'en ayant plus rien à foutre, il laisse le chant à un Bill Ward qui avec sa voix quelconque ne peut sauver le bien peu inspiré "Swinging The Chain". L'instru "Breakout" qui le précède, très mal placé sur l'album, sonne comme une faible BO d'une piètre série B de cette époque. Ce qui fait qu'Ozzy nous quitte avec une prestation très poussive sur un "Over To You" des plus oubliables.

"Never Say Die!" est une sortie de route qui sent le nanar. On se moque souvent d'Ozzy, mais malgré son comportement erratique c'est lui qui était dans le vrai. Il saura le prouver magistralement deux ans plus tard. BLACK SABBATH s'engouffrait dans une impasse, "Paranoid" n'était plus qu'un lointain souvenir. En termes d'expérimentations l'album n'apporte rien de neuf, ce n'est pas les quelques bidouillages de synthés de Don Airey qui feront illusion (la comparaison avec "Sabbath Bloody Sabbath" fait mal). "Air Dance" est un assemblage de différentes parties qui s'enchaînent sans véritable cohérence, avec des arrangements qui ne sonnent pas toujours totalement inédits (réécoutez donc "Vol 4"). Pas de classique, une aseptisation du son et des compos, des passages parfois risibles (j'écris ça en écoutant le final de "A Hard Road" c'est juste pas possible de la part du SAB'). Pas de réhabilitation possible en ce qui me concerne.