Après une montée en puissance de deux albums et un EP, la folie furieuse de SLAYER s'est déchaînée sur "Reign In Blood" qui montrait davantage d'influences Punk que ces premiers efforts héritiers de la NWOBHM. Sorti au bon moment, "Reign In Blood" a constitué un sommet d'agressivité et une orgie de riffs parfaite pour le faire entrer dans la légende, en cette année 86 qui verra l'apogée du Thrash Metal.

Pour perdurer, le groupe aurait pu faire un "Reign In Blood" II mais il a intelligemment proposé un disque en contraste, où le Heavy transpire par tous les pores ("Ghosts Of War") et où toute la place est laissée aux mélodies, Tom Araya chantant bien plus qu'il ne hurle sur ce quatrième opus des Californiens ("Behind The Crooked Cross") et se permet même une reprise du "Dissident Aggressor" de JUDAS PRIEST qui révèle la puissance de ces riffs posés sur bandes par Roger Glover en 1977. Chacun des musiciens de SLAYER a davantage la place de laisser s'exprimer la versatilité de son jeu (Dave Lombardo le premier) et les riffs assassins désormais légendaires du combo sont loin de pointer aux abonnés absents, bien au contraire. Balançant riff culte après riff culte, la paire King/Hannemann est en pleine bourre et le ralentissement du tempo n'a rien fait pour calmer leur contour acéré à chacun. Au contraire, elle leur permet même de délivrer des soli bien plus lisibles.

"South Of Heaven" ne manque pas d'hymnes, à commencer par sa pièce-titre, qui ne bougera plus des setlists du groupe, avec son introduction lugubre qui m'évoque dans son développement le "Metal Heart" d'ACCEPT sorti deux ans plus tôt. Mais plusieurs classiques sortiront de cet album ("Silent Scream", "Mandatory Suicide") et s'il est parfois considéré comme le maillon faible de l'imparable trilogie 86-90, "South Of Heaven" en est sans nul doute le plus mesuré et le plus mid-tempo, et il a toujours été mon album studio préféré de SLAYER, le meilleur album du groupe étant comme tout le monde sait le "Decade Of Aggression" de 1991.