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DEEP PURPLE - Now What?! (2013)
Par DARK SCHNEIDER le 3 Juin 2013          Consultée 25927 fois

DEEP PURPLE ne serait-il pas quelque peu oublié de la communauté métallique ? Le jeune metalleux n’aurait-il pas tendance à ne retenir que l’intro de "Smoke On The Water" ? Et pourtant, DEEP PURPLE est le seul des 3 géants des 70’s qui est toujours actif de façon régulière et qui d’ailleurs n’a jamais autant tourné en France que ces dernières années. Et puis surtout, le Heavy Metal doit tout autant au Pourpre qu’à BLACK SABBATH : si l’un est dépositaire des riffs telluriques et de l’ambiance occulte, on doit à l’autre l’engouement pour les shredders et les duels de guitares (duel guitare/orgue en l’occurrence chez le Pourpre) ainsi que le chant suraigu peu avare en screaming. Mais il faut bien avouer aussi que le groupe n’a pas fait grand-chose ces dernières années pour attirer à lui un jeune public souvent plus obnubilé par la brutalité. Parce que depuis que Steve Morse a remplacé le turbulent mais génial Ritchie Blackmore, DEEP PURPLE est devenu un groupe gentillet, propre sur lui… et parfois assez ennuyeux. Bon, il y avait bien eu l’album "Abandon" où le groupe tentait de sonner bourrin, mais le résultat n’était guère probant (et c’est vieux tout ça, 1998 déjà). Le surproduit "Bananas" n’a mis personne d’accord et "Rapture Of The Deep", qui semble avoir été plutôt bien accueilli par la critique, n’en est pas moins un album pataud se complaisant dans l’auto-caricature.
Bref, si le DEEP PURPLE période Blackmore donne systématiquement envie de se saisir d’une stratocaster et de triturer ses riffs dans tous les sens, la version Morsienne du même groupe donne plutôt envie de se vautrer dans un canapé avec une tasse de thé… pas très bandant non ?

Et donc ? Maintenant, quoi ?! Et bien maintenant, en 2013, c’est un DEEP PURPLE tout ragaillardi qui débarque avec ce nouvel opus qu’ils ont mis le temps de concocter c’est le moins qu’on puisse dire. Mais mieux vaut prendre son temps pour sortir un bon album plutôt que de pondre une bouse tous les deux ans (n’est-ce pas MOTÖRHEAD ?).

Aux manettes, exit l’horripilant Michael Bradford qui avait bien pourri "Bananas" et guère fait grand-chose sur "Rapture Of The Deep", place au bien connu Bob Ezrin, producteur renommé et réputé pour s’immiscer grandement dans le processus créatif d’un album. En général avec Bob Ezrin la qualité est souvent au rendez-vous, et cette première collaboration avec DEEP PURPLE ne ternira pas son image : "Now What?!" est une véritable réussite !

On sent d’emblée à l’écoute des premières notes de guitare que cet album transpire la classe. Steve Morse est peut-être ici à son meilleur niveau : un jeu lead d’une fluidité exemplaire, un touché de guitare hyper sensible, de l’émotion à revendre mais surtout le guitariste n’hésite pas à se lâcher dans ses soli quand il faut. Le bougre, il envoie parfois vraiment du bois ("Hell To Pay", "Après Vous" notamment). Cela s’adjoint à une production éclatante, mettant en avant les arrangements (la patte Ezrin bien évidemment) sans rabaisser la guitare. Si c’est la fête avec Steve Morse, ça l’est encore plus du côté de Don Airey : jamais le claviériste ne fut aussi bon avec le Pourpre, à croire qu’il ait voulu se surpasser pour le groupe afin de se montrer digne du désormais regretté Jon Lord. Les fameux duels guitare/orgue sont enfin de retour avec une efficacité que l’on avait plus vu chez ce groupe depuis des lustres.

DEEP PURPLE n’hésite pas non plus à faire ce que l’on pourrait presque critiquer comme étant du fan service : tel ce clin d’œil évident à "Mandrake Root" dans "Hell to Pay". Pour autant, cela n’est pas forcément de la facilité car certaines sonorités évoquent plutôt le très mésestimé "House Of The Blue Light" ("Weirdistan" notamment), et oui carrément ! Le tout étant fait avec une vraie cohérence, l’album ne donnant pas l’impression d’être une compilation de diverses périodes du groupe (contrairement au "Angel Of Retribution" du PRIEST par exemple).

Avec un producteur tel que Bob Ezrin, rien d’étonnant de constater que même la tracklist obéit à une progression logique. Un début plutôt tranquille, assez typique de la période Morsienne, "A Simple Song" étant clairement une petite mise en bouche très classieuse avant que les choses sérieuses ne commencent vraiment. "Weirdistan" et "Out Of Hand" nous rappelle le DEEP PURPLE des 80’s. "Out Of Hand" et ses sonorités orientalisantes ne pouvant d’ailleurs qu’évoquer "Perfect Strangers". On en arrive au "hit" Hard Rock avec le très efficace "Hell To Pay" et son refrain de stade typique et surtout sa partie instrumentale qui défonce : Morse et Airey sont au taquet comme jamais.
Petit intermède funky avec "Body Line", seul titre un peu faible de l’album mais qui assure une transition vers une seconde partie d’album beaucoup plus Prog et encore plus passionnante que la première partie.
Un morceau tel que "Après Vous", sous ses faux airs de "Strange Kind Of Woman" se révèle déroutant et intrigant grâce a une partie instrumentale développée faisant la part belle aux claviers. Le must restant sans doute "Uncommon Man" qui nous réserve une belle montée en puissance : déroulant le tapis rouge au clavier imposant de Don Airey, un véritable moment épique que DEEP PURPLE ne nous avait plus offert depuis "Anya" (album "The Battle Rages On", soit il y a 20 ans quand même !). Difficile non plus de ne pas évoquer "All The Time In The World" : un titre tout en retenue (plus ou moins une ballade) et sur lequel l’on retrouve certaines influences country du groupe, un des meilleurs moments du disque mettant en avant Steve Morse et son sens évident de la mélodie et surtout un Ian Gillan qui avec le temps qui passe se montre encore plus à l’aise dans ce registre "cool".

Et puis il y a ce titre final, "Vincent Price" : où quand DEEP PURPLE s’essaye à un mix entre BLUE ÖYSTER CULT, OZZY et ALICE COOPER. Du Hard Rock gothique et horrifique, qui se veut plutôt humoristique (ce texte !) et insistant sur la grandiloquence. Après tout, Vincent Price avait une forte tendance à surjouer dans ses films : un peu comme les musiciens de Hard Rock non ? En tout cas, ce morceau est une excellente réussite sur un terrain sur lequel personne n’aurait pu attendre PURPLE en 2013, qui je le rappelle semblait très sage depuis quelques années. Les vieux ils ont la forme que je vous dis ! "Vincent Price" clôt donc en beauté cet album.

En conclusion, "Now What?!" marque un retour en studio on ne peut plus réussi et étonnant de la part d’un groupe immense à la carrière déjà très longue. Évidemment, il ne faut pas s’attendre à une flopée de tubes Hard Rock ici, d’ailleurs ce n’est pas encore pour cette fois-ci que Steve Morse parviendra à nous pondre un riff aussi inoubliable que ceux de Ritchie Blackmore, et ça n’arrivera sans doute jamais : ce n’est clairement pas son registre. Mais DEEP PURPLE ne s’est jamais limité à ça. Bob Ezrin est sans doute l’élément-clé de cette réussite. Il a su permettre au groupe de retrouver une grande partie de son essence originelle qui avait tant été source de créativité dans les 60’s et les 70’s : cette capacité unique qu’avait le groupe pour créer des morceaux mythiques à partir de jams. C’est de ces mêmes jams que sont nés des titres tels qu’ "Uncommon man" ou "Après Vous", les musiciens ayant notamment puisés dans leurs expérimentations live de ces dernières années.
"Now What?!" est donc le fruit d’un groupe qui a retrouvé ses racines, sa variété, son inspiration. Un album extrêmement plaisant à écouter, et surtout assez inespéré. DEEP PURPLE se rappelle à nous en prouvant qu’il n’appartient pas qu’au passé, et que même après une aussi longue carrière il peut toujours faire preuve de créativité. Ce qui est tout simplement très rare dans le monde de la musique Rock.

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   (4 chroniques)



- Ian Gillan (chant)
- Steve Morse (guitare)
- Roger Glover (basse)
- Don Airey (claviers)
- Ian Paice (batterie)


1. A Simple Song
2. Weirdistan
3. Out Of Hand
4. Hell To Pay
5. Bodyline
6. Above And Beyond
7. Blood From A Stone
8. Uncommon Man
9. Après Vous
10. All The Time In The World
11. Vincent Price



             



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