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THRASH METAL  |  STUDIO

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SODOM - In War And Pieces (2010)
Par CANARD WC le 21 Février 2011          Consultée 11139 fois

Parfois, peut-être ressentez-vous ce « poids de la vanité », cette sensation cruelle que rien ne sert à rien et que vous êtes tout simplement en train de passer à côté de votre propre existence. Que ce soit en train de cirer les bancs de la fac avec votre cul, bloqué en pleine réunion jouant avec votre Blackberry pour tuer le temps, les yeux dans le vague entre le rosbif dominical et la tarte aux pommes de belle maman… Cette question volète constamment dans votre esprit :

Qu’est ce que vous foutez là ?

On ne peut pas dire non plus que vous êtes malheureux. Mais il y a toujours ce doute, cette angoissante question du « sens de toussa » avec en toile de fond, le temps qui s’égraine, ces belles années qui se tarissent et votre destinée de Monsieur Toutlemonde dont vous n’avez pas rêvé.

Alors quoi faire ? Abandonner ? Lutter ? Faire comme si de rien n’était ?

SODOM a fait le choix de persévérer. Tel un cochon truffier, le groupe a collé son nez dans la boue, cherchant dans les profondeurs un sens au Thrash, espérant se trouver dans le boucan, espérant surtout exister au bout du tunnel malgré les déceptions, les désillusions. SODOM continue son petit bonhomme de chemin, égraine les albums depuis des décennies et ne s’est jamais découragé dans sa recherche du riff qui fait mal, dans cette quête du couplet qui arrache. Sans prétention, avec du cœur, des tripes, du lard et du cochon.

SODOM ne sera jamais MEGADETH, ni même KREATOR. Même pas OVERKILL. Les cartes ont été distribuées depuis longtemps et SODOM n’a pas eu la meilleure des donnes : un style rugueux, des débuts trop crasseux, ce timbre allemand qui rend l’anglais si totalitaire, peut être quelques errances discographiques (1) et au final si peu de succès. Le groupe vit de sa musique certes, mais guère plus. Considéré mais pas acclamé, des fans bien entendu mais pas suffisamment pour remplir un « petit » Élysée Montmartre (ou alors en première partie d’un plus gros poisson). Face à ce relatif succès, cette destinée en demi-teinte, SODOM n’a pourtant jamais baissé les bras et peut se targuer d’une discographie régulière, cohérente et courageuse. Même si ça change pas grand-chose à l’affaire (voyez en 2006 avec leur album éponyme merveilleux).

Donc les dés sont pipés. L’histoire du Thrash a déjà été écrite depuis longtemps. Reste bien quelques gribouillis à faire, mais pour quelle motivation ? À quoi bon ? On s’en fout, non ? Qu’est ce que vous foutez là déjà ?

C’est là toute la force de SODOM. Cette abnégation dans le labeur leur a permis de dépasser la vacuité de l’exercice pour trouver un sens dans le travail, dans le premier degré d’un art où les vertus libératrices ne résident que dans les hurlements et le tabassage en règle (2). En revenir donc au sens même du Thrash et sa motivation inhérente : secouer les puces. Et c’est tout mais c’est déjà pas mal.

"In War And Pieces" est ce manifeste du « coûte que coûte », un album courageux, qui sent la bonne sueur, celle du travail honnête. Chaque titre de l’album (tous d’un très bon niveau même si on déplorera l’absence de génie) témoigne d’une certaine « recherche » (si tant est qu’on puise utiliser ce mot en matière de Thrash) : un riff qui cloue, un couplet qui arrache, un petit arrangement bienvenu, un tempo dévastateur… Peu importe. SODOM a cherché à peaufiner avec ses moyens, à compenser son manque de talent par ce boulot honnête de l’artisan consciencieux.

Alors l’album fonctionne. Il fait son travail de sape et donnera immanquablement envie à tout thrasheur lambda d’headbanguer de façon instinctive. Rapidement, les maximes vénéneuses se gravent dans votre crâne. On en avait oublié ce plaisir brut que seul le Thrash peut procurer à vociférer des phrases guerrières les yeux injectés de sang : "In War And Pieces", "God Bless You" ou encore ce "Storm Raging Up" d’une redoutable efficacité. Que dire encore de ce "Nothing Counts More" au refrain presque accrocheur (un sommet de l’album) ou ce "Styptic Parasite" en conclusion, qui « Rock » autant qu’il « Thrash », un rien « MOTÖRHEADien » (au tempo moins enlevé et la double-pédale qui vient soutenir Angelripper dans le refrain rhaaa).

Même si l’album évolue un bon cran en-dessous du précédent, cet aspect accrocheur fait de "In War And Pieces" un album presque facile. Dans tous les cas, une petite réussite. Évidemment, en décortiquant la chose, en prenant de la hauteur, on pourra trouver des choses à redire. Certains fronceront le nez sur le très primaire "Knarrenheinz" (un ton en-dessous, il faut l’avouer). D’autres diront que tout cela manque d’un peu de grâce – même pour du Thrash - que cette production colossale masque les défauts du groupe, que derrière ce « mur du son » incroyable il y a la besogne, soit un Thrash plus prolétaire qu’il n’y paraît.

C’est pas faux.

Mais rien que pour Angelripper et cette fureur intacte, ce timbre qui transforme chaque ligne de chant en véritable champs de bataille, parce que SODOM n’a pas démérité, a fait l’effort de proposer encore une fois du Thrash costaud, sans fard et dans le respect mutuel. Rien que pour avoir pris la peine de mettre du riff à tous les étages, d’avoir cherché des refrains. Pour cette persévérance qu’il convient de saluer et qui permet au groupe de dépasser la vacuité de l’exercice, pour cette motivation intacte après plus de vingt-cinq ans de carrière. Bref pour tout cela, SODOM mérite le coup de projo. Et la considération de tous les Thrasheurs.

Note : 4/5 (mérité).

Morceau préféré du Canard : "Nothing Counts More Than Blood".
Ça tue : "In War And Pieces", "God Bless You", "Storm Raging Up".
La bonne "surprise" : "Styptic Parasite".
C’est moins bon : "Knarrenheinz".


(1) Je pense aux orientations « death-euses » de "Tapping The Vein" ou cette envie de Punk sur "Get What You Deserve".
(2) « Il n’y pas pareil soulagement que de pouvoir hurler à plein poumons pendant deux heures » - Tom Araya.

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   (3 chroniques)



- Tom Angelripper (chant, basse)
- Bernemann (guitare)
- Bobby Schottkowski (batterie)


1. In War And Pieces
2. Hellfire
3. Through Toxic Veins
4. Nothing Counts More Than Blood
5. Storm Raging Up
6. Feigned Death Throes
7. Soul Contraband
8. God Bless You
9. The Art Of Killing Poetry
10. Knarrenheinz
11. Styptic Parasite



             



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