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METAL-PROGRESSIF-EXTRÊME  |  STUDIO

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2012 1 Riitiir
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- Membre : Tartaros, Emperor, Skuggsjá, Drott, Blood Red Throne, Gehenna, Borknagar, Audrey Horne, Demonaz, Trinacria, God Seed, Ov Hell, Red Harvest, Evig Natt, Thundra, Aura Noir, Djevel
 

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ENSLAVED - E (2017)
Par WËN le 23 Février 2018          Consultée 7370 fois

Il est de ces groupes, au parcours sinueux, qu'il n'est pas toujours évident de suivre. Se plaisant à présenter chacune de leurs œuvres comme d'évolutifs soubresauts au sein d'une serpentine discographie, ces groupes, imprévisibles car touche-à-tout, aiment à se laisser guider par leurs envies du moment, au gré de leurs propres découvertes. ENSLAVED n'est assurément pas de ceux-ci. Car même si nous saurons volontiers lui reconnaître ce goût à l'expérimentation qui lui sied si bien depuis "Mardraum" (2000), mais surtout depuis la paire "Monumension"/"Below The Lights" (2001-2003), force est pourtant de constater que le combo norvégien a toujours pertinemment su vers quoi il aspirait à tendre, ne cachant plus depuis belle lurette ses velléités progressives. Sans jamais mettre entre parenthèses la facette viking de ses débuts sous l'œil approbatif et vigilant d'Odin, cette dernière s'est néanmoins vue reléguée en toile de fond sur les albums du second millénaire. Encore présente dans les concepts et dans une certaine philosophie du riffing, certes, il ne devenait néanmoins plus guère possible de classer les natifs de Haugesund dans la branche purement Viking de notre musique favorite, les idées proposées ne répondant plus forcément aux trop restrictifs canons du genre.

D'autant plus, depuis ce tournant que constitua le majestueux "Riitiir" (2012), voyant la bande verser définitivement sur le versant progressif de son art. Nouveau label (Nuclear Blast), mix plus moderne (Jens Bogren), ENSLAVED n'eut jamais autant d'atout pour asseoir sa domination et passer au palier supérieur, au détriment d'un certain "son" Black Metal il est vrai. Mais qui leur en voudrait ? Suivre la carrière d’ENSLAVED pour en arriver à ce quatorzième nouvel album nécessitant déjà une conséquente ouverture d’esprit, les moins persévérants auront déjà tourné les talons pour s’en revenir vers les onze albums précédents (quatre, pour les plus irrécupérables) afin d’y noyer leur chagrin. Les autres, explorateurs sonores de notre époque, les auront suivi sur le bien nommé "In Times", revigorant les aspirations ancestrales du groupe, mais qui à notre avis marquait malgré tout un (très) léger recul car s’égarant parfois en chemin (compos longues sans forcément se renouveler)… Ou peut-être juste car moins bluffant que son prédécesseur.

2017 décline, imperturbable, que déboule donc ce sobrement intitulé "E". Ses teintes automnales une fois de plus signées Truls Espedal (en vogue depuis 2001) sont en charge d’accompagner un concept là encore extirpé des cerveaux en ébullition du couple Grutle Kjellson (basse, chant) / Ivar Bjørnson (guitare, synthés). À l’heure où, plus que jamais, notre société se scarifie au nom de fausses idoles prônant un individualisme exacerbé et débilisant (du sacro-saint Dollar à toute autre forme de culte), la paire norvégienne tente cette fois-ci de nous rappeler que sans entraide, sans un minimum de confiance et de coopération avec autrui, vouloir atteindre tout but personnel risque au final de ne demeurer qu’un vain espoir. Une trame qu’à sa manière, elle étendra ici à un contexte plus global, plaçant l’homme devant ses contradictions envers son environnement, menacé mais pourtant vital. Avant de pénétrer plus avant dans l’étude de ce runique recueil, précisons encore ce changement de personnel significatif avec le départ de Herbrand Larsen (emblématique claviériste et chanteur "clair") remplacé par le jeune prodige Håkon Vinje (25 ans, déjà en poste chez le Rock-Expé-Jazzy de SEVEN IMPALE), mais faible de conséquences tant le mimétisme vocal est sidérant, mais vraiment. Enfin, tant que nous y sommes, sachons aussi garder à l’esprit qu’à l'instar de leurs cousins grecs de SEPTICFLESH ou de leurs voisins d'OPETH (même si sans cassure brute ici), ENSLAVED, fait indubitablement partie de ces formations ayant tellement évolué depuis leurs origines, que juger un nouvel album en le comparant aux prémices de leur carrière n'a ici plus aucun sens. Ne soyez donc pas surpris en voyant s’étendre des comparaisons davantage basées sur leurs récents travaux.

Et d’ailleurs d’entrée de jeu, ou tout du moins une fois passée la calme et surprenante intro (venant d’un ENSLAVED plus familier à débuter ses joutes tambour battant), le moins que l’on puisse dire de ce "E", c’est qu’il semble tenir toutes ses promesses… Ou, en tout cas, tous les espoirs placés en lui, si comme nous "In Times" ne vous avait pas rassasié. Car ici, l’envie des Norvégiens, à vouloir ainsi synthétiser le meilleur de leurs deux dernières productions, paraît évidente.

De "Riitiir", le combo conserve ainsi son goût pour le riff tortueux et aventureux, ce type même qui arrive à surprendre en plaçant, là et sans crier gare, la note qu’il faut, la mesure composée qui réjouit et qui - on ne sait pas pour vous - ne manque pas de faire bondir d’allégresse notre petit cœur, stimulé de la sorte à de multiples reprises ("Storm Son", "Hiindsiight", "Axis Of The World" qui sait en mettre plein la vue dès que la guitare part se la jouer solo). C’est d’ailleurs dans ces débordements, qu’ils soient progressifs (KING CRIMSON) voire plus psychédéliques dans leurs sonorités, tous claviers dehors (cf. l’orgue Hammond de "Sacred Horse" qui ne manque pas d’évoquer quelques débordements OPETHiens, époque "Ghost Reveries"), qu’ENSLAVED se montre le plus rayonnant. Pour qui saura suffisamment tendre l’oreille, notons aussi que Cato Bekkevold (batterie) délivre une prodigieuse prestation. Mais vous vous en doutez bien, il n’est bien sûr nulle question ici de renier "In Times" et ce dernier pourra assez logiquement et souvent se rappeler à notre bon souvenir dès que les compositions s'orneront d’un esprit davantage "viking" au détour de chœurs masculins (les refrains de "Storm Son", "Axis Of The World"), d’un pont ambiant réussissant à subtilement évoquer la froide beauté des fjords nordiques ("Sacred Horse", la caution 'WARDRUNA' de l'album), ou plus généralement d’un morceau au feeling plus immédiat ("The River's Mouth" par exemple).

Poursuivant donc sur sa lancée, sa patte moderne demeure ici indéniable comme, par exemple, lorsqu'il s'agit de dépeindre le paysage sonore environnant ("Axis Of The World", "Feathers Of Eolh"). Le groupe ne s'y montre jamais en reste et, à grand renfort d'effets en tout genre (boucles organiques discrètes, quelques bruitages) utilisés avec astuce, il parvient ici à nous faire voyager sans difficulté au gré de quelques accents Post Rock et ce, tant physiquement que temporellement. Soit, nous évoquons ici les effets sonores et de claviers, mais le travail sur les guitares, plus que jamais, ne saurait être en reste, notamment grâce à un soin méticuleux apporté aux différentes façons de les faire sonner. Comme de coutume, l’imparable Norvégien n’en oublie d’ailleurs pas de décocher quelques riffs furieusement Black Metal que bien d’autres formations se revendiquant plus extrêmes ne rechigneraient pas à accrocher à leurs partitions (lors du retour du riff final de "Sacred Horse", ou sur "Storm Son", encore lui, qui se veut au final très représentatif du disque). De même, au rayon des fondamentaux inhérents à la formule d'ENSLAVED depuis un bon nombre d’années maintenant, il n’est pas surprenant de le voir miser sur la dualité vocale afin de renforcer son concept (entre les intonations extrêmes de rigueur de Kjellson et le chant clair maintenant assuré par Vinje), rappelant que son Metal Prog - et c’est sans doute ce qui fait sa force - s’inscrit définitivement dans un terreau extrême. Enfin, quelques guests sont à signaler, dont celui d’Einar ‘Kvitrafn’ Selvik au chant (WARDRUNA et officiellement meilleur-tout-nouveau-pote de Bjørnson depuis l’ère SKUGGSJÁ, dorénavant HUGSJA, et la naissance de By Norse Music) ainsi que les diverses interventions saxophonées de Kjetil Møster (tous deux sur ce limpide "Hiindsiight" de clôture). Une flûte viendra aussi s’immiscer sur la bien-nommée "Feathers Of Eolh" (mais plus discrète, il faudra davantage tendre l’oreille sur ce coup-ci).

Moins Prog que "Riitiir", plus équilibré que "In Times", c’est à nouveau une très belle offrande, le haubert lustré et avec ce quelque chose de sauvage et de sanguinaire dans le regard, que nous confie là ENSLAVED. Un mix réussi des deux disques susnommés. Même si sur la forme, "E" n’est guère surprenant, le groupe s’y concentrant sur ses récents acquis, force est d’avouer que sur le fond il arrive encore et sans peine à nous prendre et nous perdre dans ses tourbillonnants méandres d’énergie en alignant là, un riff ébouriffant, ici, un passage bien psyché et là-bas, une accélération destructrice. Un bel album, donc, qui illustre parfaitement la maîtrise dont savent faire preuve les Norvégiens mais qui, peut-être par un léger (et tout relatif) manque d’audace, peut-être - aussi - à cause de ce syndrome des six titres nous le laissant paraître plutôt court (malgré ses 50 minutes, tout de même) n’atteindra pas forcément notre sélection hebdo, ses abords plus ‘confortables’ (nous n’avons pas non plus dit ‘paresseux’), un peu à la manière d’un "Ruun" en son temps, l’empêchant de faire date dans une discographie déjà riche de quelques étoiles qui parsèment le noir ciel scandinave en luisant davantage que lui. Ceci-dit, nous continuons à adhérer complètement à la démarche… Et sans doute même le préférons-nous à son prédécesseur. Question d’appréhension personnelle…

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Par MEFISTO




 
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   (3 chroniques)



- Grutle Kjellson (chant, basse)
- Håkon Vinje (chant, claviers)
- Ivar Bjørnson (guitare, chœurs)
- Arve Isdal (guitare)
- Cato Bekkevold (batterie)
- Einar Selvik (invité, chœurs #6)
- Kjetil Møster (invité, saxophone #6)
- Daniel Måge (invité, flûte #5)


1. Storm Son
2. The River's Mouth
3. Sacred Horse
4. Axis Of The Worlds
5. Feathers Of Eolh
6. Hiindsiight



             



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