Si l’on n’est pas plus fan que ça d’AC/DC, cette version de "High Voltage" se suffit largement à elle-même. Elle est un condensé de deux albums sortis en Australie. On pourrait presque parler d’un écrémage tant la musique proposée ici est bonne. En même temps, il s’agit de Blues mâtiné de Rock’N’Roll qui, avec un son plus crade, sonnerait vraiment très méchant. "High Voltage" montre déjà de quel bois se chauffe AC/DC et présente les différents points forts du groupe.

Déjà, il y a cette batterie. Oh, elle n’est pas immense, il y avait des mecs bien plus impressionnants que Phil Rudd à la même époque. Mais s’il donne l’impression de jouer à l’économie, sa précision est indéniable et il sait comment mettre en valeur les différents riffs, comment les appuyer, comment donner le bon coup de cymbale au bon moment pour bien accentuer les mélodies. D’ailleurs, les albums sur lesquels il ne joue pas n’ont absolument pas la même rigueur rythmique, cette sobriété qui convient très bien à la formation.

Puis il y a Malcolm Young, qui dresse déjà la méthode AC/DC à travers son jeu de guitare rythmique fortement teinté de Blues tout en conservant l’urgence des pionniers du Rock, Chuck Berry en tête. Sa formule est simple, il ne cherche pas la vélocité à tout prix. Non, ce qu’il aime, c’est proposer des morceaux solides, aux mélodies que l’on peut fredonner facilement, mais qui ne sonnent pas creuses et qui servent un Rock’N’Roll bien gras.

Son frère Angus est là pour placer ses soli. Ce mec pourrait être autiste ou geek de son instrument, il le trimbale partout, il en joue tout le temps, il est très impliqué et bosse dur pour remplir l’espace qui lui est alloué. Et ça fonctionne, il ne fait jamais n’importe quoi ou alors ça passe crème à mes oreilles. Là encore, des générations de Bluesmen sont derrière lui, il transpire le genre même s’il se veut très électrique.

Et il y a Bon Scott. Un mec avec une gouaille pareille, ça ne court pas les rues. Il déborde tellement de charisme que ce n’est pas étonnant si pour bon nombre de vieux fans, il restera à jamais LE chanteur d’AC/DC même si au final il n’aura officié que cinq ans au poste. Ses textes sont souvent très drôles et crus, mais ils correspondent bien à l’aspect un peu cradingue du Rock joué ici. Puis bon, quelqu’un qui chante « She Got The Jack » avec tant de nonchalance mérite forcément que l’on s’intéresse à lui : il doit être un réservoir à anecdotes sans limites.

Bref, si l’on excepte les deux titres tirés du "High Voltage" australien ("She’s Got Balls" et "Little Lover", auxquels j’aurais préféré "Love Song" et "Soul Stripper"), on tient quelque chose de vraiment solide, qui allait contribuer à faire connaître le groupe hors de ses frontières, même s’il faudra attendre "Highway To Hell" pour connaître la gloire internationale. It’s a long way to the top if you wanna rock’n’roll guys !