Lorsqu'on l'écoute a posteriori, trente ans après sa parution, le tout premier album studio de STRATOVARIUS surprend encore. En bien. Non pas parce que ce que l'on y entend ne ressemble pas vraiment au Speed Mélodique à claviers qui fera son succès quelques années plus tard. Mais justement parce que ce que l'on y entend n'est pas aussi mauvais que d'aucuns auront voulu faire croire au fil des années et de l'empilement de bons, voire de très bons disques sortis par le groupe finlandais par la suite. Et en plus de n'être pas si mauvaise, la musique que contient "Fright Night" est d'une variété tout à fait étonnante. C'est le moment d'entrer un peu dans le détail.

On peut d'abord constater que le Power Metal d'HELLOWEEN a laissé une petite empreinte sur le groupe de Timo Tolkki, et ce, dès "Future Shock", marqué par le groupe allemand. L'on peut aussi se rendre compte qu'IRON MAIDEN n'est pas absent des influences du combo : "Black Night" peut en témoigner, avec ses riffs de guitare très Murrayiens… On identifie aussi quelque volonté de STRATOVARIUS de complexifier sa musique, avec des compositions un peu plus chiadées, comme "Fright Night" qui, lui non plus, n'est pas exempt d'influences HELLOWEENiennes, loin de là. Avec ses huit minutes, le morceau le plus ambitieux de l'album joue de la théâtralité en moins bien que le font les Hambourgeois, mais correctement tout de même.

Ce que l'on remarque, toutefois, c'est que les claviers n'ont pas encore ici une place aussi importante qu'à l'avenir : ils sont souvent cantonnés à la fonction de tisser des atmosphères. Ce qui marque, surtout, c'est la place prépondérante que prend le Néoclassique dans le style alors pratiqué par STRATO et dans le jeu de guitare de Tolkki. Tout l'album en est infusé, et s'il n'est pas toujours intégré le plus proprement possible, le Néoclassique permet à certains titres de d'acquérir un certain relief.

Alors, bien sûr, le chant de Timo Tolkki laisse à désirer, n'est pas exempt de fausses notes, mais il n'est pas du tout désagréable. L'album manque certes d'ambition et de personnalité, sa production est médiocre au mieux (heureusement, la remasterisation lui a fait du bien), mais il se laisse écouter sans déplaisir aucun et à l'époque où le Metal finlandais ne représentait rien du tout, c'est déjà quelque chose. Un début encourageant.