Si votre connaissance de la capitale de la Thaïlande se résume à la maîtrise de la filmographie de JCVD, alors permettez-moi de vous offrir la possibilité de mettre en avant ce que doit être pour vous désormais la ville de Bangkok : le résultat d’une captation mémorable d’un concert de SODOM.
Troisième exercice de la discographie des Allemands dans le genre, "One Night In Bangkok" (sorti sur le label Steamhammer Records) est un véritable festin pantagruélique, qui, je dois l’avouer, est clairement desservi par la pochette (œuvre de Tom, seule faute de goût ici, je vous rassure !).
Voyez donc : sur le plan "quantitatif", c’est un double CD (48 et 49 minutes) pour 24 titres !!! Oui, messieurs, dames, on ne se moque pas du client ici…
Enregistré en 2002 durant la saison des pluies (son raw annoncé) dans la région du globe qui est la source d’inspiration majeure du combo depuis toujours, cette nouvelle offrande a le mérité de poser un cadre clair que tout fan qui se respect comprendra : SODOM boucle la boucle sur sa thématique "guerres".

Sur le plan "qualitatif", c’est tout bonnement bluffant : la setlist est d’un tel niveau que c’est bien simple, je ne sais pas par où commencer ! Le line-up mythique est donc au sommet de sa gloire, auréolé par la sortie du génial "M-16" (2001) et a décidé de prendre (quasi) tous les titres que j’adore et de les jouer live ! Même sur les moins inspirés de leurs galettes, SODOM fait les bons choix : "Der Wachturm" (tiré du faiblard "Tapping The Vein") est enchaîné avec la merveille "Remember The Fallen" (un des tous meilleurs moments de l’album) mais surtout trouve la parfaite alchimie entre les brûlots ultimes du passé et la modernité récente de son Thrash SLAYERien.

Et la magie opère : là où je redoutais en toute franchise la difficile cohabitation du Thrash Punk avec les joyaux récents, SODOM disperse les doutes et atomise littéralement les sceptiques en équilibrant subtilement l’ensemble. La férocité d’un "Masquerade In Blood", "Blasphemer" ou d’un "Sodomized" alterné avec un "Remember The Fallen" par exemple, hymne dédié à la scène, durant lequel Tom harangue la foule ("I can’t hear you!"), valorisent le dernier effort en date du groupe : l’ouverture tonitruante avec "Among The Weirdcong" puis "The Vice Of Killing" (tiré de "Code Red") permet de mettre en évidence toute l’homogénéité des créations récentes des natifs de la Ruhr, avec également un "I Am The War". "M-16" permet de mesurer toute la qualité Tom derrière son pied de micro : sa voix rageuse n’est jamais prise à défaut et semble être celle d’un général face à ses troupes dans "Full Metal Jacket". Et c’est tout naturellement que déboule le monstrueux "Agent Orange" (mémorable) avant "Outbreak Of Evil" qui n’a pas pris une ride (1984 !) qui envoie la purée pour un final survitaminé ! Le groupe remercie d’ailleurs l’audience et…

Mais attendez ! Ce n’est que la mi-temps !!!

En effet, je n’ai eu le temps de vous évoquer que le CD 1 !
Vous reprendrez donc tout juste votre souffle avec un "Sodomy & Lust" que mon titre fétiche est de la partie et déboule : "Napalm In The Morning" ! C’est d’ailleurs l’occasion de présenter rapidement le trio avant de réduire la fosse en un champ de ruines ! Le son est fantastique, le riff surpuissant, l’ambiance au rendez-vous : le public est davantage présent ici à ce titre. Le même constat sera possible avec le génial "Tombstone" durant lequel la basse ronflante de Tom ne fait pas de quartier ! Le bougre hurle à merveille sur le refrain, exactement comme je l’espérais. Un véritable exutoire. Comme le sera un peu plus tard "Code Red" !

Un petit peu de Punk ? De Hard'N'Roll ? SODOM n’a peur de rien dans un état comme la Thaïlande et balance le controversé "Fuck The Police", revient sur ses terres originelles de proto Thrash ("Witching Metal"), s’offre un "Die Stumme Hursel" (dans la langue de Goethe donc !) et un génial "Ausgebombt" survitaminé… et n’hésite pas à offrir à la foule en délire un extrait du prochain opus avec un "The Enemy Inside" (*) pas piqué des hannetons ! Certes, j’aurais clairement préféré un "City Of God" ou un "Blood On Your Lips" mais comme j’adore ce titre également, pas questions de bouder son plaisir !
Cerise sur le gâteau, c’est bien évidemment avec un hommage à Lemmy et MOTÖRHEAD que SODOM lance le sprint final avec un fantastique "Ace Of Spades" (certes repris bien trop souvent, mais titre intemporel). La cartouchière semble vide et c’est alors que SODOM achève son œuvre et ses assaillants avec un "Stalinhagel" dont je vous laisse profiter tant il fleure bon une fois encore l’esprit Thrash à boire, Oktoberfest et festivités d’un concert live (il suffit de savourer la foule sur les "Thank You Bangkok" pour savoir que rien ne vaut un Live !).

Objectivement, vous pourriez hurler au scandale : cette note pour un Live que certains voudraient rapprocher aux légendes du genre ? Non, forcément. Mais comment vous le dire aussi simplement que cela : "One Night In Bangkok" est une tuerie du début à la fin. Aucun titre faible ou hors sujet. Du pur SODOM. Un Schottkowski véritable métronome, un Bernemann dont les soli et le potentiel de riff m’impressionnent toujours autant (le groupe mériterait tellement une seconde guitare). Tom Angelripper est particulièrement en voix… Bref, cet objet est un must-have pour les fans du groupe et surtout un formidable moyen de mesurer toute la puissance de feu et la force de frappe des Allemands.

Note réelle : 4,5/5, arrondie au supérieur parce que "m…, qu’est ce qu’assister à la guerre dans le pit une bière à la main" me manque...

(*) Si certains pouvaient nous dire que rien ne pouvait laisser penser ce qui arriverait ensuite avec le fantastique "Sodom"… Ce Live leur donne tort ! Il fallait bien s’y attendre les ami(e)s !