"The Assassination Of Julius Caesar" est un de mes albums de 2017. ULVER avait su à nouveau pousser les curseurs de la créativité, groupe génial s'il en est, toujours prêt à se surpasser et explorer des territoires nouveaux et surprenants. Leur créativité impose de fait un trop-plein, en témoigne cet EP, "Sic Transit Gloria Mundi", constitué de trois chutes de studio, et qui révèle tout l'esprit baroque de leur musique en cette année chargée de trouvailles.

Je me suis toujours méfié des chutes de studio. Bien souvent, ce sont des moyens de traire un peu plus la vache à pognon ; nombreux sont les groupes à en faire un piètre moyen de créer de l'actualité alors que le tout est passable. Ce serait oublier que nous avons face à nous ULVER, et que ces chutes s'expliquent davantage par ce trop-plein mentionné plus tôt, que par leur faible qualité. En résumé, ULVER a connu un moment de grâce dans son génie artistique, il a écrit outre mesure, et il ne pouvait se résoudre à jeter ces trois titres résolument bons. Impossible en effet de ne pas constater la beauté de la reprise de "The Power Of Love", tout en légèreté, balade superbe mid-tempo, dans laquelle le chant de Garm excelle. On sent le génie d'ULVER lorsque la copie surpasse l'original ! Impossible également de ne pas reconnaître le travail dans les textures d'un "Bring Out Your Dead", morceau qui emprunte aux meilleurs codes de la Chillwave tout en matraquant des textes d'une noirceur insondable ("The holy books are open wide/Brother, the future is murder/Dead birds fall from the sky/Black jackals crawling"). L'entrée "Echo Chamber (Room Of Tears)" est probablement le titre le moins marquant, même si son refrain est superbe, et que la transition avec cette voix tirée du meilleur d'un film des 80s confère à l'ensemble une atmosphère fantastique.

Le mystère ULVER reste entier, toujours fascinant, impénétrable, superbe, unique. "Sic Transit Gloria Mundi" a certes souffert de l'ombre d'un album exceptionnel, mais ses trois titres n'ont pas à rougir. Ce que l'on perd en surprise, on le retrouve en constance, ce qui n'est cependant pas le fort d'ULVER. Mais quand le maître revient en forme, ce n'est jamais pour plaisanter.