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ULVER - The Assassination Of Julius Caesar (2017)
Par POSITRON le 7 Mai 2017          Consultée 8866 fois

ULVER : groupe culte. ULVER : cristallisation d'antipathies et d'adorations.
ULVER : groupe surestimé. ULVER: groupe sous-estimé.
ULVER : défricheur, élastique, métamorphe, polyglotte.
ULVER a décidé de faire de la synthpop.
ULVER révèle son amour pour DEPECHE MODE.

Désireux de faire un peu plus pression sur les usines de dictionnaires afin d'afficher leurs photos en illustration de l'expression "ne plus en avoir rien à foutre", ULVER vit l'instant présent et écoute ce que lui dit son cœur. Et le cœur ayant ses raisons que la raison ignore, emporté par l'émotion et l'accroche, il s'oriente délicatement vers un terrain Pop déjà visité à travers d'autres genres : évidemment sur le délicieux "Childhood's End" et sur son "Live At Roadburn" qu'on peut relier à "The Assassination Of Julius Cesar" de bien des manières malgré des instrumentations radicalement différentes.

Et notre cœur se réjouit, resplendit d'allégresse car qui dit Pop dit chant, qui dit chant dit Garm, et Garm dit :

"As Colossus stands
So shall Rome
When Colossus falls
Rome shall fall
When Rome falls....
… So falls the world"


Et qui aime ce sentiment tout particulier qui se dégage du chant de Garm ne pourra que céder à ces déclamations de hooks, ces refrains, ces oraisons. Et ULVER, navire se jouant des courants et des nuées, garde son cap invisible aux yeux des mortels et dont nous, pauvres auditeurs, ne percevons que ces bribes appelées albums...

Vraiment ?

Mais ULVER ne serait-il pas à l'inverse en train de se perdre et de se fourvoyer ? De céder aux sirènes criardes du marché, surfant sur la vague de la Synth Wave dont on peut ouïr quelques traces dans cet alliage 80s. Et quelle étrange juxtaposition : Jules César et les années 80 ? Les synthétiseurs et la Rome antique ? Le meurtre et la Pop ? DURAN DURAN et PERTURBATOR ?

Je ne sais pas : l'avenir nous le dira. Il est en revanche faux d'affirmer qu'ULVER perd son identité dans ce brassage Synth Pop. Tout d'abord car on peut retrouver des traces des volontés Pop au-delà même de "Childhood's End" : "Nowhere/Catastrophe"ou "September IV" par exemple. Ensuite car on retrouve dans l'autre sens des éléments évidemment ULVERiens dans cet album autres que la voix de Garm : l'utilisation du piano, les sections plus librement électroniques ou respire un Krautrock hybride (la fin de "Rolling Stone"), l'emploi du saxophone bien peu Pop.

En revanche on est obligé de constater qu'ULVER n'atteint pas les hauteurs qui lui sont maintenant presque familières. Non pas que "The Assassination Of Julius Cesar" soit mauvais. Mais il ne s'agit que d'une compilation d'honnêtes chansons Pop enrichies en bidouillages, et il y a un sinon deux crans de séparation avec les chefs d’œuvre du groupe tant dans le concept que dans l'écriture.

Et de surcroît je ne peux m’empêcher de penser que pour une fois ULVER se fait un peu digérer par son matériau de travail. Un peu trop fidèlement Synth Pop et puis, se rappelant soudainement sa nature, empressé de bidouiller. Ainsi se dégage de l'album un léger sentiment de confusion qui, nuisant quelque peu à l'appréciation globale du disque, me pousse à opter pour le trois tant le quatre me semblerait exagéré - sentiment qui en passant m'a fortement perturbé lorsque j'ai voulu écrire cette chronique. Mais suivant ce qui commence a être une tradition je rappellerai que qui aime bien châtie bien et qu'ULVER étant le meilleur candidat au titre de mon groupe favori, je ne me prive pas de mordre la main qui me nourrit et comme Brutus de planter le couteau dans la poitrine de mon père d'adoption.

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