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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1974 Rush
1975 Fly By Night
  Caress Of Steel
1976 2112
  All The World's A Stage
1977 A Farewell To Kings
1978 Hemispheres
1980 Permanent Waves
1981 Moving Pictures
  Exit... Stage Left
1982 Signals
1984 Grace Under Pressure
1985 Power Windows
1987 Hold Your Fire
1989 Presto
  A Show Of Hands
1991 Roll The Bones
1993 Counterparts
1996 Test For Echo
2002 Vapor Trails
2004 Feedback
2007 Snakes & Arrows
2012 Headlong Flight
  Clockwork Angels
 

- Style : Dream Theater, Jethro Tull, Crusade, Yes, Day Six, Graphic Light Theory, Speaking To Stones, The Vicious Head Society, Hällas, Odd Logic, Styx, Maschine, Queen, Mind's Eye
- Membre : Rock Aid Armenia, Envy Of None
 

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RUSH - A Farewell To Kings (1977)
Par DARK BEAGLE le 16 Mars 2019          Consultée 3361 fois

En 1977, l’Europe se prenait dans les dents une vague Punk qui allait mettre à mal l’establishment des groupes de Hard Rock Britanniques, souvent considérés comme pompeux et dépassés. Pour Johnny Rotten, il n’a jamais été question de tout balayer d’un revers de bras, vu qu’il appréciait une certaine frange de cette scène, mais les choses avaient un peu dérapé, surtout pour les groupes de Rock Progressif qui ne reflétaient pas la réalité de la société à parler d’Heroic Fantasy ou à se montrer par trop onirique. Aux États-Unis, la situation était différente. Les STOOGES, IGGY POP, le MC5 ou les RAMONES proposaient déjà de la musique somme toute radicale, mais cela cohabitait très bien avec les groupes de Hard Rock et les quelques de Prog vu que les sujets abordés étaient souvent plus terre à terre avec une musique plus radicale. KANSAS était en pleine gloire, STYX allait la connaître et RUSH… RUSH allait exploser littéralement.

Avec "2112", les Canadiens étaient allés à contre-courant des désirs de la maison de disques, qui souhaitait voir RUSH embrasser une voie plus commerciale, afin de doper des ventes jusque alors faibles. Seulement les musiciens n’en ont fait qu’à leur tête et ont poursuivi le chemin tracé avec "Fly By Night". Ce qui n’était alors que des rudiments d’un Hard Progressif allait prendre une toute autre dimension avec les vingt minutes du morceau-titre et ils ont alors trouvé leur public. Le groupe allait entrer dans une phase créatrice. Pour tempérer un peu, ils sortent leur premier album live dans la foulée, "Exit Stage Left", histoire de bien continuer à faire parler d’eux. Puis en 1977, année terrible en Europe, ils enchaînent avec "A Farewell To Kings".

La pochette tranche avec celle de "2112". Vaguement, elle ferait songer à celle du "IV" de LED ZEPPELIN, mais elle n’est pas conçue de la même façon. Ici, point de vieux, si cher à Perceval, mais le regard glisse vers le coin droit bas, où l’on trouve un pantin désarticulé, avec des fils partants de ses mains et ses pieds, prêt à être manipulé. Et à même le sol, une couronne. Elle semble anodine, mais elle a quelque chose d’un petit peu lugubre. D’ailleurs, le verso reprend bien les fils du marionnettiste. En revanche, le groupe ne va pas reproduire ce qui a été fait sur "2112", il va encore complexifier le propos, chercher à aller plus loin, pour s’affranchir définitivement des réminiscences du passé et évoluer dans un chemin qu’il trace lui-même, en développant son propre son, sa propre personnalité.

Mais encore une fois, nous nous retrouvons face à un album découpé en six pièces. Mais cette fois-ci, il n’y aura rien d’aussi long que le titre-fleuve de l’opus précédent, ce qui va permettre au groupe de se concentrer au mieux sur ses deux pièces longues, "Xanadu" et "Cygnus X-1", les deux seules à dépasser les dix minutes. Et cette fois-ci, on obtient un disque plus digeste, les musiciens ayant eu l’intelligence de placer un de ces morceaux sur chaque face, ce qui permet de créer un équilibre. Mais ne brûlons pas les étapes et penchons-nous un peu sur les compositions les plus courtes, qui, brisons le suspens tout de suite, sont mieux construites que celles qui figuraient sur l’album précédent. À l’exception peut-être de "Closer To The Heart", single logique mais bien inoffensif, qui n’apporte pas grand-chose à l’ensemble.

Le title-track et "Cinderella Man" font deux très bonnes ouvertures. Une par face, en somme et c’est comme cela qu’il faut les prendre, pour que la seconde gagne en expressivité. Ainsi, "A Farewell To Kings" met d’accord d’entrée de jeu, avec sa guitare acoustique qui dégage une ambiance quasi médiévale avant qu’Alex Lifeson ne prenne l’électrique, jouant d’abord de façon lente avant d’accélérer à mesure que la rythmique (et quelle section rythmique !) ne s’emballe. La mélodie est complexe et le chant de Geddy Lee va être d’abord assez dérangeant, à être tranché de la sorte, mais on s’y habitue très vite. Certes, sa voix continue à être aiguë au point où elle en devient agressive, mais il commence à la modeler de plus en plus, il s’écarte de l’état de semi-clone de Robert Plant définitivement. À la basse, en revanche, il met toujours tout le monde d’accord, elle claque de très belle façon, en soutien très remarqué à la batterie de Neil Peart qui est vraiment monstrueux derrière les fûts. Il n’est pas étonnant que ce dernier soit souvent cité comme une référence absolue dans l’univers des batteurs.

Une entame qui a du chien donc, ce qui ne saute pas forcément tout de suite aux oreilles quand on écoute "Cinderella Man". Mais quand on s’y attarde et qu’on la prend pour ce qu’elle est – un petit Hard Rock sans prétention, sans démarche Prog – difficile de passer à côté. Elle n’a certes pas l’ampleur du morceau-titre, mais elle possède un riff très efficace et une mélodie vocale intéressante. Le texte est de Geddy Lee – Neil Peart ne s’occupe pas encore de l’intégralité des paroles chez RUSH – et le bassiste s’est inspiré de l’"Extravagant Mr Deeds" de Frank CAPRA (1936) pour raconter cette histoire d’un petit gars modeste qui va rejoindre la grande ville pour toucher sa fortune et aller de désillusion en désillusion. Ce titre, bien que humble par rapport aux perles de ce disque, permet d’entamer cette face B de façon énergique et déblaie le terrain pour Madrigal, le titre le plus court, le plus intimiste, qui sert d’introduction au magnifique "Cygnus X-1 Book One – The Voyage".

Ici, on retrouve la passion de Neil Peart pour la science fiction, parce qu’elle est très en retrait sur cet album. L’introduction instrumentale dure longtemps, elle prend des dimensions cosmiques, mais petit à petit on arrive vers la rudesse du jeu de guitare de Lifeson. Enfin, rudesse… Il joue de façon fluide, mais il ne manque pas d’agressivité et ses soli se veulent bien souvent vertigineux. La guitare trouve parfaitement sa place dans les nappes de synthétiseur, qui prennent de l’importance sur cet album quand ils n’étaient encore qu’un adjuvant sur "2112". Nous suivons l’histoire du narrateur, un homme qui va être aspiré par un trou noir dans la constellation du Cygne. Mais son histoire ne s’arrête pas ici, elle prendra suite sur "Hemispheres", l’opus qui suivra celui-ci en 1978 et qui n’en est pas simplement le complément, mais sa continuité directe. "A Farewell To Kings" aurait pu être double que cela n’aura pas été gênant. Il concentre ici les parties les plus mélodiques tout en étant technique quand "Hemispheres" va nous en mettre plein la tête tout en étant paradoxalement plus profond au niveau des textes.

Et pourtant, Peart en impose déjà ici. "Xanadu" est une petite merveille. Ici, le batteur s’inspire du poème "Kubla Khan" de Samuel Taylor COLERIDGE, en l’adaptant dans une forme plus philosophique, voire un brin fantastique/SF. Ici, le narrateur raconte sa découverte d’une cité où il peut atteindre l’immortalité. Seulement, il va vite se rendre compte que cela n’a rien d’idyllique et qu’il est devenu prisonnier de cette ville mythique. À mesure que les paroles gagnent en intensité, la musique suit le même chemin et on tient là l’un des plus grands morceaux de RUSH, un des plus représentatifs de cette phase Progressive assumée, où tous les enchaînements sont réalisés à la perfection. Ici, on constate que les musiciens ont commencé à atteindre leur maturité. Tout est plus réfléchi, mieux construit, tout en conservant une verve et une fougue qui ne les ont pas encore quittées. Elles s’en iront que tard pour revenir quand les musiciens entreront dans la soixantaine.

RUSH va proposer avec "A Farewell To Kings" un Hard Progressif hérité des formations anglaises, plus du côté des CAMEL et des YES que de EMERSON, LAKE & PALMER et le dope avec l’énergie qu’il développe depuis les débuts avec ce Hard Rock de facture plus classique mais efficace. Bien qu’il y ait une différence notoire de profondeur entre les deux pièces longues et épiques et les quatre morceaux plus courts, nous tenons là un album constant et efficace. Bien qu’il forme un tout avec "Hemispheres", il s’écoute et s’apprécie très bien seul et assoie définitivement le groupe parmi les grands noms du Prog, avec des paroles qui se lisent différemment en fonction de ce que l’on recherche : l’évasion pour ceux qui aiment les histoires, les fictions racontées avec un décorum musical adéquat, la réflexion pour ceux qui s’enivrent des cheminements plus philosophiques de Neil Peart et des questionnements qu’il provoque. D’ailleurs, les albums de RUSH seront rarement conceptuels, mais plutôt thématiques, ce qui les différencie souvent de leurs concurrents. "A Farewell To Kings" marque les débuts du Grand RUSH, avec un G majuscule.

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- Geddy Lee (chant, basse, claviers)
- Alex Lifeson (guitare)
- Neil Peart (batterie)


1. A Farewell To Kings
2. Xanadu
3. Closer To The Heart
4. Cinderella Man
5. Madrigal
6. Cygnus X-1



             



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