Alors qu’on ne s’attendait pas forcément à la publication d’un dvd de RAGE si peu de temps après leur gargantuesque From The Cradle To The Stage, le groupe germano américano russe (ouf !) a décidé d’immortaliser sous la forme d’un disque versatile un show de sa tournée 2006 (celui de Saint-Pétersbourg pour être plus précis). Il faut d’ailleurs préciser à ce sujet qu’elle fut la dernière avant le départ du batteur Mike Terrana, ceci expliquant peut-être cela ! Quoi qu’il en soit, nous voilà devant un produit luxueux (pour l’édition 2 dvd et 1 cd) avec un coffret métallique du plus bel effet. Quant au contenu… voici un live pour le moins étrange ! Mais faisons tout d’abord un bond de puce dans le temps.

Comme chacun sait (ou presque), RAGE nous a pondu en 2006 un Speak Of The Dead qui avait le mérite de contenir en son sein une longue pièce symphonique d’une trentaine de minutes (la « Suite Lingua Mortis ») composée de 8 morceaux. Mis à part ce morceau de bravoure (que certains ont peut-être trouvé maladroit mais qui avait le mérite d’être original dans ce contexte), les autres titres du disque ressemblaient à ce que RAGE faisait depuis « Unity » et « Soundchaser », à savoir un bon gros heavy très efficace, mais cette fois-ci un poil moins inspiré qu’auparavant.

Tout naturellement, le groupe décida d’inclure la « Suite Lingua Mortis » au sein de sa setlist, agrémentée de quelques autres titres tirés du nouvel opus (« Speak Of the Dead », « No Fear », « Soul Survivor », « Full Moon »), sans oublier d’autres titres issus de diverses périodes du groupe (« Sent By The Devil », « Enough Is Enough », « Baby I’m Your Nightmare » et les incontournables « Don’t Fear The Winter » et « Higher Than The Sky »). Et ce joyeux mélange n’aurait pas posé le moindre problème si le show présent sur ce dvd reproduisait fidèlement un concert « type » de cette tournée.

Mais là où le bât blesse, c’est que le set ne dure ici qu’à peine 70 minutes alors que le groupe joue d’habitude plus longtemps. Puis vient l’inévitable question du fan : où sont donc passés les excellents « Down », « War Of Worlds » et « Human Metal », pourtant joués au cours de cette tournée ? Ces titres ont-ils été exclus de la setlist de Saint-Pétersbourg alors même que ce show était filmé ? Peu probable… Ou a-t-on eu droit à un montage assez « charcutier », car ces titres se trouvaient déjà sur From The Cradle To The Stage ? Tout cela laisse quand même un léger goût amer…

Malgré tout, RAGE délivre un spectacle de qualité. Pas d’artifices, que du brut de décoffrage ! Soulignons toutefois qu’une scène très dépouillée et trop grande pour un trio qui bouge peu rend le début du spectacle assez froid, surtout quand on sait que le groupe a choisi de débuter par un « Speak Of The Dead » peu fédérateur et, qui plus est, amputé de son final. Mais, une fois passé ce début un brin laborieux, le combo enflamme le public russe venu en nombre. Victor Smolski joue ici à domicile, ou presque, et n’hésite pas à communiquer dans sa langue natale avec les spectateurs. Peavy Wagner s’essaye aussi à la langue de Soljenitsyne, par des remerciements, mais aussi par le final de « Fullmoon » chanté en russe.

La virtuosité et l’entrain du groupe ne sont plus à prouver et les trois hommes nous montrent une fois de plus que la scène metal doit compter avec eux. Le son est clair et percutant. Dommage toutefois que le groupe ait recours à des samples pour les parties orchestrales de la « Suite Lingua Mortis ». Quant aux lumières, elles sont nombreuses mais offrent à de nombreuses reprises des teintes assez sombres, ce qui correspond finalement assez bien aux thèmes abordés par RAGE. Un écran géant permet de diffuser des images filmées sur scène ou des extraits de clips (pour « No Fear »). Les caméras, nombreuses, nous permettent d’avoir différents points de vue. Mike Terrana, enfin, est peu présent à l’image car le montage lui préfère Peavy Wagner et Victor Smolski. Ces deux derniers sont d’ailleurs les seuls à figurer sur la photo au dos du boîtier…

Sur un autre plan, des bonus ont été ajoutés afin de nous faire oublier la courte durée du set principal. Cependant, il s’agit d’un extrait tiré du Masters Of Rock Festival de la République Tchèque qui reprend des titres déjà présents sur le set de Saint-Pétersbourg. Peu d’intérêt donc… Préférez-lui les clips de « No Fear » et « Straight To Hell » ainsi que le passage à la télé brésilienne pour « Don’t Fear The Winter ».

L’autre dvd présente des documentaires « privés » à l’intérêt variable, du drum clinic (démonstration) de Mike Terrana à la virtuosité de Victor Smolski, en passant par le hobby préhistorique de Peavy Wagner (quelle collection de crânes !). Les autres documentaires présentent l’organisation de la tournée et constituent un road movie parfois difficile à suivre pour les non anglophones car il ne propose aucun sous-titre.

En bref, vous l’aurez compris, ce dvd m’a laissé sur ma faim. Sans être décevant, il ne se révèle pas aussi enthousiasmant qu’à première vue. Le groupe joue terriblement bien, le set est carré et efficace mais tous les détails cités plus hauts donnent une impression d’inachevé. Il comblera malgré tout les fans les plus acharnés du combo ; quant aux autres, préférez-lui le copieux et savoureux From The Cradle To The Stage. Quoi qu’il en soit, bonne route à Mike Terrana et « welcome » Andre Hilgers !