La découverte d’un nouveau genre musical est une aventure très personnelle. Chacun se retrouve marqué au fer blanc par cette chanson, cet album qui restera à jamais associe à un état d’esprit, une émotion, une période ou même, parfois, une odeur. Je traine dans mon bagage métallique deux albums qui ont eu une influence énorme sur mes gouts musicaux. « Trilogy » de Yngwie Malmsteen et « Paradox » de ROYAL HUNT.

La sortie de « Paradox » (1997), album encensé par la critique et considéré par les fans comme le joyau du groupe, avait laissé présager un futur radieux pour le bébé d’André Andersen. Malheureusement, une stupide histoire de date de sortie des albums solo de D.C Cooper et d’Andersen mit fin à ROYAL HUNT mark II. Alors qu’on craignait le pire, l’incroyable John West (ARTENSION) débarqua de nulle part et « Fear », l’opus le plus ambitieux et progressif du groupe mit tout le monde d’accord.

Le récent départ de John West laissait donc un étrange sentiment de déjà vu. L’histoire se répétait et ROYAL HUNT se retrouvait dan l’inconnu. Dénué de frontman, André Andersen annonçait sur le site du groupe que le successeur du médiocre « Paper Blood » serait la suite directe de « Paradox ». L’effet d’annonce passé, l’angoisse se succédait à l’excitation alors qu’André refusait jusqu'à la dernière minute de dévoiler le nom du nouveau chanteur. La bombe tomba sur le site du groupe fin Janvier: le mercenaire Mark Boals (MALMSTEEN, RING of FIRE) aurait la lourde tache de succéder à D.C Cooper et John West. C’est à ce point que ma vie devint une éternelle anticipation de la sortie de ce « Paradox II : collision course ». Je n’avais pas ressenti tel acharnement sur le plastique d’un CD depuis bien longtemps !

Le premier titre, « Principles of Paradox », nous place de suite en terrain connu. La ritournelle de « Long way home » nous replonge onze ans en arrière. L’instrumental est incontestablement estampillé ROYAL HUNT (comprenez claviers à foison et montée en puissance des guitares). On retrouve un groupe bien plus inspiré que sur « Eyewitness » et « Paper Blood ». Le ton est donné, « Paradox II collision course » sera un mix entre « Paradox », « Fear » et une lichette de « Clown in the mirror ». Les claviers sont de retours à l’avant du mix ainsi que les chœurs féminins (Maria McTurk et Soma Allpas), véritable marque de fabrique du groupe. Riffs fédérateurs au clavier, refrains entêtants (« The First Rock », « Divide and Reign »), passages atmosphériques montant lentement en puissance (« Principles of Paradox », « Exit Wound »), le groupe ne prend pas de risques, tout y est.

Mark Boals quant à lui est étonnant de versatilité. Ses fameux cris suraigües sont bien sûr présent (« The First Rock », la fin de « Divide and Reign » où le garçon a forcément dû y laisser un testicule !) mais la musique d’Andersen nécessite beaucoup plus. Mark sait s’adapter et se fait tantôt posé, tantôt agressif (couplet/pont de « Divide and Reign ») tout en laissant apparaitre une nouvelle facette sur « High Noon at the Battlefield », surprenante ballade qui n’est pas sans rappeler le TOTO des grands jours !

Le concept de « Paradox II » est bien sûr la suite directe de « Paradox ». ROYAL HUNT s’intéresse a un thème récurrent dans l’actualité : les différences d’idéaux entre l’Est (influences arabisantes sur « Blood in Blood out ») et l’Ouest religieux et les conséquences de cette rencontre dans la vie des Hommes. Intelligemment (et comme on pouvait s’y attendre), la continuité conceptuelle des 2 albums donne lieu a des reprises de thèmes musicaux des albums précédent. Certaines sont volontaires (les thèmes de « Long way home », « Time will tell », « It’s over » sont disséminés par ci, par là) et d’autres (peut être ?) involontaires (le riff de « The Clan » rappelle fortement « Wasted Time » de « Clown in the Mirror »). Comme sur « Paradox », tous les titres sont enchainés, l’album s’écoute donc d’une traite.

C’est donc pour moi le retour du grand ROYAL HUNT, ce mix unique entre hard FM et néo-prog largement dirigé par la prédominance des claviers. Les derniers albums de VISION DIVINE me rappellent d’ailleurs un peu le groupe danois. Même si la finesse de Jacob Kjaer et Steed Mogensen me manque toujours, les récentes additions au line up (Marcus Jidell impressionnant et Per Schelander) ajoutent indéniablement un coté heavy aux envolées lyriques d’Andersen. Pour exemple, le duel guitare/clavier sur le solo de « Blood in Blood out » n’en finit pas de m’impressionner. Les invités de prestige (Dougie White, Kenny Lubcke, Ian parry et l’excellent Henrik Brockman, par ailleurs premier chanteur du groupe) participent encore plus au succès de cet album. Des titres tels que « Principles of Paradox », « Divide and Reign », « The First Rock » ou encore l’inhabituel « Tears of the Sun » font justice au cultissime « Paradox » et Mark Boals n’a absolument pas à rougir de la comparaison avec les précédents frontmen du groupe.

Andersen nous avait annonce un bel album, chose promise, chose due ! Le temps nous dira si cet opus atteint le statut culte de "Paradox" premier du nom.