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THRASH METAL  |  STUDIO

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1983 Show No Mercy
1984 Hell Awaits
1986 Reign In Blood
1988 South Of Heaven
1990 Seasons In The Abyss
1994 Divine Intervention
1996 Undisputed Attitude
1998 Diabolus In Musica
2001 God Hates Us All
2006 Christ Illusion
2009 World Painted Blood
2015 Repentless
 

- Style : Machine Head, Harlott, Enforced, Holy Moses, Sadus, Alkoholizer, Razgate, Exhorder, Kristendom, Evile, Demiricous, No Return, Metallica
- Membre : Grip Inc., Suicidal Tendencies
- Style + Membre : Kerry King, Exodus, Forbidden, The Unholy Alliance , The Big 4

SLAYER - World Painted Blood (2009)
Par CANARD WC le 12 Décembre 2009          Consultée 28752 fois

Quelque part, c’est bien sympa de réentendre tous ces vieux groupes de Thrash. Cela a un côté rassurant de savoir qu’ils ne sont pas tout à fait morts, un peu comme votre vieux tonton sympa qui a survécu à son cancer de la prostate l’année dernière. Je dirais même que c’est assez touchant cette espèce d’obstination de la part de nos vieux cadors à produire des albums dans un genre qui a déjà tout dit il y a 15 ans.

Mais par delà les considérations historiques et sentimentales, le problème, c’est que si on fait le bilan, on a eu quoi de bon dans l’assiette avec ce « Revival Thrash » ? Pas grand-chose, il faut l’avouer (1). Plus précisément : des résidus de miettes de pain (taille crottes de mouche). Tel un bon thermomètre dans le cul, pour mieux apprécier l’opportunité de cette nouvelle vague Thrash, regardez un peu où en est le « Big Four » depuis les années 2000 :

ANTHRAX patauge avec son line up et sort des Lives en multipliant les promesses.

MEGADETH est presque méga-mort : ça fait maintenant 4 albums que Dave tourne en rond et délivre ses bons riffs à dose homéopathique, tout en dissertant niveau CM2 sur la politique américaine.

METALLICA se fout ouvertement de notre gueule et maquille son Thrash à la truelle en priant pour que les fans ne remarquent rien. Quelle bande d’enculés notoires quand j’y repense.

Et il y a SLAYER.

SLAYER, THE groupe de Thrash, celui qui en son temps faisait faire pipi dans sa culotte aux « gentils » hardos, le groupe qui imposait le respect et la terreur, celui qui ne transigerait JAMAIS et qui allait rester digne - droit dans son Thrash - borné dans sa vision brutale et totalitaire du genre. La légende était en marche et les fans pouvaient être fiers. D’ailleurs, j’étais fier. Tu étais fier. Nous étions fiers. Ils étaient fiers. Imparfait du verbe « être ». Fier(s) donc, jusqu’en 2006. Le 6 août 2006 précisément (avec la sortie de leur « Christ Désillusion »).

Aaaah... "Christ Illusion", l’aveu d’impuissance du groupe, la tentation du pilotage automatique, la facilité avérée au grand jour, l’illusion d’un Thrash perdu. Misère de misère. SLAYER avait basculé officiellement dans le Thrash « administratif » (sans l’envie d’évoluer d’un "Divine Intervention", ni la vigueur d’un "God Hates Us All"). Derrière l’inspiration minimale, il y avait cette tiédeur à vomir et le constat amer d’un album aussi généreux que le portefeuille d’un RMIste. Mais on avait fait comme si de rien n’était : tournées, interviews façon « on est toujours evil », séances photos, publicités en tout genre (2) toussa assortis de promesses d’un monde recouvert de sang et de chair à saucisse. As usual. Toujours la même rengaine, ce même carcan dans lequel le groupe s’est enfermé sans l’odeur de souffre, sans les brumes infernales d’antan.

Donc on va se consoler en se disant qu’en 2009 SLAYER tient toujours debout : vieillissant, rondouillard et grisonnant… mais debout quand même.

"World Painted Blood" est à l’image du SLAYER version 2009 : un album qui avance tel un retraité arthritique, le souffle court et grimaçant. Le produit en somme d’un groupe qui aurait déjà dû tirer sa révérence il y a un moment. Sauf qu’il y a cette sombre histoire de contrat : SLAYER doit rempiler pour un dixième machin. Allez hop, haut les cœurs !

Cette sordide application à aller au bout (de quoi ?) est si peu compatible avec ce que le groupe a drainé comme image qu’au final je ne sais pas ce qu’il y a de plus attristant :

- Le constat navrant de la platitude du résultat qui oblige l’avis mitigé et condamne - ipso facto - à une déception tragique tout fan de SLAYER un tant soit peu réaliste,

- Ou plus « symboliquement », le constat de cet entêtement capitalistique qui oblige un groupe (à la base rebelle) à « tâcheronner » gentiment en studio : la victoire de l’Oncle Sam sur le dernier bastion en cuir clouté, un chèque glissé en douce à un groupe qui avait fait de la non-compromission un « american way of Thrash ».

Oui, je suis très triste au moment où j’écris ces lignes. D’ailleurs, si vous voulez tout savoir, je suis en train de mélanger présentement alcool et médicaments, ce qui fait que vous n’êtes même pas sûrs de pouvoir lire la fin de cette chronique tragique. Le suspense est infernal. Je vais faire ce que je peux.



Pourtant, ça commençait pas mal. SLAYER ouvre le bal avec le titre éponyme qui affiche de belles couleurs : un bon riff, de l’énergie, une ambiance un rien malsaine et un break mid tempo qui arrache tout. Ça déboule certes un peu grossièrement (avec le phrasé haché de Tom « je suis un veau » ARAYA et LOMBARDO qui branle pas grand-chose dans le fond de la pièce... non pas là... à gauche), mais c’est pas si grave : le bilan de ce premier morceau est positif. Suffisamment pour que je me mette à courir partout en hurlant :

« SLAYER N’EST PAS MORT NOOOON SLAYER N’EST PAS MORT !!! »

La suite, malheureusement, est beaucoup moins réjouissante. Des riffs plus banals les uns que les autres, tempo rapide sans variation intéressante (citons : "Unit 731", "Hate Worldwide", "Public Display"). Linéaire, bourrin et sans imagination : c’est le constat qu’on peut faire de la moitié de l’album. Celui d’un groupe qui ne sait plus faire autre chose que ressasser sa même mixture, un brouet Thrash énergique et vide, simpliste et presque parodique. Évidemment, ce n’est pas la catastrophe (SLAYER aurait pu – dans l’absolu - faire pire), le groupe a suffisamment de savoir-faire pour ne pas nous confronter au vide intersidéral de son inspiration. SLAYER s’est gardé quelques micros idées qu’il a disséminées un peu partout sur l’album. Un petit riff marquant par ici ("Snuff"), un son de gratte intéressant plus loin ou une ambiance intéressante (sur "Beauty" par exemple) et roulez vieillesse. Mieux vaut diluer le talent quand on ne peut le concentrer.

Faute de pouvoir impressionner, SLAYER joue son autre carte : l’auto repompe. La plupart des titres, accélérations, breaks sont comme autant de clins d’œil aux illustres précédents. Quoi ? Vous n’aviez pas remarqué que le break de "Beauty" était le même que celui de "Ghost of War" ? Que la structure de "Snuff" était calquée sur celle de "Born of Fire" ? Que "Playing with Dolls" était un resucé de je-ne-sais quel titre de "Christ Illusion" ?

Fatalement, entre l’expérience du groupe, sa poignée d’idées et la réarticulation des acquis ; SLAYER réussit à moitié son coup avec 5 titres presque réussis (que nous allons citer sans ambiguité pour ôter de votre visage cette moue interrogative) : "World", "Beauty", "Human", "Americon" et "Playing". Et voilà, on a fait le tour de la question. Sans être des morceaux à tomber de sa chaise, ces quelques titres sauront redonner un tendre sourire aux Thrasheurs nostalgiques qui ont perdu définitivement leur grand SLAYER. Le point commun de cette moitié d’album réussi : une identité musicale, une ambiance malsaine et un relatif sens accrocheur (pour du Thrash de bourrin hein). Ça part d’un riff ("World"), parfois d’un air intéressant ("Human") ou tout simplement d’une envie de tout péter ("Americon"). Ces quelques « réjouissances » sont la preuve que SLAYER avait théoriquement de quoi nous pondre un dernier album pour clôturer sa discographie chaotique. Sans doute ce qui laisse le plus de regret dans cette affaire. Alors le temps de quelques minutes, on est presque prêts à leur pardonner l’inutile et l’insipide dont l’album est par bien trop émaillé... Mais non. Ça reste quand même globalement médiocre.

Évidemment, comme d’haaaaabitude, les moins exigeants d’entre nous et tous les fans acquis à la cause « SLAYER » reconnaîtront le groupe qu’ils ont chéri, il y a fort longtemps dans une galaxie très lointaine. Et cela leur suffira amplement (tant mieux pour eux). Je vois déjà cette horde de dévots coller des 18/20 à la chaîne et mégoter sur les « détails » :

« Dommage que le mixage soit pas terrible »
« Ah oui puis c’est vrai que LOMBARDO est très en deçà de ce qu’il est capable de faire (3) »
« Faut reconnaître qu’il y a bien quelques titres sans intérêt »


Blabla.
Mais on va surtout retenir la bonne nouvelle du jour : SLAYER rules !!! « Kings of Thrash till Death » !!! Yeeeaaaah !!! SLAYER FOR EVER !!!


La belle affaire…



Note : 2,5/5.



Morceaux préférés : "World", "Beauty", "Human", "Americon", "Playing with Dolls".
Morceaux inutiles : le reste.



(1) Oui je fais les questions / réponses nananère.
(2) Avez-vous vu la pub Marshall avec Kerry ? (http://www.youtube.com/watch?v=ExGLpWf14TY&feature=player_embedded#)
(3) M’est avis qu’on a perdu au change avec BOSTAPH, mais bon ça chut faut pas le dire.

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- Tom Araya (chant, basse)
- Jeff Hanneman (guitare)
- Kerry King (guitare)
- Dave Lombardo (batterie)


1. World Painted Blood
2. Unit 731
3. Snuff
4. Beauty Through Order
5. Hate Worldwide
6. Public Display Of Dismemberment
7. Human Strain
8. Americon
9. Psychopathy Red
10. Playing With Dolls
11. Not Of This God



             



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