Il fait extrêmement froid, la solitude vous pèse au point d’un probable non retour et votre mental se détériore devant cette débauche luxuriante, chimérique et éphémère suppurée, en cela, par un monde qui se voudrait global, satisfait et merveilleux… en prenant bien soin d’isoler les récalcitrants !

Alors haine des concepts et mépris de son prochain ? En tant que copie de copie, oui mais en temps que cheminement vers la source des émotions et de ce qu’il y a vraiment au cœur de l’être humain, non ! FORGOTTEN TOMB va se procurer une "joie" immense en vous offrant sa version des faits.

D’abord, ce qui ressort de "Springtime Depression", c’est cette atmosphère crue, sans vie mais qui sait, par l’entremise d’un mid-tempo des deux premières réalisations sonores, nous souffler une haleine au bord de l’écoeurement. Pas pour son remugle étouffant mais bien par sa caractéristique misanthropique. Les sentiments négatifs débordent et, bien que nous aimions le genre, ils pourraient être repoussants… C’était sans compter sur la sensibilité particulière de ce cher Herr Morbid.

Maladif et malsain, compulsif et cathartique, intimiste et angoissant.

Néanmoins, si ces quelques propos ne vous ont pas répulsés, alors plus que probablement, FORGOTEN TOMB et plus particulièrement "Springtime Depression", sont faits pour vos oreilles délicates, point n’en faut de trop (en général, deux suffisent ! ). Black et Doom en parfaite symbiose : voix inhumaine et lourdeur dans l’exécution des titres, contrepoint des arpèges dépressifs et des riffs saturés qui ont le don de décliner un univers glacial en jouant principalement sur les intermédiaires entre deux notes (privilégiant plus les dièses que les bémols car ainsi, vous aurez la sensation de tristesse plutôt que d’euphorie lorsque ces dernières s’enchaîneront : c’est technique, l’important est de s’imprégner du travail maîtrisé par le groupe).

Rares sont les moments de pur Black boosté dans cette approche musicale. En fait, il n‘y a que "Daylight Obsession" qui se veut rapide - du moins elle se démarque des autres compos - tout comme cette sublime plainte instrumentale qu’est le quatrième titre (éponyme de cet album). Déprimant comme jamais, ce morceau a bien sa place dans cette "dépression printanière" tant le rendu est poignant sans être mièvre. Plutôt introspectif et mélancolique à outrance, bref, la larme nous guette…

Disons que seule la voix est de facture classiquement Black et les partitions tendraient plus vers un Doom sans en être tout à fait. Album assez linéaire, faut bien en convenir. Dans le sens où les tournures d’accords tournent régulièrement en boucle pour nous maintenir dans une attitude permanente d’empathie aux ambiances morbides qui pourraient (devraient ?) nous toucher… personnellement. Attention, je n’ai pas dit que cet album est plat, djûûû ! Évidemment que non. Les ambiances sont privilégiées au détriment d’une multitude d’émotions. C’est en cela qu’il est linéaire. L’album, quant à lui, tient la distance dans le dosage et permet donc cette uniformité.

La reconnaissance mondiale - hors underground, s’entend - est aussi arrivée par l’entremise de ce "Springtime Depression" pour ces Italiens au ton résolument inverse des clichés exubérants, ventilés à tour de gestes incompréhensibles - sauf pour celui qui les fait ! - et dont le débit vocal est hallucinant pour qui découvrirait l’Italie en général et ce, pour la première fois ! L’amitié, quasi unanime, proposée par les Latins est définitivement recrachée par FORGOTTEN TOMB ! Aussi, c’est par leur musique que nous allons - peut-être - communiquer avec Herr et son univers… Vous savez donc ce qu’il vous reste à faire…