Comme beaucoup de metalleux de ma génération, j'ai connu ROYAL HUNT via l'emblématique "Paradox" qu'on m'avait présenté comme le chef d'œuvre du groupe. Mais après avoir surtout gardé ce souvenir en mémoire et le suivi toute la période Mark Boals du groupe, ma connaissance du groupe était restée parcellaire, mais je dois avouer que la régularité dans la qualité des sorties d'un groupe qui a presque vingt-cinq ans de carrière me surprenait ! À l'heure où j'écris ces lignes, "Devil's Dozen", le treizième album des Danois, tourne en boucle...

Retour en arrière, induit en erreur pendant longtemps par la chronique de l'émérite Spherian, et découverte du premier album des Danois.
Et quelle classe mes aïeux ! Parler de Hard FM est bien réducteur, la musique très personnelle de ROYAL HUNT, charpentée sur les claviers de son maître à penser André Andersen (qui se charge aussi des guitares à l'occasion) est un savant et personnel alliage de Heavy flirtant avec le Power et le Néo-classique, parfois assez proche du MALMSTEEN époque "Odyssey"/"Fire And Ice" où les claviers et les mélodies rappellent à tout moment un ancrage FM marqué avec un certain goût pour les structures réfléchies qui tout au long de sa carrière le verra plus ou moins flirter avec le Prog.

Démarrer une carrière avec un opus aussi abouti que "Land Of Broken Hearts" c'est juste la grande classe. Aucun titre n'est à jeter sur ce premier chef d'œuvre où tous les éléments qui font le caractère bien trempé de ROYAL HUNT sont déjà présents. J'ai lu ici et là que le son de cet album était faible… Je ne vois clairement pas à quel niveau, chaque instrument se faisant une place nette dans le mix. Tout juste les amateurs de gros son pourront être déstabilisés par la prédominance des claviers, mais Jacob Kjaer a largement de quoi vous chatouiller les oreilles. Henrik Brockmann, qu'on a un peu oublié aujourd'hui et qui a connu d'illustres successeurs, est parfaitement à sa place sur ce premier album, et ses vocaux sur "Running Wild" (proche d'un TEN), sur l'hymne "Land Of Broken Hearts" ou le RAINBOW-esque "Stranded" parachèvent le premier magnum opus de la carrière de ROYAL HUNT.