Pourquoi ? Sérieusement, pourquoi ? Oui, c'est évident, le retour aux affaires des Suédois de 220 VOLT est une bonne nouvelle. C'est vrai, le groupe, créé en 1979, a offert au monde du Hard Rock quelques albums de très bonne facture (dont l'indispensable "Eye To Eye", en 1988), a connu son petit succès en Scandinavie et a pu faire parler la poudre lors de quelques premières parties de qualité (AC/DC et NAZARETH notamment). Pourtant, en 1992, le groupe semblait avoir tout dit, lorsqu'il décida de tirer sa révérence. Si quelques réapparitions ici et là (le dispensable album "Lethal Illusion" en 1997, quelques EP et Lives entre 2002 et 2008...), il semblait évident que 220 VOLT avait fait le tour de la question. Mais en fait, non. 17 ans après son dernier album en date, voici que le groupe vient se rappeler au bon souvenir des amateurs de son Hard Rock catchy taillé pour les grandes salles. Back with a vengeance.

Car le groupe ne semble pas revenu pour faire de la figuration. Autour du noyau dur que sont les deux guitaristes Thomas Drevin et Mats Karlsson, de nouvelles têtes ont fait leur apparition : le batteur Peter Hermansson (TALISMAN, John NORUM) et le chanteur Anders Engberg (LION'S SHARE, TWILIGHT, ou encore THERION). Une refonte en profondeur d'un groupe qui, malgré un glorieux passé et une histoire digne de respect, doit de nouveau faire ses preuves comme un jeune oisillon tout juste sorti du nid. 220 VOLT se prête au jeu avec un plaisir certain, et relève le défi avec une conviction évidente. Finalement, le combo a encore quelques belles cartouches au fond de sa besace.

La force de "Walking In Starlight", outre sa splendide pochette, et de parvenir à ne pas verser dans un passéisme qui aurait été malvenu et déplacé. 220 VOLT, fort de sa grande expérience, semble bien décidé à proposer un album ancré dans son époque, certes profondément marqué par les années 80, mais constitué de nombreux éléments contemporains. Cette évolution n'est pas forcément évidente sur le lancinant titre d'ouverture qui donne son nom à l'album, mid-tempo qui voit le Hard/AOR du groupe fusionner avec des influences progressives qui ne parviennent pas à rendre l'ensemble mémorable. Si les guitares se font convaincantes dans leur capacité à proposer des lignes mélodiques accrocheuses, le morceau reste générique, pas vraiment habité par ses géniteurs. C'est dans les morceaux les plus énergiques que le groupe parvient à s'imposer sans réserves. L'énervé "System Overload" est la preuve parfaite que 220 VOLT a su moderniser son Hard Rock pour le doter d'une force de frappe dévastatrice. Ce titre, tout comme les très réussis "Alive" ou "Get Me Out" (bien que plus groovy) est très musculeux et agressif. Le résultat du temps qui passe, qui durcit les corps et les esprits, ou l'influence du chanteur Anders Engberg, toujours est-il que le groupe est parvenu à actualiser sa musique sans la dénaturer, et propose quelques brûlots d'un Hard Rock moderne aux riffs saignants et aux refrains percutants.

"Walking In Starlight" parvient parfois à frôler le sublime, sans exagération. Le titre final "Guiding Light", doté d'une approche très mélodique, se voit doté d'harmonies de guitares qui rappellent le SCORPIONS des années 70. De nouveau, la voix du chanteur, couplée à quelques influences bluesy bien senties, est un pur bonheur. De même le fédérateur "Burning Heart", taillé pour faire se dandiner les foules, ne met guère longtemps avant de s'imposer comme une réussite majeure de l'album. Tant et si bien que l'on parvient à oublier rapidement les quelques mièvreries qui surgissent ici ou là : les claviers introductifs de "Broken Promises", (le générique de MacGyver n'est pas loin) ou encore la mélodie de "The Waiting" qui donne l'impression d'avoir été bâclée tant elle sonne creux.

Pourquoi ? "Parce que", semblent vouloir nous dire les 220 VOLT pour expliquer les raisons de leur retour. En effet, en actualisant sa musique, le groupe suédois démontre sa capacité à être un groupe Hard Rock parfaitement en phase avec les sonorités actuelles. Et surtout, le groupe fait preuve d'un sens de l'écriture intact, qui permet à ce "Walking In Starlight" de se dresser sans rougir au même niveau que les meilleurs opus du combo. Un retour inattendu, et totalement justifié par le talent des quatre musiciens. Du tout bon.