AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Voici, en premier lieu, la bande son d’un court métrage norvégien de Steve Ericsson.

Bon, allons-y gaiement : ULVER veut dire "loup" et "Lychantropen" pourrait se traduire par "qui se transforme en loup-garou". N’en jetez plus, nous allons de suite passer à un autre aspect de la chose ! Quoique…

Le thème récurent, par transposition, veut que ce groupe de Norvège redéfinisse musicalement les peurs de l’enfant face à un ogre qui n’a de yeux (et surtout de grandes dents) pour tout ce qui est représentatif de Chaperon Rouge. Cette dernière étant la symbolique cuisante de l’arrivée des règles pour ces demoiselles en devenir… ainsi que la perte de l’innocence, etc, etc… Bref, les sonorités vont idéaliser les angoisses et les frayeurs que nous imaginions jadis et qui, dans certains cas, peuvent perdurer et plonger la personne dans une psychose permanente.

- « Holà, doucement mon ami, n’allez-vous point trop loin dans votre discours ? Resserrez-vous davantage sur l’apport musical d’ULVER et plus particulièrement de ces thèmes voués à la lycanthropie, je vous prie » !

Bien ! Première incartade d‘ULVER dans le domaine de la musique de film, et certainement le début d’une longue série. Un leitmotiv récurrent se profilera tout au long de l’album et se déclinera tantôt sous forme de claviers aux sonorités classiques, tantôt, c’est un programme informatique qui boostera l’univers de sombres et glauques visionnements… En effet, seul le piano et ses dérivés vont être utilisés pour cette bande originale consacrée aux loups-garous. A ceci, faut-il ajouter des parties du dialogue - en norvégien, cela s’entend - ainsi que des bruitages qui nous sont familiers comme la pluie, un moteur de voiture qui tourne au ralenti, et puis d’autres qui nous poussent à croire en l’existence d’une vie parallèle, extra-terrestre (en tous cas, hors norme !). Et puis, allez savoir pourquoi, toute personne qui écoute attentivement ce "Lychantropen Themes" se métamorphose en guetteur du soir, de la nuit prolongée, en attente de ce jour qui a du mal à apparaître…

Oui, ce genre de musique nous touche directement - introspectivement en fait - et nous condamne à la catatonie un bref instant (pas loin de trente-six minutes). Tout se passe dans votre cerveau. C’est ce dernier qui vous fait croire à telle ou telle chose. Ou est-ce la réalité ? Que nous confère l’imaginaire ? C’est vous et vous seul qui en avez les clefs. Comprendre ce disque, c’est probablement comprendre les différents niveaux d’une vie. Un fait dans votre tête peut ne pas exister. Nier la réalité, certains le conçoivent aisément. Alors quoi ? J’avoue être encore bouleversé comme à chaque écoute de ce petit chef-d’œuvre - oui, osons le terme ! - qui me retourne et triture mon esprit à chacune de ces auditions.

Je ne peux que vous conseiller vivement de vous le procurer afin de ressentir, ou non, mes dires car, parler d’un groupe en général n’est pas chose aisée mais en plus, lorsque vous atteignez ce stade de la perfection des sens, cela dépasse l’entendement, en tous cas, le mien !
Ce n’est pas un album difficile d’accès si l’âme aventurière vous habite. A ne pas écouter en bruit de fond, ULVER ne le mérite pas, m’enfin !