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ULVER - The Norwegian National Opera (2012)
Par PERE FRANSOUA le 10 Octobre 2016          Consultée 3407 fois

Evènement historique inattendu et improbable, les Norvégiens d’ULVER ont joué leur musique en concert pour la première fois (en 15 ans) le 30 mai 2009 à Lillehammer, puis une seconde fois et ainsi de suite jusqu'à programmer une petite tournée qui fit une date en France.
Habitant à Paris j'ai eu la chance de pouvoir facilement assister au concert, le 11 février 2010. L'événement tant attendu faillit être annulé in extremis car le camion de tournée venu d'Angleterre était coincé à cause de la neige. Heureusement ils purent quand même arriver à Paris. Je me rappelle la longue file d'attente dans le froid devant la salle jusqu'à l'ouverture retardée. La première partie n'était autre que le mythique Attila Csihar, seul sur scène avec son projet VOID OV VOICES, fait de boucles de voix et de chants diphoniques. Mais tout le monde présent ce soir à la Cigale n'attendait fébrilement qu'une chose... Sur l'écran derrière la scène il était projeté le nom du groupe la phrase mystérieuse "The rest is silence".

Le moment historique commença enfin.
Toute la scène est occupée par les machines et instruments des magiciens, dans un dédale de câbles, avec au centre, Tore Ylwizaker qui trône dans un carré de claviers. Aux machines et ordinateurs s'ajoutent de vrais instruments, l'ample kit de batterie de Tomas Pettersen (qui sera le batteur de tous les albums suivants) et les multiples instruments de la nouvelle recrue de choix, le Britannique Daniel O'Sullivan, piano, guitare et basse, posté à l'avant scène. Dans le coin gauche de la scène, prés d'un gong et de tambours, se cache l'homme le plus attendu de la soirée, Kristoffer Rygg, connu aussi sous le nom de Garm, chanteur mythique qui a transcendé les premiers ARCTURUS et BORKNAGAR. Son chant Black rageur a été rangé depuis longtemps. Son chant clair emphatique (un peu forcé) de baryton décadent s'est mué peu à peu en une version plus naturelle et maîtrisée. Son timbre unique, excellant aussi bien dans la douceur extrême que dans la puissance, a su nous ravir sur disque. Qu'en sera-t-il en vrai, là, sous nos yeux ? Malgré la bienveillance des fans, le gars était attendu au tournant. Ce fût alors vraiment magique d'entendre sa voix unique interpréter magnifiquement les titres, en particulier quand il s'agit de donner de la voix, comme sur la montée de "Let The Children Go" ou sur le virulent "Operator". On imagine le trac intense pour le chanteur peu habitué au live, et à en juger par la bouteille de vin rouge qu'il a descendue goulûment directement au goulot durant le spectacle, il avait besoin de se détendre.

Les autres interrogations étaient de savoir comment les Norvégiens allaient mettre en scène leur musique et s'ils arriveraient à transposer sa force évocatrice. Là encore le pari est réussi. Les musiciens et leurs instruments sont dans la pénombre, seulement baignés par des lumières monochromes, et accompagnés de barres de lumières disposées au sol. Au-dessus de ce petit monde trône un écran géant (genre cyclo) qui projette des vidéos évocatrices, qui renforcent la dimension de bande-son que porte la musique. Le public assis, est invité à s'immerger dans la musique, best of des dix dernières années (évidemment rien ne sera joué de leur trilogie Black Metal, comment en aurait-il pu être autrement ?). La musique d’ULVER prit une autre dimension sur scène, les titres de "Shadows Of The Sun" devenant encore plus doux, ceux de "Blood Inside" encore plus puissant. Le moment fut quasi religieux mais malheureusement trop court. Une bonne heure de show plus tard la salle se ralluma et le groupe vint saluer l'audience ravie mais frustrée. Et Rygg de se fendre d'un "sorry, that´s all" auquel un fan répondit en hurlant "Master Of Disguiiiiise..!" (titre emblématique de "La Masquerade Infernale" d'ARCTURUS). Hochement de tête négatif et un peu déçu de Rygg qui répondit, tranchant, que "this is not gonna happen".
Malgré l'enchaînement de titres fabuleux, le fan ne peut que regretter de ne pas avoir vu plus de ses morceaux préférés joués en vrai, dans mon cas "Nowhere Catastrophy", "It Is Not Sound", "All The Love" ou n'importe quel autre titre tiré de "The Marriage Of Heaven Of Hell".

Ces sentiments mêlés d'extase et de frustration se retrouvent sur ce concert paru en DVD et Blu-Ray, captation grand luxe en caméra HD de ce dernier concert de la tournée, donné dans le prestigieux opéra national de Norvège à Oslo, le 31 juillet 2010.
On retrouve la même mise en scène sobre (même disposition, mêmes lumières, avec un écran encore plus grand) et quasiment le même tracklist que sur la tournée à l'exception des étranges et glaçantes performances qui ouvrent et ferment le concert, ainsi que par l'addition bienvenue d'un premier extrait d'un nouvel album en gestation.

L'objet est classieux, l'édition principale étant un double digibook (avec le concert en DVD et en Blu-Ray), bénéficiant d'une couverture superbe (ce corbeau stylisé découpé sur le fond bleu) et garni de jolies photos de la soirée.

Le concert ouvre sur une pièce spécialement créée pour cette représentation. Un piano lugubre et triste sert de bande-son à une performance étrange. Un homme suspendu en l'air, nez de gobelin proéminent pointé vers le ciel nocturne, engoncé dans son manteau au col de fourrure touffu, les yeux révulsés, laisse lentement échapper de sa bouche ouverte un flot de liquide noir et visqueux. On retrouvera ce monsieur, un certain Ian Johnstone (tragiquement décédé depuis) à la fin du concert pour une autre performance toujours accompagnée d'un piano triste, cette fois nu et voûté, perché sur des échasses en os, et se lacérant lentement l'arrière des jambes. Aussi anecdotique que dérangeant.

C'est sous la lune pleine que s'ouvre vraiment le concert avec le délicat "Eos" (qui ouvrait aussi avec douceur "Shadows Of The Sun"). La scène est baignée d'une lumière bleue, on voit le groupe triturer délicatement les couches de sons planantes, O'Sullivan tire quelques longues notes d'une guitare électrique, la chaude voix de Rygg caresse. Sur fonds d'images de lions chassant le zèbre en Afrique, le presque tribal "Let The Children Go" fait suite tout naturellement, et permet au groupe en son entier de se mettre en action sur la belle montée émotionnelle qui suit le chemin du soleil, la batterie live anime l'ensemble et les prouesses vocales du barbu à bonnet noir nous ravissent. Le leader d'ULVER continue de faire des merveilles sur l'Ambiant "Little Blue Bird" (tiré du E.P. "A Quick Fix Of Melancholy" paru en 2003) qui se conclut en Trip-Hop hanté.

Le montage de la vidéo s'adapte à la musique, calme et planant quand il faut, jouant avec des fusions et superpositions d'images (entre les musiciens filmés et l'écran de fond), et nerveux et épileptique quand la musique s'emballe, comme sur l'emphatique et martial "Rock Massif" (tiré de la bande-son "Svidd Neger") accompagné d'images insoutenables du IIIème Reich et des camps de concentration. Étant donné la place centrale que prennent les montages vidéos diffusés sur l'immense écran qui surplombe la scène, on ne peut échapper aux images imposées, notamment quand elles se font violentes ou dérangeantes, comme pour "For The Love Of God", mélangeant des scènes religieuses à de vieux films pornos mixés avec tout ce qu'il y a de plus dégueulasse (vers grouillants, etc.).

On quitte ensuite les froides lumières bleues pour s'enfoncer dans une lumière rouge étouffante de cabaret qui accompagne les titres de l'album rouge sang "Blood Inside". Le groovy "In The Red" qui se termine dans un délire rappelant des dessins animés de Tex Avery où le lourd et oppressant "Operator" mobilisent des éléments plus Rock et fiévreux.

Ainsi s’enchaîne le concert, "Excerpts Of Silence" (extrait bruitiste de "Silence Teaches You How To Sing") titre d'Ambiant impénétrable), "A Memorable Fancy", Trip-Hop radical (basse groovy et ses scratchs qui vont bien, seul extrait (malheureusement) de "The Marriage Of Heaven And Hell", où Rygg déclame en slamant (sans l'effet déformant sur la voix de la version CD) les "notes" ésoterico-morales de William Blake.

Le sommet du concert est évidemment atteint avec "Hallways Of Always", chef d'œuvre d'Electro/Trip-Hop en montée constante porté par un piano entêtant et une batterie magistrale. La version live nous rappelle, si besoin était, à quel point l'album "Perdition City" sorti en 2000 était une réussite totale. On aurait facilement pu se régaler de tout l'album en live. On se contentera de seulement deux extraits, le second étant "A Cold Kiss", une version réduite à la moitié de "Porn Piece Or The Scars Of Cold Kisses".

C'est bien "Shadows Of The Sun", dernier album en date au moment de la tournée, qui est le plus représenté (avec quatre extraits). "Like Music" commence joliment, piano délicat, chant grave et beau, puis se transforme en pièce Ambiant pesante renforcée par les sons étranges de la guitare manipulée par l'invité Christian Fennesz. Le bien nommé "Funebre", sur fonds de nuages gris sombres, servi en milieu de concert, vient plonger le spectateur dans une introspective solitude. Le conclusif "Not Saved", tiré de la compilation d'E.Ps "Teachings In Silence", qui constituait une bande-son idéale pour les froides images du documentaire "Until The Light Takes Us", est entièrement revisité pour le live. Le thème est joué au piano par O'Sullivan avec d'infinies variations, un unique son Ambiant monte progressivement, les fameuses cloches qui donnaient son étrangeté au titre apparaissent ici seulement vers la fin, jouées au gong par Rygg en même temps que la batterie tribale s'immisce.

Pour ce show événement, le groupe nous gratifie même d'une exclusivité, le titre "England", premier extrait du futur "Wars Of The Roses". Excellent choix que ce titre inquiétant où dialoguent le piano de O'Sullivan et le jeu complexe de la batterie de Pettersen, et qui permet au chanteur de nous offrir certaines de ses lignes de chant les plus jouissives.

Même si l'on peut toujours réclamer plus, un concert plus long et quelques bonus sur le DVD auraient été bienvenus, l'ensemble est une réussite, bien filmé, bien mixé, et parfaitement sonorisé. Bref un concert événement concluant une tournée événement qui ne sera jamais plus répétée. Les chansons tirées de cette grande décennie d'Electro ne seront plus jouées en l'état, ULVER privilégiant les nouveaux défis et les événements uniques pour ses concerts.
Le montage est par moments trop nerveux ou superpose un peu trop les images, ce qui contraste avec l'expérience plutôt sobre mais immersive qu'ont vécue les spectateurs assis dans la salle. Mais tout cela est un mal nécessaire pour que l'on ne s'ennuie pas devant notre écran.
Impossible donc de passer à côté de ce qui est et demeurera le seul et unique concert disponible en vidéo, qui ravira les amateurs du groupe et qui ne pourra que séduire les profanes. Inutile en effet de déjà connaître les morceaux pour se régaler, il suffit de se laisser happer par l'art noir de la meute hétéroclite, mêlant le Rock et l'Electro, accompagné de cours métrages évocateurs et saisissants.

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   PERE FRANSOUA

 
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- Kristoffer Rygg (vocaux, programmation)
- Tore Ylwizaker (claviers, programmation)
- Jørn H. Sværen (divers)
- Daniel O'sullivan (guitare, basse, piano)
- Tomas Pettersen (batterie, percussions)
- Christian Fennesz (theremine, électronique)
- Ole Aleksander Halstensgård (dj)


1. The Moon Piece
2. Eos
3. Let The Children Go
4. Little Blue Bird
5. Rock Massif
6. For The Love Of God
7. In The Red
8. Operator
9. Funebre
10. Excerpts Of Silence
11. A Memorable Fancy
12. Hallways Of Always
13. England
14. A Cold Kiss
15. Like Music
16. Not Saved
17. The Leg Cutting Piece



             



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