"In Trance" – "Virgin Killer" – "Taken By Force" la sainte trilogie des SCORPIONS, en tout cas pour les années 70. À partir de là il y avait déjà la base d'un double-Live exceptionnel. Surtout que "Virgin Killer" a déjà cartonné au Pays du Soleil Levant (il faut entendre la réaction du public au moment où Klaus Meine évoque ledit album à la pochette si décriée). Et "Taken By Force" fait un véritable carton. L'arrivée d'Herman Rarebell a amené au groupe cette légèreté de ton qui lui manquait pour trouver le succès populaire.

Avant d'entamer cette tournée, Ulrich Roth a déjà fait part de son désir de naviguer vers d'autres horizons, et "Tokyo Tapes" sonne indubitablement comme le pinacle d'une ère qui aura ouvert aux Scorps les portes de la légende. Le répertoire ici pratiqué montre toute la versatilité dont le groupe s'avère capable, notamment grâce à la dualité du riffing carré et Heavy de Rudolf Schenker et de l'inspiration psychédélique et quasi ésotérique d'un Uli Jon Roth qui semble communier à travers ses nombreux moments de bravoure, même s'il ne donne pas sa part au chien quand il doit prendre les vocaux ("Dark Lady", et surtout l'invitation au voyage fabuleuse de "Fly To The Rainbow" et ses plus de neuf minutes).

Revisitant timidement (pour les premiers) mais sûrement ses déjà cinq albums ("In Search Of The Peace Of Mind", "Speedy's Coming", plus dans la veine que présente le groupe à ce moment-clé), le quintette de Hanovre couche tout le monde grâce à un savant équilibre entre moments de furie Hard, quasi Heavy Metal ("He's A Woman, She's A Man", "Top Of The Bill") et moments de grâce où les ambiances sont terriblement prenantes ("Fly To The Rainbow", "We'll Burn The Sky") le tout parachevé par un Klaus Meine tantôt agressif (ce qu'il envoie sur un "Dark Lady" qui transfigure la prestation studio, ou encore "Top Of The Bill") ou carrément enjôleur dans l'exercice des mid-tempi atmosphériques dans lesquels il est déjà le meilleur à cette époque ("In Search Of The Piece Of Mind", "In Trance" et le clou du spectacle pour moi : "We'll Burn The Sky" où le jeu d'Ulrich Roth vient d'un autre monde).

"Tokyo Tapes" est l'album essentiel des seventies pour SCORPIONS autant qu'il représente la quintessence de ce qu'est le groupe sur scène, à savoir une machine de guerre (et ces moments de détente bienvenus à reprendre "Long Tall Sally" ou "Hound Dog"), est un best-of quasi parfait du groupe ("Catch Your Train", "Born To Touch Your Feelings" ou encore "Life's Like A River" n'auraient pas été de trop mais bon on va pas cracher dans la soupe).

Pictured life of yesterday...