Recherche avancée       Liste groupes



      
THRASH METAL  |  STUDIO

Commentaires (23)
Questions / Réponses (2 / 17)
Metalhit
Lexique thrash metal
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

1983 Show No Mercy
1984 Hell Awaits
1986 Reign In Blood
1988 South Of Heaven
1990 Seasons In The Abyss
1994 Divine Intervention
1996 Undisputed Attitude
1998 Diabolus In Musica
2001 God Hates Us All
2006 Christ Illusion
2009 World Painted Blood
2015 Repentless
 

- Style : Machine Head, Harlott, Enforced, Holy Moses, Sadus, Alkoholizer, Razgate, Exhorder, Kristendom, Evile, Demiricous, No Return, Metallica
- Membre : Grip Inc., Suicidal Tendencies
- Style + Membre : Kerry King, Exodus, Forbidden, The Unholy Alliance , The Big 4

SLAYER - Repentless (2015)
Par CANARD WC le 18 Octobre 2015          Consultée 15549 fois

Durant les années 70 et 80, les « grandes » années du tennis professionnel, plus qu’un match, plus que deux joueurs qui s’affrontaient, il était question d’un combat entre deux personnalités, deux visions du sport. Les joueurs, moins complets que maintenant, avaient leur style, leur faiblesse et se livraient à une confrontation qui dépassait assez largement le cadre strict du tennis. Wilander, Nastase, Noah (bien sûr) mais aussi Edberg, Lendl ou Borg… Tout ce petit monde se défiait, se chevauchait, se retrouvait à l’occasion d’un bal sportif où chacun exécutait sa danse pour des matchs épiques. C’était bien avant l’arrivée d’autres géants (Agassi, Courrier, Sampras, Becker etc.), plus forts encore, qui allaient préfigurer ce que deviendrait notre tennis moderne. A cette époque d’antan, les matchs avaient un autre « goût » et laissaient entrevoir presqu’autre chose. Puis les vieilles gloires ont laissé la place à la nouvelle meute de loups, ainsi va la vie « que sera sera » comme chantait l’autre. L’un des souvenirs les plus attendrissants de cette passe d’armes, fut sans doute l’un des derniers matchs de Jim Connors – « Jimbo » pour les intimes – contre Patrick Mc Enroe (le frère) durant lequel à quarante berges, en véritable seigneur des courts, l’homme a donné du fil à retordre au cadet, multipliant les coups héroïques, se transcendant à chaque point comme tenu par l’envie de rester encore un peu sur les courts, quelques heures de plus. Fallait le voir ce brave Jim, traînant sa carcasse, jouer les vieux crocodiles de fond de court, user le moindre bout de ficelle. Quelques matchs plus tard, fatalement, il finit par céder, quitter le terrain en larmes définitivement. Il avait duré, et bien, mais son temps était révolu.

"Repentless" ressemble à un de ces derniers matchs de Connors. Poussif mais courageux, un pied de nez avant l’inéluctable fin : inutile mais rendu presque « beau » par cette vacuité. Pour la beauté du geste plus que le résultat en lui-même, car la mort est une bataille perdue pour tout le monde. Et SLAYER comme tout le monde s’en est allé. Depuis un moment, même.

Donc SLAYER traîne encore sa carcasse en 2015, tente de faire (Christ) illusion, met sans doute de la bonne volonté pour durer encore un peu mais n’arrive pas à s’échapper du médiocre, de la dégénérescence naturelle qui guette. Bien évidemment, le problème tient en trois « i » : inspiration, idée, imagination. SLAYER en est dépourvu depuis bien longtemps, mais fait mine de rien, secoue la tête et agite les bras violemment pour riffer droit dans le mur avec la moue boudeuse. Sauf qu’on sait tous que le groupe est mort il y a belle lurette, que l’acte de décès se situe quelque part entre 2001 et 2006 (on en a eu la confirmation avec "Christ Illusion"), soit bien avant celui plus « concret » de Jeff. Paix à son âme. SLAYER est mort le jour où il a arrêté de se battre, de prendre son traitement, le jour où il fut décidé en haut lieu de faire du pilotage auto assumé et de se contenter de riffs aussi incisifs qu’un couteau à beurre. C’est donc avec un certain recueillement et une pointe de respect qu’il convient d’écouter "Repentless", sans haine ni reproche ni quoique ce soit d’autre. Rangeons les flingues et examinons un peu le cadavre en plein décomposition.

Le SLAYER des années 80 est culte ("Seasons" inclus), aucune contestation possible. Puis il y a eu les terribles années 90, synonymes de déceptions, de ratés et de toute sorte de choses amères. MAIS. Mais « post-Seasons », le groupe a tenté, présenté des signes de vitalité, d’envies et voire même d’évolution. En ce sens, le terrible "God Hates Us All" (GHUA) peut être perçu comme l’aboutissement de ce pénible chemin, une synthèse méliorative de ce que le groupe a essayé de faire durant leur deuxième décade d’albums. Dans un monde idéal, si SLAYER eusse été un groupe lucide, il aurait clos leur carrière à ce moment précis, nous quittant pour de bon avec cet album infernal, vigoureux, perfectible mais ô combien jouissif. Sauf que non, il y a eu une suite, des suites, à GHUA et ce qui s’en est suivi tient davantage du baroud d’honneur aussi vide qu’inutile. Alors peu importe que Jeff ne soit plus de ce monde, que BOSTAPH soit de retour parce que Dave boude encore, que "Repentless" soit l’album le plus « KING-ien » du groupe etc. SLAYER est mort depuis trop longtemps, sa carcasse empeste et il était écrit que ça sentirait la charogne quoiqu’il arrive. En vérité je vous le dis, même avec le line-up originel et les meilleures intentions du monde, ça n’aurait rien changé.

A contrario, HOLT (et son jeu précis) et BOSTAPH (et sa frappe chirurgicale) contribuent grandement à sauver "Repentless" du naufrage intégral. Car s’il n’excelle jamais, l’album est émaillé de quelques bons moments, de passages plutôt réussis au point de rendre toute vindicte intransigeante presque déplacé. On ne frappe pas un homme à terre. Quelque part, il eut été préférable que ce SLAYER-là fusse vraiment mauvais pour que nous puissions jeter un dernier voile pudique sur le groupe. Mais "When the Stillness Comes" (meilleur morceau) est très bon : construction à la "Killing Fields", ambiance qui rappelle "Gemini", le titre serpente, menace puis explose avant de se stopper net en plein chaos, au bord du précipice comme pour défier le vide qui l’attend. Suit également un "Chasing Death" (très GHUA-ien) débordant d’énergie dans lequel SLAYER semble trouve un second souffle intéressant sur un axiome dévastateur entre ARAYA et BOSTAPH. J’aurais aussi pu vous parler des vertus « kreatoriennes » du titre éponyme, amené par la redoutable introduction instrumentale ("Delusions Of Saviour") : tout en mid tempo grondant, annonciatrice d’une tempête à venir. Une autre bonne idée... La dernière, malheureusement.

Le problème, c’est qu’il y a le reste. Un "Take Control" mal maîtrisé justement, inepte et compulsif comme n'importe quelle réaction post-mortem. Ou ce "Vices" ennuyeux, lourdingue. "Implode", tout pareil : les mêmes vices produisent les mêmes carences. Sans parler de la doublette finale ("You Against You" et "Pride in Prejudice") nulle de chez raté, effarante même, SLAYER vilain caca pas beau prout. En mélangeant l’acceptable avec la nullité patentée, on obtient tout juste du médiocre. "Repentless" ne peut pas être jugé satisfaisant (au sens étymologique du terme : ne pas faire assez), même subjectivement, même quand on est un con de fan dans mon genre. Trop inégal, trop hétérogène aussi.

A l’instar de mon CONNORS de fin de carrière, SLAYER se traîne, persiste à jouer les prolongations pour échapper à la fin. Son glorieux passé est depuis longtemps devenu un poids trop lourd à porter (même en se faisant aider par deux bons intermittents du spectacle). Reste donc le parcours, les coups d’éclats du passé, la gloire d’antan et tout le toutim. De la même façon qu’on ne retient pas les performances déclinantes d’un sportif de haut niveau mais plutôt son palmarès, c’est désormais à cette aune qu’il convient de jauger ce groupe.

Bah oui, SLAYER, c’était mieux avant et ça fait un moment qu’on le sait.


Note : 2/5.

Morceau préféré : "When the Stillness Comes".

Remarque : à noter dans la version bonus, le live du groupe au Wacken 2014 qui nous permet de découvrir ce SLAYER « new look » en action. Avec un ARAYA à l’économie, aussi expressif qu’un extincteur et Kerry qui fait du KING ni plus ni moins. Reste HOLT et BOSTAPH impeccables tous les deux et qui ont l’air d’être plus contents que les deux autres… Un bon petit concert à la captation correcte, mais pas de quoi s’en relever la nuit non plus. Il est intéressant de noter la setlist justement tournée à 90 % vers le glorieux passé du groupe (comme évoqué dans la chronique), ce qui en dit long sur la fraîcheur du groupe mais témoigne tout du moins d’un regain de lucidité. Bon, puis c’est super cool d’avoir ressorti "Black Magic" du placard.

A lire aussi en THRASH METAL par CANARD WC :


ANNIHILATOR
Alice In Hell (1989)
Le "appetite for destruction" du thrash. pas moins

(+ 2 kros-express)



GODSLAVE
Into The Black (2011)
MEGADETH SODOM-isé par KREATOR

(+ 1 kro-express)

Marquez et partagez







 
   CANARD WC

 
   DARK BEAGLE
   FENRYL
   MULKONTHEBEACH

 
   (4 chroniques)



- Tom Araya (basse, chant)
- Kerry King (guitare)
- Gary Holt (guitare)
- Paul Bostaph (batterie)


1. Delusions Of Saviour
2. Repentless
3. Take Control
4. Vices
5. Cast The First Stone
6. When The Stillness Comes
7. Chasing Death
8. Implode
9. Piano Wire
10. Atrocity Vendor
11. You Against You
12. Pride In Prejudice



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod