No Fashion Records est à la fête pour cette deuxième salve, et NOCTES ne fera pas ombrage aux belles intuitions que le label suédois a su développer en ce temps-là. "Pandemonic Requiem" est assez unique. D’une part il est le premier album rageux et inégalé de ce groupe mélodique à souhait et plutôt éphémère (seul un autre album suivra mais ne marquera pas vraiment son temps ni votre chroniqueur en herbe), mais surtout "Pandemonic Requiem" est créatif et, malgré quelques lacunes, ravit notre écoute. Entre nappes de claviers discrètes et prometteuses de rêverie, et riffs gorgés de mélodicité, NOCTES a réussi son pari avec brio.

Avant qu’il ne se fasse tout à fait connaître et devienne un maître du son finlandais dans toute sa résonnance haineuse et viscérale, Lauri Penttilä aka Werwolf (boss et fondateur du label de feu Werewolf Records dont je vous laisse mirer le catalogue exceptionnel, mais aussi multi-instrumentiste aux multiples projets…) avait participé à cette émanation luciférienne en tant que chanteur. Et quel projet nom de nom ! Exceptionnel selon moi et les superlatifs me manqueraient pour le décrire complètement. Rares sont les EP à atteindre une telle perfection mélodique, atmosphérique parmi une bruine nocturne et éternellement lugubre. Tous les ingrédients sont réunis pour nous faire vivre toute la mystique nocturne d’un Black Metal à la fois brut et invariablement envoutant en moins de vingt minutes de rien à jeter. L’essence même de la Finlande en somme. Chef d’œuvre.

Maints fois cité mais aussi maints fois oublié, SORHIN est injustement sorti des radars de la postérité pourtant les Suédois avaient tout pour s’y loger rapidement. L’album est exceptionnel a bien des égards. Racé, puissamment authentique et approprié pour résister aux tempêtes hivernales, "I Det Glimrande Morkrets Djup" est un brûlot sinistre et brumeux/ mystérieux comme l’est sa très belle pochette. Il est probable que l’album ait été un poil réhabilité mais bien trop peu à mon goût.

Forcément avec de tels accoutrements vampiriques dignes d’un bal costumé qui tourne au roussi, ABYSSOS est passé à côté de son public. Car celui dont il est digne est davantage celui qui honore l’œuvre des DISSECTION, SACRAMENTUM et consorts, et pas vraiment ceux des campagnes anglaises d’un CRADLE OF FILTH ou d’un HECATE ENTHRONED. C’est ainsi, mais "Fhinsthanian Nightbreed" est un album de Black Metal certes mais fortement imprégné de Heavy permettant une belle échappée de cette atmosphère vampirique vers les terres suédoises où la mélodie est reine.

Un peu en avance sur leur temps, les Norvégiens de DEMONIC décidaient d’agréger un Black Metal assez Raw dans son essence première avec quelques nappes de claviers éparses et bien ténébreuses. Un peu de nouveau sous le soleil de Satan et du matériel bien neuf pour embrumer quelques bosquets isolés, et blaster à la ALLEGIANCE/ MARDUK le temps de quelques minutes hargneuses la canopée hivernale et décharnée. DEMONIC aura produit quatre très beaux titres d’un EP à la pochette évocatrice et malheureusement bien trop vite tombé dans l’oubli.

Des forces en puissance et un feu sacré vissé aux cartouchières, THRONE OF AHAZ produit son deuxième et dernier album aux pâles lueurs de l’automne 1996. Mélodique à souhait et une signature typique et authentique des groupes fétiches du label No Fashion Records, THRONE OF AHAZ aurait bien pu marquer son temps s’il n’avait pas splitté trop tôt et connu quelques mésaventures regrettables. Tout n’est point parfait mais quel album l’est totalement (sans doute bien moins que l’on pense) ? Malgré tout, des titres vont vous décoiffer au premier rang duquel trône celui éponyme, féroce et acharné.

En maniant le Black Metal avec un Death Mélodique survitaminé, les Suédois de ALGAION nous accaparent l’esprit pour nous injecter presque vingt minutes de folie furieuse ultra goûtue. Tägtgren est derrière les fûts et cela se ressent. L’album n’est pas tout à fait calibré au son typique du fameux Abyss Studios mais la patte de Tägtgren se ressent. Quoiqu’il en soit, ALGAION produit ses plus beaux titres, véloces et fulmineux à souhait. Un EP qui a du chien et qui en a !