S’il y a bien un mot que les fans de GAMMA RAY n’aiment pas voir associé à côté du nom de leur groupe fétiche, c’est celui de plagiat. Le terme fuse, cinglant comme une insulte, mais pourtant, il faut se rendre à l’évidence : à force de rendre des hommages trop marqués à ses groupes fétiches, Kai Hansen (mais pas que, tout le monde au sein de la formation est coupable) a fini par franchir la mince frontière entre le clin d’œil et la copie carbone.

"Majestic" fourmille de références aux grands noms du Heavy Metal, ces gloires des années 80 dont le jeune Kai était fan à l’époque d’HELLOWEEN et qui continuent certainement encore à le faire vibrer. Mais au milieu de tous ces emprunts et autres hommages, se cache un plagiat éhonté. Se cache ? Non, il parade fièrement sur un rythme effréné, mais si le riff est signé ici Kai Hansen, les noms de KK Downing et de Glenn Tipton devraient y être rajoutés. "Hell Is Thy Home" pompe sans vergogne le génial "Leather Rebel" de JUDAS PRIEST, sans même parvenir à le magnifier.

Et là, forcément, ça ne passe pas. À moins de se la jouer fan aveugle, même si pour le coup ce serait plutôt le fan sourd, il est impossible de passer à côté quand on a un minimum de culture Metal (et pour le coup, JUDAS PRIEST est un de ces minimums requis). Depuis "Somewhere Out In Space", GAMMA RAY fonctionnait par à-coups, avec une inspiration fluctuante où souvent de très bonnes idées se délayaient dans un remplissage assez luxueux ("No World Order!"). Mais qu’il semble loin le temps où le groupe était capable de varier constamment le propos et de proposer des morceaux vertigineux et immenses (y a-t-il eu quelque chose de mieux que "Rebellion In Dreamland" dans la disco de GAMMA RAY depuis 1995 ? Franchement, en toute objectivité, je n’en suis pas certain).

Et sur sa pente savonneuse, le groupe perd pied et ne se renouvelle plus, ne surprend plus et ne cherche plus que l’efficacité brute au détriment d’une ambiance ou de compositions tout simplement plus aventureuses à la "Heal Me" ou à la "Rebellion In Dreamland". L’ensemble ne respire pas assez et les quelques perles ("Fight", un morceau terrible dont le gâchis est de figurer sur cet album) ressortent tout de même, mais sans parvenir à tirer complètement ce disque vers le haut. Mais heureusement que ces titres sont là pour sauver les meubles, ces "My Temple", "Fight", "Condemned To Hell", des morceaux qui ne brillent pas forcément par leur originalité, mais qui font le boulot.

Mais le pire, c’est que "Majestic" n’est qu’un coup de semonce, GAMMA RAY ira encore plus loin sur "Land Of The Free II", le disque qu’ils n’avaient justement pas le droit de rater. Et oui, cela me met en colère de voir qu’un groupe que j’affectionnais même si je ne prenais plus un pied total à chaque sortie depuis que Kai avait repris le chant se laisse aller ainsi. Quand l’inspiration n’est plus là, autant splitter plutôt que de se mettre dans une situation embarrassante.