Mark III

"Stormbringer" est un album un peu sous-estimé. Il faut dire qu’en comparaison de "Burn", il fait pâle figure, aux premières écoutes. Pourtant, en grattant un peu, on découvre des morceaux souvent séduisants. DEEP PURPLE entrait dans une nouvelle phase de sa carrière mouvementée et encore une fois, Ritchie Blackmore, l’homme en noir au caractère de cochon, peut être montré du doigt.

En effet, ce dernier s’était débarrassé de Ian Gillan et Roger Glover pour ne plus avoir à se disputer le leardership du groupe, mais l’arrivée de David Coverdale et de Glenn Hughes ne sera finalement qu’une redite des conditions de travail avec leurs prédécesseur. Ritchie en a gros sur la patate, mais fatigué de vouloir s’imposer comme étant le chef, il va se mettre en retrait, avec une idée très nette de ce qu’il veut faire dans la tête, d’un point de vue musical. RAINBOW n’est vraiment pas loin, aussi il va lâcher du lest. Ce qu’il fallait à Hughes et Coverdale pour imprimer un peu plus leur empreinte sur cet album.

L’entrée en la matière est moins flamboyante, virevoltante que celle de "Burn", "Stormbringer" transpire de groove, avec une coloration Bluesy et Soul pas désagréable, qui va transpirer tout du long, avec plus ou moins de réussite. Le chant, qui se joue toujours entre Coverdale (en majorité) et Hughes (pour un contrepoids très intéressant) dégage beaucoup de chaleur, qui contrebalance avec l’accalmie de l’orgue de Jon Lord et de la guitare de Blackmore.

En effet, ces derniers changent leur approche de la musique de DEEP PURPLE. Ils se font moins tonitruants, se font moins remarquer. Nous sommes loin d’un "Child In Time" ou d’un "Highway Star", DEEP PURPLE va se montrer bien moins teigneux, au point où le title track et "Lady Double Dealer" vont être les tueries du disque ! Mais en contrepartie, DEEP PURPLE livre une de ses prestations parmi les plus mélodiques, les plus touchantes, comme en témoigne la délicate "Soldier Of Fortune" qui vient terminer ce disque sur des notes troublantes de guitare acoustique.

Alors oui, "Stormbringer" est un disque à réhabiliter d’urgence. Sa réputation d’album fadasse est injuste tant il est pétri de qualité. Difficile de passer à côté des titres déjà cités, ou encore de "Hold On" groovy à souhait - et tout simplement remarquable. Et le fan de Michael Moorcock que je suis peut difficilement dire du mal d’une œuvre portant le nom de "Stormbringer", soyons subjectifs deux secondes !