Pour prolonger le plaisir ressenti à l'écoute du premier opus de son bébé ROYAL HUNT, André Andersen eut la bonne idée de proposer des relectures acoustiques de plusieurs tubes de "Land Of Broken Hearts" ainsi qu'un inédit ("Bad Luck"). L'idée derrière cet EP était aussi de teaser sur la sortie imminente du second opus. Cet EP gavé de six titres devient tout simplement "The Maxi EP".

Quoi de mieux pour cela que de proposer carrément la future pièce-titre "Clown In The Mirror" ?
Et bien en fait, c'est à double tranchant. Étant donné le caractère très posé de ce morceau, reposant essentiellement sur une basse solide de Steen Mogensen et les claviers en dentelle d'André Andersen, le titre s'insère parfaitement en préambule aux quatre reprises acoustiques du premier album, grâce au fait que la domination de claviers opulents sera visiblement plus mesurée sur "Clown In The Mirror". Par contre, cette pièce-titre tout en nuances et relativement calme ne risquait-elle pas de donner une fausse impression de l'album à venir, et en quelque sorte de rendre son rôle de teaser contre-productif ?

L'inédit "Bad Luck" n'est lui clairement pas à la hauteur des dix pépites (onze avec "Day In, Day Out") de "Land Of Broken Hearts" même s'il se laisse écouter.
Non le cœur de cet EP ce sont bien évidemment, vous l'aurez compris, ces relectures du premier album. Et ça commence tambour battant avec "Stranded" qui conserve ce refrain immédiat parfaitement servi par Henrik Brockmann. Le groove change forcément un peu avec un accompagnement essentiel de guitare acoustique, instrument sur lequel André Andersen s'avère aussi efficace que derrière ses claviers. Mais le morceau conserve tout son attrait. La plus grande réussite vient pour moi de la réinterprétation grandiose de "Land Of Broken Hearts" où le piano prend toute sa place au centre du mix et où les chœurs d'Henrik Brockmann et de ses potes font un malheur.

"Age Gone Wild" ne subit en revanche pas de transformation majeure, l'original bénéficiant déjà d'un arrangement relativement sobre. Et "Kingdom Dark" si elle a pour moi bien plus d'impact en version électrique, conserve toute son côté classieux (limite pompeux même pourrait-on dire) qui nous fait dire une fois plus que ROYAL HUNT n'a vraiment pas choisi son patronyme au hasard.

D'ailleurs, savez-vous comment cette idée est venue à André Andersen ? Le compositeur danois, d'ascendance russe (il est d'ailleurs né à Moscou) est d'ascendance royale danoise et géorgienne selon ses dires.

Ce "Maxi Ep" quasi acoustique était en tout cas une bonne idée sur le moment pour récompenser les amateurs qui avaient soutenu le groupe en 1992 avec son premier album. Aujourd'hui il faut admettre que "The Maxi EP" a perdu de son intérêt avec les rééditions des deux premiers albums, qui incluent son contenu. Toutefois son écoute reste tout à fait plaisante et juste parfaite pour initier vos amis non-hardos à la musique de ROYAL HUNT.