Messieurs, mesdames, sortez vos livres de prières.
Commencer par BATHORY, ce n’est pas un droit, c’est un devoir. C’est un recueillement des plus nécessaires. Regarder vers le pays du Nord quelque mois avant le Ragnarok, c’est s’assurer le soutien de tout le Valhalla. Surtout, le soutien d’un des plus grands génies de la musique extrême, qui, malgré de nombreux creux d’inspirations dans sa carrière, nous aura quand même enchantés par sa musique souvent approximative, parfois un peu faiblarde, mais d’une inébranlable authenticité.
"Nordland I" est simplement un signe de ralliement, une sorte de brouillard de guerre on ne peut plus bénéfique, un album fabuleux qui vous donne le cœur et les tripes avant la bataille. Après des titres comme "Nordland", "Ring of Gold" ou "Forever Dark Woods", on se dit simplement que cette vie méritait bien d’être vécue. Avec un petit regard sur l’horizon, la main sur le cœur, et le blason qui transcende les ténèbres, c’est un peu une ode aux trois longs hivers qui précèdent le terrible évènement.

Le Ragnarok viendra un jour d’hiver comme un autre. Ou peut-être pas comme les autres. Un ciel d’aurores boréales, des étoiles qui scintillent à la lueur des forêts, des ours polaires qui jouent aux échecs avec des Saami, et derrière, des vikings bâtissant les dernières murailles contre les hordes des Dieux malfaisants. Mais il y a une couille dans le potage : c’est juste une journée magnifique, au nord de la Finlande. Les chants se font aussi lointains que proches, le vent est une étreinte froide et douce, tout le monde chante avant la fin de Midgard, la dernière bataille aura sans doute quelques teintes magiques.
Comme il faut se mettre dans l’ambiance, "Kivenkantaja" est le mieux paré à toute éventualité. Du courage, de la magie, du grandiose, de l’hivernal. Oui, si vraiment vous n’aviez pas le temps de vous préparer à cette merveilleuse fin du monde que sera 2012, ce seul album augmentera déjà vos chances.

Thyrfing est un guide pour le guerrier qui s’est empêtré dans un marécage, en plein brouillard. On croirait presque qu’il déprime, sous sa barbe de quinze jours, mais croyez-le ou non, il est toujours aussi chevronné et paré au combat. Plus que jamais même. La boue a recouvert son armure clinquante, il n’entend qu’à peine la musique de combats lointains (un peu de violon ici, un peu de pipeau par-là), mais bizarrement, quelques lueurs de joies n’y trancheront pas, il est bien seul avec lui-même, et il sait pertinent que derrière cette brume se cache une mort dont la forme serait, par exemple, un très gros serpent certainement pas végétarien.
"Vansinnesvisor" est l’album qui vous servira de backup contre toute potentialité. Le mémoire du viking perdu, bien que persuadé qu’il réussira à atteindre les portes de la forteresse d’Odin.

Un peu plus de plastique, un gros shoot de folk, un peu plus de fantasmes épiques assouvis par des claviers qui donneront à certains la foi, à d’autres la poisse ! Le voilà, le consortium du métal épique qui ramène dans son écurie RHAPSODY, FINNTROLL et BAL SAGOTH, et surtout, qui rendra cela tout à fait ‘acceptable’ devant des dieux qui, je préfère vous le dire tout de suite, sont plutôt des gros puristes de mes deux. Mais voilà, pour une charge viking de cette ampleur, il vaut mieux pouvoir rallier tous les chevelus (ou presque) à sa cause, TURISAS devrait au moins avoir un prix pour son excellente faculté à recruter ceux qui seront très bientôt démembrés en première ligne.

“Arntor” est une sorte de memo riffistique pour le Valhalla, fredonnez c’est gagné, les valkyries ont pour ordre de laisse entrer quiconque lui sifflera un petit “Svartesmeden Og Lundamyrstrollet” ou un grand “Kampen”. ”Arntor” a le pouvoir du Wagnerisme métallique dans toute sa splendeur, amenuisé par quelques claviers modernes à la limite parfois du kitsch. Mais à priori, Odin n’est pas dérangé par une chtouille de bling bling, il a lui-même, d’après les comics de Marvel, une armure pétante en or (après tout, c’est une représentation qui se vaut parmi d’autres). Tant que c’est bon pour le moral des troupes et que ça nous rendrait une petite nuit d’apocalypse agréable, laissons pisser !

L’hiver est toujours là, et la neige commence à avoir une couleur bien, bien rouge. On ne vous le cachera pas, ce n’est pas les chants religieux (de païens, de vrais païens, ceux qui avaient compris que le seigneur ne les sauveraient pas !) qui y changeront quelque chose. Il faut aussi de la force, il faut aussi du cran, il faut aussi de la brutalité à l’état pur, de l’acharnement de malpropre, il ne faut pas que de l’héroïsme, il faut aussi beaucoup de barbarie.
Mes frères aux nez pétés, aux bras décimés et aux têtes décapitées, je vous dis à bientôt au Valhalla, où se péter les membres sera sans doute bien plus rigolo, et où la fin du monde ne sera qu’une bonne petite blague.

Et nous y voilà, dans ce foutu hall ! Nous l’avons fait mes frères, maintenant, rappelez-vous bien de tous ces hymnes que ces Midgardiens bien peu fameux en leur temps nous avaient concocté. Sur fond de textes Islandais – merci à Snorri sans qui rien n’aurait été possible – de concept tenace et d’une musique aussi maladroite que nos chants à nous, je crois que "Odin Owns Ye All" résume bien notre belle affaire.


Rappelons-nous ces belles phrases chers amis, qui étaient bien utiles sur feu la terre – en feu − :

Cattle Die, all men are mortal
But word fame never dies
Nor a noble name
Kinsmen die
All men are mortal
But one thing never dies
The glory of a great dead !