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SPEED THRASH  |  STUDIO

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RAGE - Reign Of Fear (1986)
Par ODIN le 21 Janvier 2009          Consultée 8477 fois

Quand j’avais 8 ans, j’allais souvent en week-end chez un pote qui avait un Amstrad 6128 et plus d’une centaine de jeux. On passait nos Samedi soirs à s’épuiser sur DOUBLE DRAGON, TARGET RENEGADE, GRYZOR, RICK DANGEROUS ou encore SHUFFLEPUCK CAFE. Toute une époque...
Et mon jeu préféré dans le lot, c’était sans conteste SHINOBI. On incarnait un Ninja chargé de péter la gueule de bandits qui enlevaient des gamins. Les graphismes étaient pourris, mais putain qu’est-ce que c’était prenant. Surtout contre certains bosses de fin, où il fallait constamment tirer comme une brute (à s’en faire péter le poignet) pour pouvoir les dégommer...

-"Allez, tire, bordel ! Plus vite !
-Mais j’ai mal aux doigts !
-Ben, utilise la magie !
-Je peux pas, je m’en suis servi il y a 2 minutes… Raaah, il se rapproche, meeeeerde !"

Trop tard... Game Over.

Vous vous demandez certainement où je veux en venir.
C’est simple, le Ninja qui se trouve sur la pochette du premier RAGE ressemble trait pour trait à celui qui ornait l’écran-titre de SHINOBI. Mais je sens que je vous emmerde avec mes souvenirs, donc je vais arrêter là.

...

Bien que RAGE soit considéré aujourd’hui comme un fleuron du Heavy européen grâce à des albums comme Unity et Soundchaser, ses productions précédentes, et plus particulièrement ses premiers pas, ne font pas l’unanimité.
On ne peut pas dire que Reign of Fear soit une pierre angulaire de l’histoire du groupe. Il fait partie de ces albums "pour initiés" qu’on découvre en dernier lieu, une fois qu’on maîtrise à peu près correctement le reste de la disco. Rappelons juste pour mémoire qu’il s’agit de son deuxième disque, faisant suite au préhistorique Prayers of Steel (1984) sorti sous le nom AVENGER.

Le RAGE des débuts était un groupe comme il devait en exister des milliers à l’époque, visiblement traumatisés par l’ouragan METALLICA (1). On imagine bien à l’écoute du bouzin cette bande de djeunz s’éclater dans un garage, à bricoler un Thrash "light" avec les 3 riffs qu’ils parviennent à bredouiller.
Je précise bien Thrash "light" car la musique proposée ici navigue à 10 kilomètres du tabassage haineux pratiqué à l’époque par ces brutes épaisses de KREATOR et SODOM. Pas de ça chez RAGE, qui est certes agressif, mais jamais brutal. C’est du Speed énervé, ou du Heavy sous amphèt’, au choix. Coupons la poire en deux : du Thrash Bisounours.

Et surtout, c’est très daté, poussiéreux et carrément périmé dès la sortie du frigo. Tout dans ce Reign of Fear fleure bon les 80’s : ça va vite, ça secoue, les refrains sont scandés, un chanteur improbable nous abreuve de cris de mouette et de modulations crispantes, et le tout semble enregistré en une seule prise dans un hangar au fin fond de l’Ouzbékistan.

Le résultat n’est pas très bandant. RAGE s’en sort honnêtement (sans faire d’étincelles) quand il s’agit de foncer dans le tas mais se prend clairement les pieds dans le tapis lorsqu’il tente de nuancer, et il laisse alors apparaître ses limites.
Dès que le tempo rapide n’est plus là pour aider à faire passer la pilule, on réalise que Peavy pousse sa voix à en devenir insupportable ("Raw Energy"), que les gratteux s’endorment sur des riffs convenus ("Taste Flesh") et que les refrains sont globalement paresseux.
Le groupe tente de compenser en instaurant des ambiances sombres, mais ce n’est qu’un cache-misère... la palme revenant à "Scaffold", long titre que RAGE a certainement voulu glauque et pesant, mais qui se révèle surtout lourdingue car tournant sur 3 plans répétés en boucle. Au final, les 9 minutes semblent durer le double.
Le reste de l’album n’est pas épargné par tous ces handicaps. L’ensemble est plutôt banal et très répétitif. On déplore une véritable absence de mordant, de riffs qui tuent et de refrains qui vous marquent au fer rouge.

Mais il y a cet enthousiasme, cette énergie imparable et ce cachet typiquement 80’s qui finissent par emporter l’adhésion.
Au détour des quelques bonnes idées présentes, comme un bon riff par ici ("Machinery"), une belle intro acoustique par-là ("Scaffold") ou un refrain accrocheur au fond à droite ("Suicide"), on pressent un certain potentiel et on se dit qu’avec plus d’expérience, RAGE pourra un jour faire de belles choses.
Reign of Fear n’a rien d’un indispensable tant il est poussif et bourré de défauts.
Mais il s’avère aussi terriblement attachant. Et c’est même avec un grand sourire greffé sur ma tronche d’abruti que je réécoute ce premier effort, en ayant en mémoire les derniers disques de RAGE.

C’est quand même fou de se dire que c’est bien le même Peavy qui, seulement 6 ans plus tard, nous pondra des merveilles comme Trapped et The Missing Link, tant le fossé qualitatif parait immense (comparable au diamètre de la dilatation anale d’une actrice débutante au soir de son premier tournage avec Rocco SIFFREDI, pour vous donner une idée) (2).
C’est dans ces moments-là qu’on réalise le chemin parcouru et les progrès accomplis en 20 ans par le chanteur/bassiste à gros nez.

En prenant en considération la carrière du groupe, Reign of Fear mérite sa place en queue de peloton. C’est sans doute le plus mauvais disque de RAGE.
Par souci de cohérence, je me vois donc obligé de lui mettre 1/5. Mais sachez que dans mon petit cœur fragile, il récolte un bon gros 3.
Je suis trop sentimental, ça me perdra.



(1) A noter la présence de Jorg MICHAEL, qui, 10 ans plus tard, ira jouer les métronomes chez STRATOVARIUS.
(2) Cette métaphore est ignoble, je m’en rends bien compte.

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   ODIN

 
   JEFF KANJI

 
   (2 chroniques)



- Peavy Wagner (basse, chant)
- Jochen Schroder (guitare)
- Thomas Gruning (guitare)
- Jorg Michael (batterie)


1. Scared To Death
2. Deceiver
3. Reign Of Fear
4. Hand Of Glory
5. Raw Energy
6. Echoes Of Evil
7. Chaste Flesh
8. Suicide
9. Machinery
10. Scaffold



             



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