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METAL GOTHIQUE  |  STUDIO

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LACRIMOSA - Echos (2003)
Par DARK BEAGLE le 9 Mai 2018          Consultée 3710 fois

La musique, selon LACRIMOSA, se doit de prendre une dimension dantesque. Les deux albums précédents mariaient des orchestrations raffinées à un Metal Gothique qui ne l’était pas moins. Pas toujours facile d’accès – le chant en allemand y est pour quelque chose – et capable de passages âpres ponctués d’un savoir-faire évident pour cela, le style de LACRIMOSA plaît ou au contraire, révulse l’auditeur. Avec "Echos", Tilo Wolff, le cerveau derrière tout cela, va chercher à aller encore plus loin dans sa démarche, comme semble l’indiquer le navire que l’on retrouve sur la pochette. Il se dirige vers un détroit et tout indique que ce passage peut s’avérer périlleux.

Et pourtant, les premiers moments sont grandioses. La formation met les petits plats dans les grands, l’orchestre met tout le monde d’accord en se permettant de tutoyer le sacré. L’ouverture s’appelle "Kyrie", en toute simplicité. Avec ses connotations liturgiques, ce Kyrie peut sembler présomptueux, avec sa grandeur presque hautaine, qui renvoie aux grandes heures de MOZART, peut-être ses plus désespérées. Tilo Wolff met en avant le Deutsches Filmorchester Babalsberg, quitte à mettre les instruments électriques plus en retrait. De ce fait, "Echos" sonnera forcément moins Metal, chose qui sera confirmée même sur les titres les plus relevés.

Ainsi, pendant presque treize minutes, LACRIMOSA va nous délivrer son "Kyrie" – Kyrie eleison, Seigneur, prends pitié – et après une telle entame, nous sommes déjà en partie lessivés par les émotions qui nous ont assiégé, qui nous ont traversé. Et pourtant nous en demandons encore. "Echos" a cette particularité, comparé aux deux précédents, d’être quelque peu atone. Quand "Fassade" et "Elodia" variaient considérablement les plaisirs, passant de morceaux acérés à des choses plus nuancées, avec des chœurs et des orchestrations à se damner, "Echos" va surtout suivre cette voie-ci. Mais pour le coup, cela va créer un déséquilibre. Tout va toujours pencher d’un côté, cela va tanguer et la barre ne sera jamais vraiment redressée.

Cependant, "Echos" est loin d’être mauvais. Ses accents se font juste plus Rock que Metal, comme en témoigne le single "Durch Nacht Und Flut" et sa mélodie « facile » pour du LACRIMOSA, à contrario d’un "Malina", plus mouvementé, qui repose sur un refrain répétitif mains entraînant, porté par les guitares les plus Heavy de l’album. Quant à la facette purement Gothique de ce disque, elle est représentée par "Apart", seule composition sur laquelle chante Anne Nurmi d’une façon totalement déshumanisée, comme si elle était vidée de toute émotion, ce qui apporte une froideur terrifiante à cette chanson, qui est également la seule à ne pas bénéficier de l’orchestre symphonique.

Le reste se veut plus habité, entre les grandes orchestrations qui dévoilent la sensibilité de Tilo Wolff, souvent à fleur de peau, et les guitares plus Rock (oui, plus Rock) qui s’immiscent dans ce canevas habilement tissé, avec en points d’orgue "Ein Hauch Von Menschlichkeit", touchant et surtout "Die Schreie Sind Verstummt", qui clôture l’album comme "Kyrie" l’a débuté : de façon magistrale. Un Requiem où les parties classiques s’harmonisent parfaitement avec les instruments plus habituels du Metal, avec un travail important fait sur les voix. Un final grandiose donc, pour un album en définitive en demi-teinte.

Dans sa construction, "Echos" n'est pas facile, les morceaux se marient entre eux, sans pour autant se suivre. Nous naviguons à travers des thématiques, où des compositions plus enjouées peuvent suivre des pièces plus dramatiques. Parfois, la noirceur répond à la noirceur, Tilo Wolff a fourni un travail de composition affolant, peut-être un peu buté sur certaines idées, mais qui mérite toutefois d'être mentionné. Ce qui n'empêche pas un résultat mitigé.

Sur le fond, il n’y a pas grand-chose à reprocher à ce disque. Tilo Wolff est allé au bout de son idée, quitte à nous perdre un petit peu. Parce que sur la forme, il manque quand même une variété, des différences dans les rythmes, dans les riffs… On tient avec "Echos" l’album le plus posé de LACRIMOSA et certainement l’un des plus ambitieux également. Mais là où "Elodia" a su se bonifier au gré de ses différences, "Echos" est quant à lui trop ramassé sur lui-même, il ne respire pas autant qu’il le devrait, il n’a pas les soubresauts attendus, et sans parler d’album mort-né, on pourra lui reprocher de ne pas être « vivant », si l’on peut parler ainsi d’un album de Metal Gothique (amour, mort et sentiments. Si on rajoute des zombis, on serait sur du Death Gothique. Mais ne nous éloignons pas du sujet).

"Echos" ne répond donc pas à toutes les attentes. Il possède un certain charme malgré tout. La qualité d’écriture et d’interprétation est là, mais cela n’empêche pas cet opus de manquer d’un petit quelque chose. Ici, on ne va pas parler d’âme, difficile de la trouver absente de ces compositions, on va plutôt évoquer un certain manque d’efficacité et c’est dommage, parce qu’on aurait pu avoir là un véritable chef d’œuvre, une de ces pièces que l’on est heureux d’écouter au moins une fois dans sa vie, qui nous donne une espèce de leçon même si le terme est là aussi mal choisi. Nous devons donc nous contenter de ce disque. Ce bon petit disque, ce qui est déjà pas mal. Mais "Echos" va ouvrir une période où LACRIMOSA se montrera bien moins souverain.

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Par DARK BEAGLE




 
   DARK BEAGLE

 
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- Tilo Wolff (chant, claviers)
- Anne Nurmi (claviers, chant)
- Jp (guitare, basse)
- Katharina Bunners (basse)
- Manne Uhlig (batterie)
- Thomas Nack (batterie)
- Deutsches Filmorchester Babelsberg


1. Kyrie (overture)
2. Durch Nacht Und Flut (suche - Part I)
3. Sacrifice (hingabe - Part I)
4. Apart (bittruf - Part I)
5. Ein Hauch Von Menschlichkeit (suche - Part Ii)
6. Eine Nacht In Ewigkeit (hingabe - Part Ii)
7. Malina (bittruf - Part Ii)
8. Die Schreie Sind Verstummt (requiem Für Drei Gambe



             



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