Nous discutions il y a peu entre membres de l'équipe sur un célèbre réseau social de ces albums que l'on aime réécouter régulièrement mais qui ne sont pas des chefs d'œuvre, ni même très bons parfois. Et je me rends compte qu'il y a des artistes avec lesquels je fais ça, alors même que leur musique est d'une surprenante vitalité, même après quarante ans de carrière. MAGNUM fait partie du cercle restreint de formations dont la qualité discographique devrait être érigée en exemple (à l'image de ses compatriotes de THUNDER).

Alors certes tout n'est pas toujours excellent, mais il apparaît évident que si quelque chose ne faiblit pas, c'est l'inspiration de Tony Clarkin qui, toujours armé de ce son de guitare bien particulier, a continué à ciseler les perles que l'on va retrouver sur "Dance Of The Black Tattoo" en version live, ce qui permettra notamment d'attester que même si MAGNUM se fait extrêmement rare en nos contrées, ses prestations ne sauraient souffrir le moindre reproche, tant les arrangements et l'énergie sont au rendez-vous des rutilantes productions illustrées des Anglais.

"Dance Of The Black Tattoo" est très clairement une compilation opportune, dont le rôle est à la fois d'apporter un contrepoids au recueil de ballades "Valley Of Tears" sorti en 2017 et, surtout, d'occuper le terrain médiatique devant l'impossibilité de défendre en live le superbe "Serpent Rings" sorti en cette malheureuse année 2020. Est-elle mauvaise pour autant ? Non bien sûr, car MAGNUM met un point d'honneur à conserver un certain label qualité quoi qu'il advienne.

"Dance Of The Black Tattoo" est-il constitué de bric et de broc ? Très clairement la réponse est oui. On y trouve de nombreuses pistes déjà offertes aux fans sur les éditions limitées de ses albums sortis depuis "Escape From The Shadow Garden", à commencer par les cinq premiers titres live. Hormis "On Christmas Day", et le surprenant "Born To Be King" proggy et garni de double-pédale, jusqu'ici disponibles sur le single de Noël 2014 (sorti en vinyle uniquement), les autres sont toutes extraites des sessions de "Sacred Blood "Divine" Lies" (notamment la très réussie "Phantom Of Paradise Circus" ainsi que "No God Or Savior"), "Lost On The Road To Eternity" (10 & 11) et "The Serpent Rings" (12, 13 & 14).

Une bien maigre consolation, sachant qu'on a eu droit à un Live en 2019 (succédant à "Escape From The Shadow Garden Live 2014"). Sauf que, fait exprès ou pas, les titres captés ne sont pas les mêmes, ce qui pimente un poil la sauce. Il est difficile de bouder son plaisir même si ce genre d'entreprise purement mercantile m'agace un peu, car hormis pour avoir deux pistes en physique, je possède déjà l'ensemble des chansons présentées ici. On pourra toujours se dire que pour le néophyte c'est une bonne porte d'entrée dans l'univers récent du groupe, qui affiche une forme insolente et une créativité débordante, l'ensemble des quatorze titres montre le groupe sous son meilleur jour, même si, je dois l'avouer, hormis pour "On Christmas Day" je ne suis pas fan des versions radio car l'écriture des Anglais a cette grande qualité qu'elle sait rester efficace même quand ils voyagent pendant leurs morceaux, ce qui ne rend pas justice à des versions raccourcies, en particulier "Madman Or Messiah" qui en sort franchement diminuée à mon avis.

Pour la qualité intrinsèque de la musique c'est un 4/5, c'est certain. En revanche pour l'entreprise que cela représente et l'assemblage de bonus déjà existants c'est le carton jaune. Certes, certes, Rodney Matthews délivre une nouvelle illustration qui invite à l'onirisme, la dernière pour le moment, mais ça on ne le savait pas encore en 2021.