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ROCK PSYCHéDéLIQUE  |  STUDIO

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ULVER - Childhood's End - Lost And Found From The Age Of Aquarius (2012)
Par PERE FRANSOUA le 11 Octobre 2016          Consultée 6334 fois

Insaisissable et constamment poussé par de nouvelle passion, l'entité norvégienne ULVER continue de déjouer nos attentes. Nulle doute que ces éternelles métamorphoses sont à l'initiative de son leader-chanteur Kristoffer Rygg, passionné et boulimique de nouvelles expérimentations artistiques.
"Childhood's End" est un nouveau pied de nez. Annoncé longtemps avant sa sortie avec le tube "I Had Too Much to Dream (Last Night)" offert en guise de preview a fait bavé les fans. La cavalcade Rock étrange au feeling de Western, jouant avec les effets (réverb', une disto), repris de THE ELECTRIC PRUNES est tout bonnement excellente et totalement surprenante.
Quoi de plus inattendu après une décennie de musique Ambiant basé sur l'Electro que de pondre un disque de reprises de chansons (inconnues pour la plupart) de Rock Psychédélique de la fin des années soixante ?

Avec l'étiquette Rock Psychédélique nous vient tout un chapelet à égrener : Beat Generation, Summer Of Love, LSD, nouveaux effets (fuzz, delay, réverb’), expérimentations et improvisations, instruments venus d'ailleurs, sexe libre, Ère du Verseaux et Amour universel.

"Love, love, love, love, love, love, love, love, love, loooooove..."
L'Amour universel semble célébré sur l'intro de "Bracelets of Fingers" par THE PRETTY THINGS (tiré de leur concept album "S.F Sorrow", enregistré au mythique Abbey Road studio et paru fin 1968) qui ouvre très intelligemment l'album. De son intro céleste exaltée par l'amour, enchaînant avec un pur moment de rock psyché noyé dans la réverb' jusqu'au break à la sitar, le titre semble représenté la quintessence du Rock Psyché britannique. Passé entre les pattes des loups, le titre est à la fois fidèle et autre. On retrouve le travail d'avant-garde sur le son avec cette mélodie d'un autre monde tandis que le break permet de monter un climat sonore dont ils ont le secret.

Chilhood's End" est une œuvre longue et généreuse (54 minutes) gorgée de titres (au nombre de 16) choisis méticuleusement et travaillés avec soin et amour.
Le disque a été enregistré en conditions Live avec l'aide de musiciens de studio en deux sessions (en 2008 et 2011) et ensuite retravaillées en studio par le noyau dur du groupe.

Le disque est beau, du début à la fin, et s'écoute facilement malgré sa longueur. En revanche il se chronique plus difficilement, chaque chanson étant un petit univers dont l'exploration fait partir loin dans les méandres de l'histoire de la musique. Les morceaux semblent former un tout cohérent, en grande partie grâce à sa production homogène et son unique chanteur. Mais quand on se penche sur les versions originales on est surpris par leur grande diversité.
Les chansons appartiennent à ceux qui les font vivres. ULVER, grand manipulateur des sons, l'a bien compris. C'est pourquoi les reprises sont à la fois le plus proche possible des originales et sont en même temps totalement réappropriées par les norvégiens, qui les amènent ailleurs, à la fois par le traitement des sons, la production moderne et audacieuse, et leur propre sensibilité. La voix de Rygg, chaude et douce, y est également pour beaucoup.
Ces titres sauvés de l'oubli sont vus à travers le prisme du temps et traduisent certainement les sentiments et le regard bienveillants que les norvégiens portent sur cette période unique. Par exemple le titre originellement très mélancolique "Everybody's Been Burned" (tiré de l'album "Younger Than Yesterday" paru en 1967) par THE BYRDS (groupe parmi les plus connu de l'époque) prend des couleurs avec la reprise qui exalte sa douceur. Si les paroles de la chanson évoquent la rupture amoureuse, la nouvelle version nous donne plutôt une impression de partager un petit pétard sur une plage californienne. De même le délicat "Today" tiré du mythique premier album "Surrealistic Pillow" (1967) des JEFFERSON AIRPLANE qui bien que reprit de façon assez fidèle (son duo de voix vibrantes, et les percussions lointaines en moins) est réchauffé par ULVER, les notes tombant comme une chaude pluie d'été sur nos petits cœurs sensibles.
On peut s'étonner d'avoir choisi un titre peu connu de ce groupe emblématique de la scène de San Francisco (où eût lieu le fameux Summer Of Love en 1967) à la place du classique "Somebody To Love" ou de l'incroyable "White Rabbit". Même situation avec la troisième piste, le génial "The Trap" par le BONNIEWELL'S MUSIC MACHINE, chef d’œuvre baroque avec son clavecin clinquant déroulant une mélodie unique et porté par un chant raffiné, qui contraste très fortement avec le reste du style du groupe, résolument plus Rock Psyché (comme ce fameux "Talk Talk", premier single à succès sortit en 1966). ULVER décale légèrement la chose vers quelque chose de plus dynamique, la base Rock est plus présente et le son du clavecin devient indéfinissable.
De même pourquoi avoir choisi "Street Song" par 13TH FLOOR ELEVATORS, extrait de leur troisième et ultime album (composé sans les trois membres d'origine !) intitulé "Bull Of The Woods", sortit en 1969, beaucoup moins emblématique et séminal que leur premier opus "The Psychedelic Sounds Of The 13th Floor Elevators" paru en 1967 et considéré comme une des pierres angulaires du genre ? Le titre permet néanmoins aux norvégiens de jouer avec tous les effets classiques du Rock Psyché (delay, reverb, fuzz, etc.) autour d'une section Rock solide. La basse distordue bourdonne bruyamment dans le fond, le nuage électrique de la guitare s'étend à l'infini, et la voix de Rygg pleine d'écho se perd dans le décor.

Pourquoi donc ces choix si particulier? C'est que les titres les plus emblématiques de la période ont été évités afin de laisser une seconde chance aux chansons ("la France a raison...") injustement oubliées.
Bien que fan de longue date (initié par ses parents) et fin connaisseur, Kristoffer Rygg nous raconte en interview* qu’il a dû creuser profondément pour dénicher des perles rares de l'underground hippies qui n'avaient pas accédé à la postérité. Perdus dans les plis d'une époque pleine d'amour et de grosses fêtes sous acide, où le fonctionnement de l'industrie musicale était bien différent, ces titres ont été exhumés par les archéologues les plus attentionnés qui soient.
Incités que nous sommes à redécouvrir cette période en écoutant les originaux, on se rend compte en enquêtant que bien des groupes ont eu une carrière brève et chaotique. Parmi les plus surprenants on citera LES FLEURS DE LYS, romantiques anglais qui ne publièrent que des singles et jamais d'album. Leur single "Can See The Light", est une ballade où dialogue paisiblement l'orgue et le violon. La reprise prend une coloration de ballade Blues Electro étrange (distorsion subliminale et orgue Hammond vibrant). Et que penser "Can You Travel In The Dark Alone" par GANDALF qui se trouve être l'un des deux seuls morceaux originaux composé par le groupe et tiré de leur seul et unique album (enregistré en 1967 et sorti seulement en 1969)? On a affaire ici à du pur Rock psyché, entre bruitages (xylophone mystérieux), orgue Hammond en fond et quelques notes de sitar, le tout dans une ambiance fumeuse pleine de réverb'. ULVERisé le titre gagne en cohésion, la partie psychédélique centrale prend des couleurs Electro.
Pour s'embrouiller encore plus, on trouve sur "Childhood´s End" des reprises de reprises comme l'excellent "In The Past", originellement un titre des WE THE PEOPLE conduit par une sitar toute puissante, puis repris par THE CHOCOLATE WHACHBAND cette fois avec toute la panoplie du rock psyché, orgue Hammond et effets hindouistes, sans oublier le refrain à la sitar. La reprise (qui se base sur la version des CHOCOLATE WHACHBAND) lui donne une coloration de tube californien entraînant (même la sitar est vitaminée par une production rafraîchissante).

Il n'y a pas que du Rock plein de disto sur ce disque, bien au contraire. ULVER reprend un grand nombre de ballades douces et paisibles, qui remplissent toute la seconde partie du disque. Toutes sont agréables mais seulement certaines sont magnifiques, à commencer par "Magic Hollow", single emblématique des BEAU BRUMMELS sur leur non moins emblématique album "Triangle" (1967), originellement porté par un chant à fleur de peau accompagné de cordes et de clavecin et qui est repris avec délicatesse et un brin d'exploration électronique. Les couches de sons dialogues et s'entremêlent, la voix de Rygg devient à la fois réconfortante et lointaine par l'effet d'un vocoder à la vibration aquatique. Très réussi le titre bénéficie d'un clip énigmatique ou la violence mise en scène contraste avec l'ambiance musicale. On appréciera "Dark Is The Bark" (sorti à l'été 1968) par le groupe de Baroque Pop New Yorkais THE LEFT BANKE. La ballade lente et hypnotique monte délicatement en intensité, des débuts à la guitare acoustique jusqu'au final porté par des cuivres. La reprise conserve cette délicate montée émotionnelle, le son est enveloppant, Rygg nous murmure quasiment à l'oreille.
Une autre ballade de choix est l’étrange "Velvet Sunset" des MUSIC EMPORIUM (tiré de leur seul et unique album publie en 1969), conduit par un orgue et un duo de voix cristallines (masculin et féminin) et qui voit ses arrangements mis en avant par nos Loups, en premier lieu ces arpèges de guitares charmants, porté par un rythme langoureux qui donne envie de se rouler des pelles. Rygg raconte que le titre a été découvert tardivement lors d'une écoute enfumée durant le mixage final de l'album, et que les gars du groupe n'ont pas eu d'autre choix que de le reprendre !
En revanche on laissera filer "Soon There Will Be Thunder" par THE COMMON PEOPLE (1969), joli sans être renversant ou "Lament Of The Astral Cowboy" par CURT BOETTCHE, seul titre à ne pas être des années 60 (Rygg avoue avoir découvert qu'il datait en fait de 1973 après avoir déjà enregistré la chanson !), pourtant pas inintéressant avec ses textures sonores délicates et éthérées.
L’album conclu heureusement avec le très inspiré "Where Is Yesterday" repris des THE UNITED STATES OF AMERICA. ULVER suit le canevas de la version originale avec l'intro religieuse chanté en latin par un canon de voix (Rygg créant lui même le canon en superposant différents couches de sa voix), jusqu’à l’envolée finale de rock et la dissolution dans l'Ambiant.

Sortant d'un oubli où ils n'auraient jamais dû tomber les 16 titres acquièrent une nouvelle vie et ravissent de nouveaux fans. Du coup l'envie est grande d'écouter les versions originales. Elles ne déçoivent pas, ULVER a bien choisi. Les versions originales, toutes intéressantes, permettent de respirer à plein poumon l'air frais de cette époque unique. On a envie de se parfumer au patchouli, de porter des colliers de fleurs sans se sentir ridicule, de prendre du LSD sans crainte, d'embrasser toutes les spiritualités New Age sans rire, de faire l'amour avec tous ces ami-e-s sans protection. On remerciera donc les loups norvégiens de nous avoir incités de la plus belle manière à nous plonger dans cette époque.

Évidemment ULVER nous surprend avec ces reprises bienheureuses, célébration musicale du Peace & Love, encore renforcées par la relecture chaude et bienveillante, dépourvue de cynisme, qu'ils en on fait. Car nos loups sont connus pour leur posture complexe et leurs ambiances sombres, semblant être les animaux les plus à l'aise avec notre monde post-moderne chaotique et multi-référentiel. Ce disque inattendu est un prétexte de choix pour s’échapper de notre époque cynique (où l'on recule face à la complexité du monde qui a épuisé tous les grands discours) et pour tenter de faire vibrer à nouveau une trop brève époque d'espoir et d'amour. L’utopie presque enfantine, la parenthèse pleine de couleurs, où le bonheur universel semblait à porté de main, déchanta violemment, entre overdose, flashback acide, tueurs en série (Charles Manson), guerre du Vietnam, crise économique, j’en passe et des meilleurs.
"La fin de l'enfance", c'est notre regard de modernes sur le désenchantement qui frappera la génération qui pensait pouvoir changer le monde par l'Amour.

"Childhood´s End" est, à mes yeux de fan de longue date, une des plus grandes réussites de ULVER. Son coté direct et accrocheur ne le rend pas moins intéressant, au contraire. Les nouvelles versions sont excellentes et se suffisent à elles-mêmes, respectueuses du passé et devenant pourtant intemporelles. On notera qu'elles sont généralement un peu plus dynamiques que les originales, avec un feeling un peu plus Rock, notamment via une base rythmique basse-batterie bien charpentée. Les amateurs de la belle voix de Kristoffer Rygg (dont je suis un inconditionnel) seront évidemment comblés.

Pour que le plaisir continue, la captation du concert de lancement de l'album donné au désormais célèbre Roadburn festival sera publié quelques temps plus tard. Une chronique de ma part est en chemin.

*http://www.jester-records.com/ulver/images/ULVER_Prog_Magazine_28.pdf
82 progrockmag - Jester Records
www.jester-records.com
movement, one that became disillusioned and quite dark. I was thinking of a kind of Blakean strain, a loss of innocence. I’ve always thought

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   PERE FRANSOUA

 
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   (2 chroniques)



- Kristoffer Rygg (chant, programmation)
- Tore Ylwizaker (programmation)
- Jørn H. Sværen (programmation)
- Daniel O'sullivan (guitare, piano)
- Guest/session
- Tomas Pettersen Drums (batterie)
- Lars Pedersen (batterie)
- Espen Jørgensen (guitare)
- Mats Engen (basse)


1. Bracelets Of Fingers (the Pretty Things)
2. Everybody's Been Burned (the Byrds)
3. The Trap (bonniwell's Music Machine)
4. In The Past (the Chocolate Watchband)
5. Today (jefferson Airplane)
6. Can You Travel In The Dark Alone (gandalf)
7. I Had Too Much To Dream (last Night) (the Electric
8. Street Song (13th Floor Elevators)
9. 66-5-4-3-2-1 (the Troggs)
10. Dark Is The Bark (the Left Banke)
11. Magic Hollow (the Beau Brummels)
12. Soon There Will Be Thunder (common People)
13. Velvet Sunsets (music Emporium)
14. Lament Of The Astral Cowboy (curt Boettcher)
15. I Can See The Light (les Fleur De Lys)
16. Where Is Yesterday (the United States Of America)



             



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