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AC/DC - For Those About To Rock (1981)
Par DARK SCHNEIDER le 21 Juin 2014          Consultée 16597 fois

Ave Caesar, morituri te salutant !

C'est en s'inspirant d'une traduction anglaise de cette célèbre locution latine qu'Angus Young eu l'idée du titre du successeur de l'immense "Back In Black". Un bel hommage aux fans. On peut dire que ce 8ème album d'AC/DC semblait très prometteur sur le papier : un titre qui en jette, une pochette détonante affichant fièrement un canon napoléonien (dont la ressemblance avec une bite n'est absolument pas fortuite)... Une fois de plus on sent un groupe qui n'est pas prêt de s'assagir, mieux, qui affiche ici de véritables prétentions de blockbuster musical. "For Those About To Rock" est incontestablement un album qui se veut too much, hyper généreux, conquérant. Un nouveau Magnum Opus pour les boys ? Malheureusement ce ne fut qu’un pétard mouillé…

Dur de succéder à deux chefs-d’œuvre ultimes, c'était mission impossible dès le départ. Sans donc forcément atteindre les sommets précédents, on aurait pu espérer au moins un très bon disque. Ce ne fut clairement pas le cas. "For Those" fut très froidement accueilli par les critiques, et ce plutôt à juste titre. Néanmoins, de là à parler de pire album du groupe, le fossé à franchir paraît bien large. Rien que son énorme title track, ne peut qu’invalider toutes assertions allant dans ce sens. Néanmoins, cet album n’en reste pas moins un loupé, comment expliquer cela ?

Une des explications est tout simplement à chercher du côté du son, et donc de la production et du travail de Mutt Lange. Ce dernier avait rendu une copie parfaite sur "Highway To Hell" et "Back In Black", tout portait donc à croire qu’il en serait de même ici. Et dans l’absolu, le son de ce 8ème album est effectivement énorme : puissant, très léché, prenant des atours que l’on pourrait qualifier de commerciaux, une batterie surgonflée, de quoi nous plaignons-nous ? Bah que ce son est beaucoup trop éloigné des racines du groupe, et qu'il n’est finalement pas si agréable que ça. Batterie trop présente, voix de Brian "Jonna" Johnson légèrement en retrait, guitare rythmique trop policée lui faisant perdre de sa force d’impact… Manifestement, AC/DC s’est fourvoyé dans sa quête du son ultime. Malcolm Young en prendra d’ailleurs parfaitement conscience avec le recul, estimant que lors de cet enregistrement le groupe passa plus de temps à peaufiner le son qu’à réellement travailler les nouvelles compositions. On comprend donc pourquoi ce fut la dernière collaboration entre le groupe et Mutt Lange.

Cela dit, on n’en est pas encore arrivé au stade où une prod’ inappropriée nous gâche totalement l’écoute d’un album (ça, ce sera pour plus tard). Il y a de bonnes choses sur ce disque, suffisamment pour le qualifier de "bon", à défaut de "très bon". Son title track évidemment, devenu un hymne transcendantal du Hard Rock. Une intro atypique pour les Britannico-australiens, une montée en puissance parfaitement orchestrée, et un final grandiose magnifié par ses 21 coups de canons tonitruants. Une ouverture dantesque, qui trouvera finalement sa place en tant que titre de clôture de la majorité des concerts du groupe.
Aucun autre titre de l’album n’arrive à son niveau, ce qui crée d’emblée un déséquilibre un peu gênant. Et notamment les deux morceaux qui lui succèdent, dont "Let’s Get It Up" qui fut en réalité le premier single issu de l’album. On sent une volonté du groupe de viser un public encore plus large, avec ce petit côté stadium et surtout un aspect plus mélodique dans la musique. Sauf que c’est franchement insignifiant quand un an avant tout le monde se trémoussait sur "You Shook Me All Night Long".

Paradoxalement, si l’on a souvent taxé le groupe d’immobilisme musical, c’est bien sûr cet album décrié qu’il a tenté des choses nouvelles. Outre l’aspect mélodique plus présent qu’à l’accoutumée, citons "Breaking The Rules" qui se voit agrémenter de passages Reggae qui demeurent toujours une curiosité à ce jour. Dommage que le refrain de ce titre gâche tout, et que lui succède un "Night Of The Long Knives" complètement raté pour le coup. Comment le groupe a-t-il pu pondre des lignes de chants aussi mauvaises ? Mystère.
Mais arrêtons avec les choses négatives.

Cet album contient d’autres morceaux qui ne méritent aucunement l’indifférence. "Spellbound" surtout, un titre lent, a l’aura diabolique, une véritable injustice qu'il soit si mésestimé. Idem pour "Evil Walks", plus entraînant, qui est d’excellente facture. Ce ne sont certes que des rejetons de "Night Prowler" et "Hells Bells", mais ils tiennent très bien la route. Le plus speed "Snowballed" et l’insidieux "Inject The Venom" nous font également passer de bons moments. Et puis qui pourrait résister au refrain de "C.O.D" ? Voilà un morceau qui devait le faire grave en live. Enfin, si Brian Johnson a fait un peu n'importe quoi sur "Night Of The Long Knives", il est irréprochable sur "Evil Walks", "C.O.D" et "Spellbound".

"For Those About To Rock" est un album imparfait, c’est incontestable. Mais quand même, le contexte explique beaucoup de choses : un groupe qui sort un chef d’œuvre en 1979, qui subit la perte dramatique de son chanteur charismatique, qui rebondit en très peu de temps pour pondre un nouveau chef d’œuvre, qui récolte la gloire et des millions de dollars… Il y a de quoi en perdre la tête non ? Peut-on vraiment en vouloir à ces gars d’avoir privilégié la forme au fond, et d’avoir accouché d’un disque très déséquilibré ? Non. Mais le vrai problème est que ce disque inaugure incontestablement une période d’instabilité pour le groupe, les années 80 vont être laborieuses.

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- Brian Johnson (chant)
- Angus Young (guitare)
- Malcom Young (guitare)
- Cliff Williams (basse)
- Phil Rudd (batterie)


1. For Those About To Rock (we Salute You)
2. Put The Finger On You
3. Let's Get It Up
4. Inject The Venom
5. Snowballed
6. Evil Walks
7. C.o.d.
8. Breaking The Rules
9. Night Of The Long Knives
10. Spellbound



             



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