MANILLA ROAD, en voilà un groupe hors du commun, particulièrement original et qui a touché à tout durant sa carrière : un Heavy Metal guerrier fortement teinté de la NWOBHM, un Doom plus monolithique que nature et même du progressif tel que l'envisageait KING CRIMSON an temps de sa splendeur. Pour son premier effort, MANILLA ROAD était d'abord tourné en grande partie vers la NWOBHM et "Crystal Logic" s'impose d'ores et déjà comme un classique du genre. L'ambiance viking, les riffs d'outre-tombe (pour l'époque) et la voix nasillarde de Mark Shelton suffisent toutefois à distinguer MANILLA ROAD des autres groupes du genre. "Crystal Logic" est sûrement l'album le plus accessible de MANILLA ROAD, idéal pour commencer en douceur car il ne contenait pas encore de longs morceaux épiques. À l'exception du lyrique "Dreams Of Eschaton" / "Epilogue" qui s'étend sur 12 minutes, avec une superbe intro acoustique type médiévale. Sur ce titre, l'imagerie viking de MANILLA ROAD prend toute sa dimension.

Rien que du classique sinon sur "Crystal Logic", avec "Necropolis" (la quintessence du Heavy Viking de MANILLA ROAD se trouve ici), "Flaming Metal System" et sa magnifique collection de riffs heavy et mélodieux, le très Rock "Feeling Free Again". Quelques morceaux se font déjà plus pesants et annoncent le Doom à venir, comme "The Veils Of Negative Existence" et "The Riddle Master". Et si "Crystal Logic" ne paraît pas très varié et moins ambitieux que les albums qui lui succéderont, le talent est déjà présent. Mine de rien, la moitié des titres sonnent comme des classiques de la NWOBHM, on a fait pire comme référence non ? Enfin, "Crystal Logic" a beau être classique, il ne l'est apparemment pas assez pour la horde de metalheads à peine remis des premiers albums de BLACK SABBATH. L'album passera inaperçu mais cela n'empêchera pas MANILLA ROAD d'aller plus loin encore dans la conquête de nouvelles terres en friche (du Doom et du Prog en 1983, on ne pouvait pas faire moins tendance).