À titre informatif la chronique ici présente concerne la version originale de l'album et non la version remastérisée.

1994, année charnière pour RAGE.

Depuis le début des années 90, RAGE a gagné en popularité. En plus de sortir de bons (voire excellents albums) RAGE entreprend de tourner autour du globe. Le point d’orgue sera la tournée au Japon où le groupe sera accueilli comme de vraies Rock stars. Malheureusement Manni Schmidt ne pourra, pour des raisons familiales et professionnelles (et non pas par vexation de voir arriver un deuxième guitariste), suivre le rythme des futures tournées. Retour donc à la case départ concernant le poste de guitariste.

Efthi propose tout naturellement son frère cadet, Spiros, au poste de guitariste qui sera suivi par Sven Fischer. RAGE redevient donc pour la deuxième fois de son histoire un quartette.

Cette année 1994 coïncide également avec le dixième anniversaire du groupe.

Peavy décide donc de dépoussiérer de vieilles démos afin d’en faire un nouvel album. Et au final quelle excellente idée. RAGE livre ici un album plein de spontanéité, direct, "in your face" à commencer par le tonitruant "Vertigo", véritable uppercut, brûlot Speed-Thrash suivi par le très Thrash "She Killed And Smiled".

La production se veut minimaliste et on voit que le groupe n’a pas tourné autour du pot, enregistré dans des conditions quasi live. J'imagine qu'il n'a fallu que quelques jours pour tout mettre en boîte.
Alors que Manni Schmidt avait un jeu très 80s, influencé par la NWOBHM, jeu que j'appréciais d'ailleurs énormément, ici on lorgne surtout du côté de groupes comme PANTERA, EXODUS, comme en témoignent les très Thrash "Submission" et "Take My Blood". Les rythmiques sont vraiment très inspirées par les groupes Thrash typiques des années 80 et 90. RAGE n’oublie pas non plus, comme souvent serais-je tenté de dire, de varier les plaisirs avec l’épique "No Sign Of Life" pamphlet contre les atrocités commises en ex-Yougoslavie, excellent morceau de plus de sept minutes.

Petite critique, qui vaudra également pour les albums suivants et ce jusqu’à l’arrivée d’un certain Victor Smolski, les guitares manquent parfois de finesse et les soli sont vraiment tout juste acceptables. Par contre niveau rythmique c’est une véritable tuerie, rouleau compresseur.

À noter une version modernisée du "Prayers Of Steel" d'AVENGER, pas transcendante mais au capital sympathie certain car il voit défiler tous les précédents guitaristes de RAGE le temps d’un petit solo.
L’album se termine par "A Blow In A Row", melting-pot sous forme de medley des meilleurs morceaux de RAGE, qui comprend, "Execution Guaranteed", "Suicide", "Down By Law", "Don’t Fear The Winter", "Invisible Horizons", "Waiting For The Moon", "Enough Is Enough", "Solitary Man" et "Nevermore".

Un album donc vraiment à part dans la discographie de RAGE et pourtant diablement recommandable et efficace. RAGE se veut fougueux, véloce et Peavy, selon moi, n’a jamais aussi bien chanté que sur cet album (réécoutez "Vertigo" et vous comprendrez), fougue qui se poursuivra avec le puissant "Black In Mind" l’année suivante que beaucoup de fans considèrent comme étant le chef d’œuvre du groupe.

Rendez-vous dix ans plus tard avec l'incroyable Live "From The Cradle To The Stage" !!!

Un bon, que dis-je un très bon 4/5 et "Vertigo" me file toujours autant la patate !!!