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BLUES PILLS - Holy Moly! (2020)
Par DARK BEAGLE le 24 Octobre 2020          Consultée 3491 fois

Il était difficile de savoir comment BLUES PILLS allait se remettre du départ de Dorian Sorriaux. Quand on écoute ce que le guitariste a produit en solo, une autre interrogation est soulevée : comment ses envies Folk auraient pu, au final, s’intégrer à la musique du groupe, qui aurait dû laisser tomber la distorsion pour devenir plus éthéré, plus fantomatique. Nul doute, au final, que son absence est un nouveau tremplin pour la bande à Erin Larsson, qui se devait de rebondir pour tout simplement survivre. Et finalement, c’est Zack Anderson qui reprend la guitare, laissant la basse à Kristoffer Schander, un illustre inconnu. Toutefois, ce dernier n’apparaît que dans les clips pour l’instant, Zack s’étant occupé de mettre en boîte toutes les guitares. Ensuite, afin de ne pas être parasité dans la créativité, le groupe décide d’enregistrer dans ses propres studios, en auto-production.

Le temps a donc passé et deux ans s’écoulent entre le départ de Dorian (en 2018) et la sortie de ce "Holy Moly!" qui se voyait repoussé à chaque fois un peu plus. Le single "Proud Woman" aura déblayé le terrain, avec son riff efficace. Si l’on peut pointer du doigt un discours peut-être trop simpliste, il est tout de même de bon ton de noter que pour la chanteuse, ce texte est important, et elle le scande avec force et conviction. Musicalement, nous nous rendons rapidement compte que le groupe est revenu à une formule plus basique, loin de la sophistication d’un "Lady In Gold". Et cela n’est pas pour déplaire : l’inspiration Soul du précédent opus ne manquait pas de charme, mais BLUES PILLS se devait encore de nous convaincre pleinement sur un terrain plus Rock.

Et comme pour montrer que leur nouveau bébé est plus sombre, les Suédois changent de style graphique. Les illustrations psychédéliques et sexuées de Marijke Koger-Dunham laissent place à quelque chose de plus dark, de moins engageant. La peinture de Daria Hlazatova – qui n’est pas sa plus réussie ; quand elle utilise des couleurs le résultat est tout simplement magique – dégage quelque chose à la fois inquiétant et mélancolique et à l’écoute de l’album, nous verrons que c’est au final ce deuxième point qui prédomine, au travers des ballades majestueuses et juste qui, sans en faire trop, s'insèrent dans l'ensemble foncièrement plus rentre-dedans.

Sans revenir totalement au style du premier essai, le propos se veut toutefois plus nerveux et agressif que pour "Lady In Gold". Ce dernier montrait une formation qui laissait pleinement parler ses influences, qui puisait son inspiration aussi bien dans le Rock que dans la Soul, pour un rendu très satisfaisant, BLUES PILLS montrant qu’ils pouvaient exploiter la voix d’Erin avec pas mal de réussite. Ici, à l’image du premier single, l’accent est mis sur la guitare, qui retrouve tout son mordant. Avec une batterie explosive, plusieurs brûlots se dessinent, comme "Low Road" ou encore le terrible "Rhythm In The Blood", trépidants et jouissifs.

"Holy Moly!" se place dans cette tradition des albums du début des années 70, fin des ’60, mêlant racines Blues, Soul, Rock, pour donner une mixture abrasive et mélodique, ponctué donc par quelques ballades plutôt réussies ("Song From A Mourning Dove" est classique mais touchantes, tandis que "Longest Lasting Friend" clôt le tout de façon très douce). Encore une fois, la voix d’Erin semble mener les débats, entre des intonations proches de celles de Janis Joplin ou cherchant encore plus loin, avec une approche à la Aretha Franklin ("California"), tout en s’imposant sur les titres les plus relevés. Après, il ne faut pas penser que le groupe cache ses faiblesses derrière elle, parce que ça joue franchement bien.

Zack Anderson a parfaitement pris ses responsabilités à la guitare et il lâche des riffs énergiques, parfois assez rapides (ce qui force André Kvarnström à accélérer le tempo comme rarement il a eu à le faire jusque là), cherchant toujours la petite mélodie qui va rester en tête et de ce côté, il fait le job. Ilo est juste dommage que ses soli sont moins d’épaisseur de ce que pouvait proposer Dorian Sorriaux, son feeling faisant ici défaut. Néanmoins, la formule compacte de la plupart des morceaux – seuls trois dépassent les quatre minutes – fait que cela passe au final plutôt bien, le groupe misant plus sur l’efficacité que sur le remplissage.

Aussi, ce BLUES PILLS nouvelle formule a de la gueule. Ce n’est peut-être pas l’album ultime que la formation produira, mais elle parvient à aller de l’avant sans pour autant se renier. Nous retrouvons donc des éléments propres aux deux précédents opus (selon le Larousse, ce terme peut être utilisé pour définir un disque moderne et pas que pour un compositeur classique), ainsi qu’une nouvelle façon d’approcher la musique, toujours aussi vintage dans l’esprit, dans un esprit vraiment roots qui fait plaisir à entendre. Et cela n’empêche en aucun cas les BLUES PILLS à voir un peu plus loin que le bout de leur nez.

En effet, un travail a été fait sur les chœurs, qui se veulent pertinents et jamais trop envahissants. L’idée n’est pas de faire quelque chose qui s’apparenterait à du Gospel comme sait si bien le faire RIVAL SONS, mais d’apporter une profondeur à certains morceaux, en les dopant légèrement, afin de les améliorer en toute discrétion. Et, afin de nourrir l’aspect émotionnel de la chanson "Song From A Mourning Dove", le groupe utilise le piano ainsi qu’un petit ensemble à cordes pour un résultat vraiment touchant. Bien que ce "Holy Moly!" sonne de façon très immédiate, difficile de ne pas se dire qu’il a été réfléchi, vu les petits détails qui surgissent à mesure que passent les écoutes, ce qui ne fait qu’augmenter sa durée de vie.

Plutôt que de se risquer à sortir un "Lady In Gold" Part II qui aurait pu marquer un coup d’arrêt définitif à la formation (pas certains que les fans ne se lassent pas d’une formule trop Soul, trop loin de l’aspect Hard/Doomy des débuts), BLUES PILLS revient à une formule plus basique, mais qui lui sied bien, transpirant le Rock’N’Roll à défaut de s’épancher au travers des lourdeurs Sabbathiennes. À la fois frondeur et raffiné, "Holy Moly!" s’avère plutôt réussi et place plus que jamais les Suédois dans une position de leader d’une scène Rock vintage à chanteuse et il est bien difficile de savoir qui serait pour le moment capable de les détrôner dans le genre.

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- Erin Larsson (chant)
- Zack Anderson (guitare, basse)
- André Kvarnström (batterie)
- Kristoffer Schander (basse - ne joue pas sur l'album)


1. Proud Woman
2. Low Road
3. Dreaming My Life Away
4. California
5. Rhythm In The Blood
6. Dust
7. Kiss My Past Goodbye
8. Wish I'd Known
9. Bye Bye Birdy
10. Song From A Mourning Dove
11. Longest Lasting Friend



             



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