Même si "Phenomenom" n’était pas parfait, il aura permis à UFO de se placer sur de bons rails. On ne change pas une équipe qui gagne, la formation ne connaît pas de changements de personnel et conserve Leo Lyons, le producteur, bassiste de TEN YEARS AFTER. Pour l’occasion, Lyons va faire venir Chick Churchill de son groupe pour assurer les claviers sur ce "Force It" à la pochette qui joue sur les mots (robinet se traduit par « faucet » et selon la prononciation, l’accent, on arrive rapidement à « force it ») et à l’imagerie érotique (là, y a tellement de tuyaux que ça provoque du craquage de slip au Japon). Elle sera d’ailleurs censurée aux États-Unis.

"Force It" essaye de surfer sur le succès des morceaux "Doctor Doctor" et "Rock Bottom" de l’opus précédent. Michael Schenker a changé sa façon de composer, il travaille directement sur sa guitare électrique, cette Flying V qui donnera ce son particulier aux enregistrements de UFO 1975-1979. L’album se veut plus punchy que "Phenomenom", plus direct. Mais malgré toute la bonne volonté du groupe, les musiciens n’arriveront pas à quelque chose d’aussi hymnique que les grands succès de l’année précédente.

Pourtant UFO ne démérite pas. Il suffit de voir le sort que le groupe va réserver à cet album sur le mythique "Strangers In The Night". Rien que "Let It Roll" et son long solo mérite que l’on se penche sur ce disque. Et que dire de "Shoot Shoot", "Out In The Street" ou encore "Mother Mary", piliers du succès de UFO sur scène dans les années 70, voire encore maintenant. Parce que "Force It" est taillé pour la scène, il est dynamique, la guitare se marie parfaitement à la voix autoritaire de Phil Mogg.

Mais il manque un ou deux titres intemporels sur cette galette qui vieillit assez mal pour atteindre la postérité. "Force It" commence à être salement ridé – moins que "Phenomenom", ceci dit. Deux ou trois titres un peu en-deçà ("Too Much Of Nothing", "Dance Your Life Away"...) vient plomber quelque peu la fin du disque. Il demeure toutefois important dans la carrière des musiciens, il est le disque de la confirmation artistique et commerciale, qui placera UFO parmi les chefs de fil du Hard Rock/Heavy Metal britannique.