1986 reste l'année de l'explosion internationale du thrash avec des albums désormais célèbres du genre. Aux States, "Master Of Puppets" (METALLICA), "Reign In Blood" (SLAYER) ou "Peace Sells … But Who's Buying ?" (MEGADETH) imposaient 3 Titans du genre (il faudra attendre 1987 pour qu'ANTHRAX se joigne à ce trio avec "Among The Living"). L'Allemagne n'est pas en reste avec les débuts de SODOM, l'ultra-violent "Pleasure To Kill" de KREATOR qui reste un hymne à la brutalité et, dans un registre bien bruyant aussi mais plus technique cet "Eternal Devastation" de DESTRUCTION.

Amorcé un an auparavant avec le non moins fameux "Infernal Overkill", le style DESTRUCTION prend ici tout son sens et son ampleur. Avec ses riffs ravageurs, ses multiples breaks, et les solos speeds mais superbes du commandant en second Mike Sifringer, DESTRUCTION devient une formation de premier plan dans le domaine du metal à cartouchières.

"Eternal Devastation" est une suite d'hymnes intemporels et indémodables. D'ailleurs, c'est bien simple, le groupe réserve toujours actuellement et malgré ses très bonnes productions actuelles une place de choix au destructeur "Curse The Gods" et ses vociférations anti-religieuses (l'intro sombre et tranquille de ce morceau est fabuleuse), au saccadé et remuant "United By Hatred" et à "Confused Mind" et son introduction calme et soignée très trompeuse.

Les 4 premiers titres de ce skeud (car il ne faut pas oublier les terribles "Life Without Sense" et "Confound Games") sont tout bonnement des classiques de DESTRUCTION et du thrash allemand en général. L'instrumental "Upcoming Devastation" démontre la maîtrise technique des allemands. En effet, tout en restant sauvage, la musique des teutons arrive à faire la part belle à une certaine virtuosité instrumentale, amorce d'un courant mineur par son ampleur mais intéressant par ses prouesses et son originalité : le techno thrash, popularisé sous peu par les suisses de CORONER (mais, aussi MEKONG DELTA ou DEATH ANGEL).

7 titres, rien à jeter. Et c'est ça qui était bien dans ce temps-là : des albums avec moins de titres mais de la qualité. La sauvagerie transpire encore par l'enthousiasme des musiciens et par la voix criarde du bassiste/hurleur Schmier, véritable frontman et leader haut en couleur de la formation. Ce qui ne sera peut-être plus tout-à-fait le cas sur les prochains opus du groupe, du moins ceux d'avant le split du début des années 90. Rien n'est à jeter sur cet album incontournable du metal baston et bien foutu, même si le son un peu meilleur et moins crû que sur les efforts précédents sonne encore assez vieillot.

DESTRUCTION est alors au summum de son art et rien ne semble pouvoir l'arrêter. En gros, si vous voulez goûter à du bon thrash technique et vigoureux ou faire la connaissance du vieux répertoire des allemands, c'est avec ce disque qu'il vous faut commencer. On appelle ça un incontournable. De plus, vous aurez de fortes chances de le trouver couplé au EP "Mad Butcher" (1987) pour un prix très modique, alors, pourquoi se priver ? Thrash'Till Death !