Quand on découvre MAGNUM au début des années 2010, comme ça a été mon cas, difficile ne serait-ce que d'entrevoir les remous de la bande qui, comme de nombreux autres groupes de sa génération, a connu des années 90 pour le moins étranges. MAGNUM restera un éternel décalé, lui, qui émerge en même temps qu'AC/DC et consorts, ne connaîtra son heure de gloire qu'au milieu des années 80, avant de s'effondrer sur lui-même, après que l'Amérique lui a tendu les bras. Après un baroud d'honneur, le groupe se sépare finalement, suite à de grosses tensions entre Mark Stanway et Tony Clarkin, le premier n'étant sans doute clairement pas satisfait de la direction de moins en moins Prog du groupe (tout comme une bonne partie des fans). Mais les tensions, quand ça fait presque quinze ans que vous bossez ensemble, ça arrive forcément. Mais c'est aussi le manque de succès qui fait péricliter le groupe.

Mais vu de loin, difficile de deviner que MAGNUM s'est séparé entre 1996 et 2001. D'autant que la musique proposée dans l'intervalle dans HARD RAIN par Bob et Tony ne différait pas tellement de ce qu'on connaissait de leur association, même s'il apparaissait assez clairement que les penchants plus Pop Rock du MAGNUM des nineties s'y exprimait davantage. Réunir le duo et leurs anciens collègues n'est pourtant pas si simple. Si Mark Stanway répond à l'appel, Wally Lowe s'est retiré de l'équation, et Mickey Barker est trop occupé pour pouvoir rejoindre ses collègues. Ainsi, bien qu'il soit crédité sur "Breath Of Life", il n'en joue pas une note, au contraire de Tony Clarkin, qui décidément aime bien ajouter des cordes à son arc, même si la plus grande partie de la batterie est programmée. C'est Al Barrow qui intègre alors pour vingt ans le poste de bassiste (il a depuis cédé sa place à Dennis Ward, goûtant à une retraire bien méritée).

"Breath Of Life" est une déclaration de renaissance pour un groupe alors déjà oublié de pas mal de monde. Et musicalement, MAGNUM se cherche toujours. Le cul entre deux chaises, quelque part entre "Wings Of Heaven" et "Rock Art", mais surtout fortement imprégné de la parenthèse HARD RAIN. L'album balance donc, bien qu'assez légèrement, entre introspection et saillies de clavier d'un côté ("Just Like January", "Breath Of Life"), et chansons Pop Rock parfois entêtantes et très efficaces ("Still"), mais tout aussi dégoulinantes parfois ("Everyday"). On sent MAGNUM un peu rouillé, peinant à retrouver la formule des titres rentre-dedans ("After The Rain") même si "That Holy Touch" sonnera bien mieux sur sa revisite sur "Evolution" en 2011.

Pourtant, on sent que ça pourrait le faire, mais que le groupe est encore en train de retrouver ses marques, et il était difficile de présager à l'écoute de "Breath Of Life" de l'âge d'argent qu'allait connaître le groupe à partir de 2007, où il aura réussi à se reconnecter à son ADN, avec un label solide (SPV) qui le soutiendra jusqu'au bout, et ce grâce aux tournées qui vont reprendre de plus belle, et à l'appui inattendu d'un jeune prodige allemand qui clame à cor et à cri que MAGNUM est son groupe favori ; je parle bien sûr de Tobias Sammet (EDGUY), et c'est grâce à lui que je découvrirai le groupe. Mais clairement, "Breath Of Life" rassure, mais n'est pas suffisamment déterminant pour vous faire attaquer la discographie de MAGNUM, qui malgré son split, est toujours au creux de la vague.