Après avoir mis le feu, DEF LEPPARD déclenche une hystérie collective à travers le monde ! Certes, le succès ne fut pas acquis d'avance, mais entre les épreuves traversées par le groupe lui attirant une évidente sympathie, un matraquage de singles à la radio et un contexte musical plus que favorable, DEF LEPPARD avait tous les éléments pour déchaîner les foules. Mais l'on sait que les masses collectives n'ont pas toujours raison, et "Hysteria" en est un bel exemple : la vérité est que ce disque n'est en rien un chef d’œuvre.

Sur "Hysteria", le producteur Mutt Lange participe activement à toutes les étapes de la réalisation de cet album, et coécrit certains titres. Mal lui en a pris. "Pyromania" était déjà un album très travaillé, mais là on sombre désormais dans la surproduction. A force de faire attention au moindre détail, "Hysteria" n'offre aucune once de spontanéité. Tout le disque est calculé du début à la fin, le rendant terriblement superficiel. Le son devient aseptisé, synthétique, toute forme d’agressivité y est parfaitement lissée pour ne surtout pas effrayer le "grand public", ce même "grand public" qui achètera en masse l'album. Les chœurs deviennent envahissants et sirupeux, les soli très en retraits, et les riffs, certes souvent intéressants, mais sans puissance. Cette surproduction mainstream a de quoi faire rager car certaines compos demeurent très bonnes à la base, à commencer par "Women", meilleur titre de l'album tout simplement, ou même la sympathique ballade "Love Bites" (qui ne vaut tout de même pas "Bringing On The heartbreak"). "Gods Of War" est un titre riche qui prouve que DEF LEPPARD peut encore se montrer très inventif, tout comme "Rocket" (trop long cependant). Mais en revanche, "Pour Some Sugar On Me" est un malentendu, racoleur et loin d'être extra, un tube qui a mal vieilli, loin d'être ce qu'il y a de mieux sur ce disque, on lui préférera "Animal".

Si "Pyromania" proposait quelques titres un peu plus faibles en fin d'album, ici c'est presque toute la face B qui est au bord du naufrage ! Seul "Gods Of War" maintient le cap avec vigueur. Pas comme "Run Riot" qui ne semble être là que pour servir de caution Heavy, sauf qu'avec une prod pareille ce morceau ne pouvait pas fonctionner. Le title track fait craindre le pire tant son début sonne comme de la variété internationale affreusement banale, heureusement ce titre est sauvé par son refrain. Quant aux autres morceaux composant cette face B, ils sont totalement oubliables.

L'énorme succès d'"Hysteria" semble avoir fait taire tout esprit critique, permettant à cet album d'être considéré comme la plus grande œuvre de ses géniteurs, place imméritée à mon sens. Oui, les DEF LEPPARD ont surmonté de difficiles épreuves, oui le travail abattu en studio pour cet album fut énorme, oui le groupe fit preuve d'une abnégation sans faille : mais tout cela ne suffit pas. En fait, "Hysteria" signe le début de la fin pour DEF LEPPARD.
Le disque reste cependant agréable à écouter, mais il aurait été meilleur s'il avait été moins long et avait moins fait dans l’esbroufe au niveau de la production.