La discographie d’AC/DC, du moins celle des débuts, est un véritable bordel. Entre versions australiennes, albums qui n’existent que chez les kangourous, pochettes différentes, pressage américain qui parait cinq ans après les faits… "Dirty Deeds Done Dirt Cheap" cristallise tout cela à lui tout seul et donne envie de s’arracher les cheveux. Hé ! Pourquoi Phil Lageat est-il chauve, selon vous ?

En Europe et aux Etats-Unis, nous avons droit à cette pochette étrange signée Hipgnosis qui semble complètement à côté de la plaque. Elle l’est, soyons francs et surtout, elle ne caractérise pas du tout le contenu. Ici, on pourrait croire qu’AC/DC pratique une musique proche de UFO, ce qui n’est évidemment pas le cas. Mais il faut dire que la jaquette originale posait un petit problème à l’heure de la conquête de l’Angleterre, ce petit signe des doigts d’Angus qui se veut plutôt insultant pour les Britons (1).

Ensuite, Atlantic, qui gère la carrière d’Assedess hors de l’Australie va également virer deux titres ("R.I.P." et "Jailbreak") pour les remplacer par "Rocker" (déjà présent sur la version australienne de "T.N.T." et "Love At First Feel". Il ne se montrera pas über fan du produit fini initial et le retravaillera en raccourcissant pas mal de morceaux de quelques secondes et en réorganisant l'ordre des titres. Forcément, ça va casser la dynamique, la logique du disque et surtout, cela va le défigurer, le lisser pour plaire au plus grand nombre.

Et pourtant, avec des paroles qui évoquent les gamins à problèmes (enfin, sur la chanson titre, on est plus proche de Fonzie, Bon Scott se mettant dans la peau d’un gars qui va faire quelques coups pendables ou consoler la pauvrette pour trois fois rien), le Rock’N’Roll et évoluant avec un humour volontiers sous la ceinture ("Big Balls"), il n’y aurait pas eu besoin de changer quoi que ce soit, à l’exception de "Ain’t No Fun" qui se traîne lamentablement, l’un des pires morceaux du groupe toutes périodes confondues.

Alors, il nous reste le title track, "Ride On" et son Blues tristounet, "Problem Child", et en fait, le reste de l’album (on éjectera toutefois les deux morpions qui se sont incrustés, ça prolifère vite ces saloperies). AC/DC commence réellement à sortir de sa coquille ici et laisse entrevoir un potentiel dont on a du mal à comprendre toute l’étendue. La reconnaissance mondiale n’est cependant pas pour tout de suite, il va encore falloir attendre un petit moment.

Note réelle : 3,5/5

(1) Ceci étant une interprétation somme toute personnelle, mais à chercher une explication logique à cela, miser sur un détail totalement anodin n’est pas plus déconnant qu’autre chose.