Tourments, dépressions, misanthropie et suicides à n’en plus finir : vous voilà prévenus…

Ici, FORGOTTEN TOMB va se transformer délicatement, sans renier son passé, en améliorant le son… tout en peaufinant ses ambiances glaciales et solitaires que nous recherchons, un temps soit peu, si nous aimons un tantinet le groupe.

Personnellement j’accroche beaucoup plus au confinement maladif et malsain élevé à un plus haut niveau qu’est "Spingtime Depression" (2003). Mais bon, cet album a également ses atouts. Certes, ils sont tout autres. En effet :

Première apparition de la « vraie » voix - autrement dit « claire » - d’Herr Morbid et, le moins que nous puissions dire, c’est que ça en valait la peine. Pousser le chant à ce stade, c'est un plus indéniablement. La rupture est toujours bien présente, n’en doutez pas. Ce changement perpétue néanmoins cette continuité dans l’état dépressif comme nous aimons. Aller nous épancher en dedans et divaguer à l’écoute des différents albums du groupe, voilà qui nous bouleverse ; par sa qualité introspective qui définit son art propre et distinct. Un autre revirement notable est celui des moments de respiration. "Negative Megalomania" est plus aéré dans ses compositions que par le passé et c’est là, m’est avis, que les fans de la première heure ont eu du mal à assimiler.

Plus facile d’accès que ses petits camarades, il n’empêche qu’il faut aimer le genre Black suicidaire si nous voulons percer le mystère de cet être qui ne cesse d’en vouloir à la Terre entière en errant dans la tourmente abyssale et solitaire d’une absence répétée et à jamais non-digérée, amère, voire injustement ingrate…

Un passage me fait penser directement à PARADISE LOST (période "Icon") à 9'13" du morceau éponyme. Pour le reste, FORGOTTEN TOMB garde son identité et prolonge l’agonie vénérée par ce sobre et intimiste "Negative Megalomania".

Les morceaux s’étendent en moyenne autour des 11 minutes (sauf le 1er dans les 7’ et le dernier dans les 14’), ce qui permet d’installer la lourdeur « doomesque » des riffs aliénés aux vociférations « blackiennes » du porte-parole ! Mais ça déserte un peu le groupe, car nous avons parfois le sentiment de répétitions inutiles dans l’écoute des structures musicales. Oh, elles sont de très bonne facture, rassurez-vous, cependant, après avoir parcouru de long en large la carrière de FORGOTTEN TOMB, vous conviendrez avec moi qu’il manque un « je-ne-sais-quoi » pour en faire une toute grande référence du genre.

Les arpèges et passages lents sont d’une tristesse si froide que nous en sommes, le temps d’un instant, prostrés… ne sachant plus l’importance des priorités et donc du bien-être qui nous doit d’exister.

Toujours sous la forme d’un quatuor, FORGOTTEN TOMB ne cesse de délivrer ses ambiances malsaines, aux confins de l’oubli et du mal-être. Qu’importe, ces Italiens savent de quoi ils parlent et leur musique aide certainement les âmes en peine parmi nous qui n’arrivent pas (ou plus) à accrocher à cette vie qui est si précieuse à l’être humain. Un groupe comme celui-ci a toute son importance pour une catharsis salvatrice d’un nombre non négligeable d’entre nous. Ils ne vont pas bien - eux et le groupe - et FORGOTTEN TOMB peut subvenir, par l’entremise d’un art sublime permettant d’enfanter des sonorités musicales qui nous percent à jour, maintenir une cohérence de l’existence malgré le manque et la frustration actuelle et quasi permanente pour quelques-uns d’entre nous… Les autres, tels que moi, savent qu’il fallait passer par là pour comprendre et, par le fait, apprécier une formation musicale telle que FORGOTTEN TOMB.