On ne compte plus les années depuis la parution de "Witching Metal" (1982), première démo de l'un des pionniers du Thrash made-in-Germany. SODOM est passé par l'excellent, le bon et le moins bon au cours de ses vingt-trois ans de carrière. Après quelques années de silence, nos trois compères reviennent à la charge en ce printemps 2006 avec cet album éponyme (synonyme de nouveau départ ?) au packaging d’apparence désespérément sobre qui a, il faut bien le dire, laissé perplexes bien des thrashers, habitués à plus de mauvais-gout. Les années auraient-elles eu raison de la pugnacité de la bande à l'Oncle Tom ?

Le suspens ne durera guère plus qu’une poignée de secondes, les Allemands ayant tôt fait de nous réconforter en nous susurrant leurs cochoncetés dans les esgourdes. Car j'aime autant vous dire que se prendre un "Blood On Your Lips" en pleine tronche, ça fait tout chose ! Dès l'arrivée des guitares, les dernières conjonctures sont bien vite balayées. Le doute n'est plus permis : oui, SODOM, LE SODOM, est bel et bien de retour, le braquemart fier et vigoureux. Fidèle à lui-même et d’une efficacité redoutable, son Thrash-metal vicieux et pernicieux, aura vite fait de vous pénétrer (évidemment). Le début de l'album fait l'effet d'une bombe atomique et sous un déluge de guitares saturées et bien grasses, ce disque se veut une véritable apologie de la biffle : "Blood On Your Lips", "City Of God" ou "Buried In The Justice Ground", pour n’en citer que quelques unes, sont à tomber.

Tout s'enchaîne à merveille, les rythmiques sont en béton armé et les parties mélodiques très travaillées. Le groupe nous offre ici un album extrêmement bien huilé, où tout s’articule le plus naturellement possible : les breaks tombent à point nommé, les refrains font mouche ("Bibles And Guns", "Nothing To Regret"), les soli sont inspirés (ceux de "City Of God" et "No Captures" notamment) et la voix d'Angelripper, délicieusement écorchée, fait des ravages. Un peu en marge, le groupe nous propose aussi quelques morceaux estampillés ‘old-school’ ("Lords Of Depravity', "Wanted Dead") mais qui, sans être mauvais, demeurent tout de même moins surprenants, puisque de facture somme toute assez classique.

Malgré ce regain de mélodie, le fond n'a finalement pas tant changé que cela, c’est la forme qui, véritablement, a subit un énorme lifting. La production est hallucinante, nulle pitié, SODOM a fait de la puissance son cheval de bataille ! Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont réussi leur coup, les p’tits vieux ! Car sous des dehors débonnaires, le trio nous délivre, l'air de rien, une véritable leçon de Thrash-metal et l'un des meilleurs disques du genre de cette première moitié des années 2000 (même si du côté de chez KREATOR, là aussi, on s’asticote le manche avec ferveur). Alors que demander de plus ?

De la vaseline, pardi. Car si le groupe poursuit sur sa lancée, les prochaines productions risquent de sévèrement déboiter !