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THRASH METAL  |  STUDIO

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1983 Show No Mercy
1984 Hell Awaits
1986 Reign In Blood
1988 South Of Heaven
1990 Seasons In The Abyss
1994 Divine Intervention
1996 Undisputed Attitude
1998 Diabolus In Musica
2001 God Hates Us All
2006 Christ Illusion
2009 World Painted Blood
2015 Repentless
 

- Style : Machine Head, Alkoholizer, Holy Moses, Enforced, Exhorder, Evile, Demiricous, Harlott, No Return, Kristendom, Metallica, Sadus
- Membre : Suicidal Tendencies, Grip Inc.
- Style + Membre : The Big 4 , Exodus, Forbidden, The Unholy Alliance , Kerry King

SLAYER - Diabolus In Musica (1998)
Par CANARD WC le 2 Janvier 2008          Consultée 18959 fois

SLAYER – Diabolus in Musica (1998)

Décembre 1999. C’était une de ces nuits interminables, glacées et humides. Pour payer ce qui ressemblait de moins en moins à des études, je bossais de nuit comme agent de sécurité dans un complexe industriel. Boulot qui consistait à surveiller du vide et des courants d’air. Toute la vacuité de l’existence vous est projetée à la figure après une nuit de 12h à rien branler. Je passais donc le plus clair de mon temps à picoler avec les quelques zombies qui traînaient dans ce taf pour nullards sans envergure.

Je passais pas mal de temps à descendre de la mauvaise bière en fumant des joints avec un collègue fan de SLAYER. La veille, il avait acheté « Diabolus in Musica ». On a découvert l’album en sifflant un pack de kros, chouravé à l’arabe du coin. A cette époque, je ne portais pas SLAYER dans mon coeur. Ce soir là, mon collègue en a pleuré de tristesse. Je crois que ses pleurs et ses grincements de dents résonnent encore dans le fin fond de l’Essonne. Perso, j’étais pas plus étonné que cela : SLAYER faisait de la merde comme depuis toujours. Pour effacer mon sourire narquois, l’alcool aidant, il a bien tenté de me péter la gueule. J’ai senti son poing m’effleurer la tempe. Puis on s’y est mis pour de bon, une bonne baston sur fond de Diabolus. Au boulot, bourré, en pleine nuit.

Ce n’était pas vraiment de la haine, mais du désespoir. Doublé d’un besoin d’évacuer subitement une agressivité latente par un peu d’exercice physique. Après quelques minutes d’un pugilat médiocre, on s’est remis à picoler en écoutant – vidés – les derniers titres de l’album. Le dernier morceau – « Point » - était pas mal avec son riff saccadé. Je me suis levé pour prendre l’air et, en guise de dernière provocation, j’ai hurlé : « Un beau « Point » final à cet album de merde ».

...


Dire que je voue une haine sourde à cet album serait un euphémisme.
Il est l’album qui en son temps m’a détourné de SLAYER. Sans doute l’opus le plus décevant du groupe. Le genre de galette qu’on peut éventuellement apprivoiser à force de multi écoutes sans jamais pouvoir adhérer.

SLAYER in Music-caca.

Pourtant, ça commençait pas mal. "Bitter Peace" ouvre dignement l’album, une rage sourde traverse le titre. Le riff sans être merveilleux est mémorisable, la montée en puissance rappelle la grande époque et ARAYA semble en forme. Légère mutation : des sonorités plus sombres, plus glauques, plus lourdes à la frontière du Death Old School. On appréhende un peu cette évolution mais SLAYER s’en tire bien. Le charme s’estompe rapidement pour laisser à nouveau place à l’inquiétude avec « Death’s Head ». Le riff de basse groovy étonne, tandis qu’ARAYA s’essaie à un style de chant plus haché. Ça accélère, ça repart, ça pulse mais il faut bien l’avouer, on s’ennuie un peu.

Puis, "Stain of mind" déboule. Ça tue. Bâtie sur une structure quasi « pop », ARAYA phrase avec haine, tandis que le refrain en béton armé vous tombe sur le coin du crâne. Le riff, bête comme chou, est instantané. Ça faisait longtemps que SLAYER n’avait pas balancé un titre pareil : jouissif, colérique, fédérateur. Un registre inattendu sur lequel SLAYER envoie la purée avec ardeur. Une lueur d’espoir traverse l’esprit du fan.
"
C’est là que le bat blesse. Passé l’ouragan des trois premiers morceaux, "Diabolus" demeure assez vide. Il semble assez évident que SLAYER a voulu innover, évoluer, toucher d’autres registres en cette période de grand trouble Thrashistique. Le début énergique de l’album laisse place à des morceaux assez fades, le produit d’un groupe qui tourne en rond comme autant de rameurs désynchronisés. Il en ressort une palanquée de titres insipides, sans imagination et d’une pauvreté avouée. Ça manque cruellement de fond, SLAYER n’a manifestement plus grand chose à dire. Alors, l’album accuse le coup méchamment, donnant l’impression que les « Evil Thrasheurs » se sont arrêtés en chemin.

Evidemment, on peut essayer de prendre les choses du bon coté, mais ce serait verser dans une « fan-itude » avouée. Des morceaux comme « Perversion of Pain » ou « In the Name of God » figurent parmi les plus mauvais titres du groupe. Tellement nul que c’est à peine croyable. On avait entendu des trucs médiocres sur Divine et sur Undisputed, SLAYER nous démontre qu’en la matière ils peuvent aller encore plus loin. Pire, on frôle souvent la catastrophe. Prenez « Overt Enemy » par exemple : le riff est chiant, l’intro poussive, ça met des plombes à « démarrer »... Heureusement que l’accélération arrache. Heureusement. Le titre passe alors de nullissime à moyen. Ouf ! On saluera donc le savoir-faire de SLAYER qui, tel l’élève feignant, redresse la barre à la dernière minute pour faire le strict minimum.

J’ai le cœur qui saigne en écrivant ces lignes. C’en est presque une thérapie d’être obligé de massacrer ses chouchous. Si on pose les choses à froid avec un optimisme de forcené, on pourrait parler de Diabolus comme d’un album « à moitié raté » car :

- On compte à peu près 5 titres « corrects » et 6 titres vraiment mauvais.
- SLAYER a pris des risques (en voulant innover, en essayant de coller à l’air du temps...).
- La production est énorme : puissante, claire, intransigeante. Rick RUBIN a fait du bon boulot (comme toujours).
- ARAYA et BOSTAPH sont en grande forme : ce sont les hommes forts de l’album. Leur numéro de duettiste (basse / batterie / chant) donne à Diabolus un tempo d’enfer. Vu la médiocrité générale, ils sont tout simplement bouleversants. ARAYA sauve les meubles, tandis que BOSTAPH tente de transcender SLAYER de son jeu puissant et précis (du niveau d’HOGLAN en moins rapide). En vain.

C’est à peu près tout pour le positif.
Je ne vous refais pas le coup du verre à moitié plein, à moitié vide. Disons que les plus « cools » d’entre nous se délecteront des quelques bons titres en faisant abstraction du reste. Pour ma part, j’aurais plutôt tendance à me taillader le torse en hurlant « NOOOOON SLAYER POURQUOI ??? NOOOOON C’EST PAS POSSIBLE NOOOOOONNNN». Question de sensibilité, sans doute.

Mais peu importe l’affect qu’on met derrière un album de SLAYER, il reste une certitude monolithique : Diabolus est un mauvais SLAYER. Jamais le groupe n’avait semblé aussi faible. Il est l’aveu d’impuissance, le produit limité de l’élève qu’on croyait doué. Le groupe indestructible a explosé en vol.

Tel un colosse aux pieds d’argile, le mythe - à force de s’égratigner - s’est finalement écroulé, laissant un tas de ruine méconnaissable.

(Sigh)


Note : 2/5 (pour la poignée de « bons » morceaux).


Du bon coté de la barrière : Bitter Peace, Death’s Head, Stain of Mind, Screaming for the Sky, Point.

Du mauvais coté de la barrière : le reste.

...


Focus « canardien » : Point.

Je m’en voudrais de conclure cette chronique, sans évoquer ma chanson préférée de l’album : Point. Toute l’évolution de SLAYER est ici résumée en un titre, lançant un pont vers l’avenir et préfigurant ce que sera plus tard God Hates Us All. "Point" est la synthèse réussie de Diabolus.

Le riff basique rampe tel un monstre en colère. BOSTAPH est crépitant, sa double pédale le démange. La construction du morceau rappelle la grande époque. Le riff est posé dans toute sa nuance pachydermique. ARAYA hurle comme jamais, il est en colère – au bord de l’imprécation. Le rythme est pied au plancher pour mieux poser le mid-tempo jouissif. Ça manquait, on en avait oublié le talent du groupe pour manier la décélération comme personne. Les solos sont relégués au fond, un vague brouhaha saturé : on ne joue pas les virtuoses mais les gros bras. Les rois de la rythmique en acier inoxydable. Puis, BOSTAPH sonne la charge finale. ARAYA martèle son couplet dans une conclusion d’une violence inouïe.

"Point" est la démonstration que, quand SLAYER veut, SLAYER peut. Le morceau de par ses possibilités laisse un goût amer, il confirme le raté de Diabolus. Tel l’animal blessé, SLAYER dans un sursaut d’orgueil a remis les couverts par un dernier titre terrifiant. Ou comment mettre le bon Point final à un album regrettable. Je savais bien que j’arriverais à faire un lien avec mon intro...

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- Tom Araya (chant, basse)
- Kerry King (guitare)
- Jeff Hanneman (guitare)
- Paul Bostaph (batterie)


1. Bitter Peace
2. Death's Head
3. Stain Of Mind
4. Overt Enemy
5. Perversions Of Pain
6. Love To Hate
7. Desire
8. In The Name Of God
9. Scrum
10. Screaming From The Sky
11. Wicked
12. Point
13. Unguarded Instinct



             



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