25 ans, c'est l'âge où la vie débute. Celui où on se rend compte que non, la vie n'est pas éternelle. Celui où on combat la routine pour ne pas tomber trop tôt dans une existence prévisible. Celui où certains rêvent se concrétisent, d'autres tombent définitivement à l'eau. Certainement pas l'âge de la raison. La raison, laissons-donc la à ceux qui n'ont plus qu'elle à qui se raccrocher. Si AXXIS était raisonnable, il n'aurait pas enregistré son albums de reprises "pour patienter" en 2012, il n'aurait pas sorti deux albums simultanément en 2014, il n'aurait pas pris le pari insensé de célébrer ses 25 ans de carrière avec un concert de plus de 3 heure. AXXIS est un peu fou, c'est aussi pour cela qu'on l'aime.

3h10 exactement, c'est la durée de ce show-événement, capté le 28 décembre 2014 au Zeche de Bochum qui affiche complet pour l'occasion. 5 ans après avoir célébré au même endroit ses 20 ans d'existence, le groupe prend le pari de remettre le couvert pour fêter son quart de siècle. Bernhard Weiss a un peu plus d'embonpoint (le bonhomme a fait de son arrêt du tabac une fierté qu'il partage avec son public), mais les AXXIS sont restés les mêmes. Il faut donc la jouer fine, pour ne pas tomber dans la redite et éviter de faire de ces célébrations une routine dont on pourrait se lasser. Si la forme n'a pas changé (un DVD et double-CD présentés dans un digipack à la pochette minimaliste), le fond a fait l'objet de changements drastiques, tant et si bien que seuls une dizaine de morceaux se retrouvent sur les deux sorties. Alors que le "20 Years Of Axxis" voyait le groupe puiser dans son passé pour exhumer des raretés et des morceaux oubliés, interprétés en compagnie des musiciens les ayant enregistré à l'époque, cette nouvelle sortie conjugue l'histoire du groupe au présent. Ce sont en effet 7 morceaux issus des albums de 2014 qui se voient ici interprétés, et qui confirment la qualité artistique de ces deux albums tant ils se mêlent parfaitement aux classiques du groupe.

Avec sa bonne humeur habituelle, Bernard Weiss fait le show, tout comme le volubile bassiste Rob Shomaker, qui compense le manque de charisme du guitariste Marco Wriedt, discret et peu communicatif. Ce DVD constitue d'ailleurs la dernière participation du bonhomme, qui a quitté le groupe début 2015 pour se consacrer pleinement à son groupe 21 OCTAYNE. Dès le début du show, le mélange entre classiques et nouveautés fonctionne à plein régime, le groupe navigant, parfaitement à l'aise, entre l'énergie brute de "Rolling Like Thunder", celle plus chaloupée de "Little War" et l'émotion palpable dégagée par la ballade "21 Crosses". L'arrivée de André Hilgers, batteur du groupe pendant la période "dorée" 2004 - 2008, apporte un surplus d'intérêt à cette interprétation très engagée de "Tales Of Glory Island".

Les invités vont ainsi se succéder pour agrémenter le show : Victor Smolski (ex-Rage) se fait bluffant sur l'instrumental "Trash In Tibet", Pitti Hecht, percussionniste des SCORPIONS, se fait survolté sur "Angel Of Death", et prend part à la session acoustique au cours de laquelle "Julia" et "Another Day", deux pépites oubliées, s'imposent comme de véritables réussites. Hannes Braun, le jeune chanteur de KISSIN' DYNAMITE, vient prendre son pied sur "Heavy Rain", tandis que la reine DORO fait le job sans forcer sur la power-ballad "Stay Don't Leave Me". Des invités, trop nombreux pour les citer tous, retenons également la présence de Werner Kleinhaus, bassiste du groupe de 1988 à 1993, qui participe à l'interprétation endiablée du standard "Kingdom Of The Night".

Après plus de 3h de show, tout ce beau monde fait ses adieux au son d'un "Na Na Na (Kiss Him Goodbye)" final, qui achève une soirée riche et variée. AXXIS, en mêlant passé et présent, est parvenu à faire de son 25è anniversaire une fête qui permet à la fois d'apprécier son patrimoine musical et de croire en un avenir prometteur pour le groupe : Bernhard Weiss n'a jamais chanté aussi bien (sa voix à même gagné en puissance - l'arrêt du tabac ? -) et le groupe semble particulièrement affûté et solidaire. Seul le rendu vidéo, parfois un peu amateur, pourrait amoindrir l'enthousiasme des plus exigeants. De bonne augure pour 25 années supplémentaires ?