Voici la première trace visuelle (officiellement !) d’un groupe qui a su se régénérer au fil du temps. ENSLAVED fait dans le Black, tout le monde s’accorde sur ce point. Par contre, ce qui chatouille plus les pointilleux, c’est le modernisme - quasi progressif aux relents psychédéliques comme sur "Mardraum" (2000) par exemple - qui envahit l’évolution artistique des Norvégiens tout en conservant son côté « roots » - épique à tendance Viking - d’origine !!! Oui, je sais, c’est paradoxal mais écoutez attentivement "Monumension" (2001), "Isa" (2004) ou encore le petit dernier en date "Vertebrae" (2008). C’est, comment dirais-je, hum, perturbant.

Ici, nous avons droit à une carte postale sonore et visuelle datant de 2003. Cette même année, ENSLAVED sortira son septième album "Below The Lights".

"Live Retaliation" revisite donc la carrière du groupe à tous (!)les stades de son évolution. Que ce soit de leur démo "Hordanes Land" (1993) à l'album de 2001 en passant par l'inévitable "Frost" (1994) ou encore le fougueux "Blodhemn" (1998), y compris en exclusivité, pour l’époque, trois titres de l’album en devenir. De plus, ENSLAVED se fend d’une reprise d’AUTOPSY "Retribution for the dead" et s’en sort à merveille ! Concert étrange donc mais qui a la particularité de démontrer que le traditionnel extrême et son développement novateur (plus posé, au chant parfois clair) peuvent s’unir sans que cela sonne faux.

ENSLAVED fait dans l’authentique et sa prestation scénique lui ressemble. Sobre, efficace - pas de maquillage ni de « jetés » sanguinolents grandguignolesques - allant droit à l’essentiel et partageant son patrimoine en osmose avec son public. Celui-ci est le chanceux de Krakow (Cracovie) connut pour sa qualité d’enregistrement impeccable.

Le son est donc bien au rendez-vous et la qualité d’exécution ne fait pas défaut. Les mouvements de caméra apportent aussi une image de caractère. Pourtant, je reste persuadé que vivre un concert d’ENSLAVED est plus enrichissant si nous y participons plutôt que de regarder en DVD. Ici, les musiciens restent statiques (sauf les hochements de tête) et font la gueule (excepté notre Grutle !) à croire que le Black s’écoute, se vit mais ne se visualise pas en live. Je dis non ! Voyez lorsque le sympathique bassiste/chanteur présente son groupe et la manière dont chacun s’affiche à l’évocation de leur identité, « pffffffttt » ai-je envie de dire. Passons…

Excellent Black sans fioriture et saupoudré d’une nappe de synthé toujours discret mais qui amène son lot d’émotions. Entre les parties extrêmement fulgurantes et les ambiances atmosphériques calmes, ENSLAVED peut se targuer de nous emmener vers des contrées que nous n’aurions jamais découvertes sans eux. Ils ont le don de nous transposer, le temps d’un instant, vers une époque révolue, où seuls les plus braves, les plus courageux voire les plus téméraires ne déméritaient pas dans leurs actions. Ils bravaient les événements pour les sublimer. C’est exactement ce que ce groupe de légende nous retranscrit musicalement !

Vous retrouverez également des bonus comme de nombreuses interviews du groupe - tout ce vous voulez connaître et que vous n'avez jamais su aborder ! - ; des titres audio promotionnels (et quelque peu différents, sorte de démo) provenant du cultissime "Frost".
Mais il y a deux raretés surtout: d’une part, un inédit intitulé "Sleipnt" qui fut réalisé en 2000 (instrumental véloce entre "Vikinglir Veldi" et "Eld") ainsi que, d’autre part, un titre qu’ils ont l’habitude de jouer en concert mais dont ils n’ont jamais pris le temps d’enregistrer en studio. Je veux parler de la fameuse ode dédiée aux us et coutumes du Grand Nord qu’est "Viking Metal". Ensuite, une interminable longue liste concernant ENSLAVED se trouve dans les « extras » du DVD comme des photos, la discographie, le site, etc…

Vraiment une bonne pioche, sincère et généreuse pour tous ceux qui aiment l’extrême Black Metal !