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HEAVY THRASH  |  STUDIO

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MANILLA ROAD - The Courts Of Chaos (1990)
Par MEGATHERION le 22 Juillet 2010          Consultée 8137 fois

Pour la première fois de leur carrière, les Américains de MANILLA ROAD avait vraiment déçu leur auditoire avec leur précédent opus, "Out Of The Abyss", en privilégiant un Thrash technique, certes de bonne facture, mais finalement ennuyeux. Les ambiances épiques s'étaient effacées au profit de rythmiques rapides mais apparaissant trop froides et désincarnées. Il était urgent de redresser la barre et de revenir aux fondamentaux, sous peine de perdre définitivement un public déjà bien clairsemé, décontenancé par ces expérimentations hasardeuses.

Mais l'accouchement de cet album fut très compliqué, et il se fit dans la douleur. Une fois de plus serait-on tenté de dire, tant ce fait est récurrent dans la discographie du groupe. En effet, des dissensions sont apparues entre Randy Foxe, l'excellent batteur, et Scott Park le bassiste, qui participèrent aux albums mythiques du groupe depuis 1984. Dorénavant, ils ne pourront plus se voir en peinture. A tel point que chacun n'adressera plus la parole à l'autre, et qu'ils finiront par enregistrer leurs parties instrumentales respectives chacun de leur côté, en évitant la présence de l'autre. Ce climat ne fut donc pas très propice à l'élaboration de ce huitième album studio, et il fut donc très difficile pour Mark Shelton, l'homme-orchestre, de l'achever.

Pourtant, malgré les difficultés, on peut dire que "The Courts Of Chaos" est globalement une belle réussite. Le trio a semble-t-il fini ses expérimentations trop technico-thrashys et vient nous délivrer une galette avec des ambiances étranges et originales. Certes, il y a tout de même quelques relents émanants de la même veine que "Out Of The Abyss", mais le tempo est beaucoup moins élevé et l'on retrouve (enfin!) l'aspect épique qui faisait tant défaut. Et l'album, aux paroles toujours inspirées en grande partie par le mythe de Cthulhu d'H.P. Lovecraft et l'univers de Robert Howard, possède un cachet authentique.

Par ailleurs, la musique du groupe a encore évolué. Ce qui change surtout sur ce disque, et qui apporte un plus indéniable, c'est l'emploi du clavier que l'on retrouve sur de nombreux titres. Le son de la batterie s'avère lui aussi différent, paraissant quelque peu « synthétique », ce qui pourra décontenancer certains ; il m'a fallu un certain temps pour m'y habituer. Comme bien souvent avec les productions de MANILLA ROAD, le morceau d'ouverture plonge immédiatement l'auditeur dans l'atmosphère qui prédominera par la suite. Et quel titre! Cet instrumental, "Road To Chaos", est une véritable tuerie qui capte immédiatement l'attention, où une fois de plus Shark nous délivre ses notes si inspirées. Une ambiance à la fois sinistre, étrange et majestueuse, qui évoque une errance puis une lente chute dans les profondeurs d'une dimension aussi mystérieuse qu'insondable... Puis tout d'un coup, une explosion guitaristique jaillissant en tous sens, l'instrument du maître étant merveilleusement accompagné par un orgue-clavier surprenant. Très belle entrée en matière!

Là où on reconnaît le savoir-faire du trio de Wichita, c'est sur les mid-tempos où nous retrouvons le groupe comme aux plus beaux jours. "Into The Courts Of Chaos" par exemple, au début calme, typiquement Roadien, avec un clavier discret mais hypnotique, des arpèges classieux, le chant ample et évocateur de Mark, une rythmique « aquatique », du fait de l'emploi de la Flanger. Ce titre nous plonge dans les cours du Chaos, là où eurent lieu de furieuses batailles et où périrent de valeureux guerriers se battant et défendant des causes oubliées...
"A Touch Of Madness", lui aussi fait mouche, en utilisant les mêmes ingrédients et une rythmique tout aussi liquide, lancinante exploration de la folie, avec au milieu du morceau un pur chant épique poussé à son paroxysme. Ou encore, le très bon "The prophecy", qui nous raconte, une fois n'est pas coutume, la fin d'une humanité conduite au bord de son extinction,qui s'épuise dans une guerre contre les machines. On assiste ici à une débauche d'effets spéciaux, où Shelton se défoule dans un long titre original et complexe, qui fourmille de trouvailles intéressantes.

Un album de MANILLA ROAD n'en serait pas un s'il ne recelait pas quelque chose d'inattendu. Au chapitre étrangeté, une curieuse mais excellente reprise d'un groupe texan dénommé BLOODROCK qui connut, semble-t-il, son heure de gloire à la fin des années 70, avec ce titre "D.O.A." (Dead On Arrival), que l'on pourrait traduire par "Mort à l'Arrivée". C'est bien la première fois que le groupe s'essaie à une reprise. Drôle de morceau, qui évoque la vision d'un accidenté observant ce qui se passe autour de lui, alors que les secouristes tentent de le sauver. Il tente de se remémorer la scène et le choc qui l'ont conduit dans cette situation. L'atmosphère s'avère à la fois froide et sinistre, telle une marche funèbre, et en même temps psychédélique. La victime voit le regard figé de sa petite amie fixant le vide, sent progressivement arriver sa fin prochaine, sur fond de clavier lancinant et sirènes d'ambulance. Vraiment original.

Mais le plus enthousiasmant, c'est la pièce maîtresse qui conclut cet album de façon magistrale. "The Books Of Skelos" en effet, est l'un des titres d'anthologie du groupe, qui renvoie ni plus ni moins à l'autre référence mythique, "The Deluge". Comme ce dernier, il est construit en 3 parties. Le barde Mark Shelton nous révèle ici le contenu d'ouvrages que d'obscurs scribes n'auraient jamais dû écrire.
Ainsi, Le livre des Anciens nous captive dès les premières lignes, il nous entraîne progressivement, jusqu'au point de non retour, en évoquant des chroniques sombres et terribles, écrites dans d'antiques livres maudits, faits en peau humaine et que nul ne peut consulter sans abandonner une partie de sa santé mentale... Ces œuvres malsaines racontent des faits et des luttes ancestrales entre entités monstrueuses, bien avant que le race humaine n'apparaisse. Ils contiennent la vérité, les secrets de la vie, de l'immortalité et de la magie noire.
Puis, le Livre des Ombres nous dévoile les horreurs obscures auxquelles la magie noire prête vie, la puissance de sorts cauchemardesques et ténébreux. Ces scènes nous sont dévoilées par le maître de cérémonie en personne, complètement possédé, qui éructe un « By the books! » impressionnant.
Enfin, le Livre des Crânes nous propulse au neuvième cercle des enfers, où des prêtres démoniaques, adeptes de la nécromancie, se livrent à des sacrifices impies, offensant une humanité qui n'a plus de sens. Parodies d'êtres vivants, vulgaires jouets pathétiques dans les mains de leur maîtres, les humains, à tout jamais réduits à l'esclavage, ne seront plus que des serviteurs décérébrés...
Ce morceau est une lente montée en puissance savamment distillée, qui nous oppresse petit à petit, avant que ne se déclenche une bourrasque heavy-thrash qui balaie tout sur son passage, au final cataclysmique qui s'achève en apothéose. Superbe offrande pour terminer comme il se doit ce huitième album studio. Et dire qu'il ne figurait pas sur le 33 tours d'origine, mais uniquement sur la version CD !

Cet opus aurait même pu être presque parfait, mais hélas, il contient quelques scories, des titres moins intéressants comme "Vlad The Impaler" ou "From Beyond", qui empêchent cet album de figurer au même rang que les mythiques "Open The Gates" ou "The Deluge". Cependant, MANILLA ROAD est parvenu à rassurer, et ce "The Courts Of Chaos" constitue une très belle pièce dans la discographie du groupe. Mais sorti dans l'anonymat le plus complet, il ne rencontra que l'indifférence générale. Miné par le conflit ouvert entre deux de ses membres, le groupe acheva ici la première partie de sa carrière, même si deux ans plus tard, Black Dragon sortit un vrai-faux album, "The Circus Maximus", qui était en fait un projet différent mené par Mark Shelton avec d'autres musiciens.

Heureusement, l'histoire n'était pas finie. Toujours resté underground, MANILLA ROAD avait su malgré tout conquérir (surtout en Europe) une fan-base indéfectible, qui espérait toujours un improbable retour. Surtout, le groupe avait, grâce au talent d'un guitar-hero de la trempe de Shelton, à un batteur d'exception comme Randy Foxe, à des compositions et à un style original et inimitable, imprimer une marque indélébile, inspirant de nombreux groupes et musiciens initiés.
Après une longue interruption de dix ans, Mark Shelton décida de reprendre du service. Motivé par les organisateurs d'un festival True Metal allemand et des fans de la première heure, la légende se poursuivit et continue encore aujourd'hui pour notre plus grand bonheur.

4/5.

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   MEGATHERION

 
   ERWIN

 
   (2 chroniques)



- Mark 'the Shark' Shelton (guitare, chants)
- Randy 'thrasher' Foxe (batterie, claviers)
- Scott 'scooter' Park (basse)


1. Road To Chaos
2. Dig Me No Grave
3. D.o.a.
4. Into The Courts Of Chaos
5. From Beyond
6. A Touch Of Madness
7. (vlad)the Impaler
8. The Prophecy
9. The Books Of Skelos
- The Book Of Ancients
- The Book Of Shadows
- The Book Of Skulls



             



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