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2022 2 The Saberlight Chronicles
 

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FELLOWSHIP - The Saberlight Chronicles (2022)
Par T-RAY le 25 Juillet 2022          Consultée 3064 fois

Ah, le Power Metal… Genre polarisant s'il en est. Certains des Metalleux qui me sont les plus proches n'ont jamais apprécié le genre alors même que leurs goûts balayent presque tout le spectre musical du Metal, du Heavy au Grindcore… D'autres grands amateurs, y compris sur Nightfall In Metal Earth, site connu pour exalter le Power et qui lui doit sa création, en sont revenus et lui ont quasiment tourné le dos. Voire le dédaignent. Un sentiment tout à fait compréhensible lorsque l'on constate combien les artistes qui le pratiquent ont pu user jusqu'à la corde certains procédés et font sévèrement tourner le genre en rond.

Alors que penser d'un FELLOWSHIP qui déboule en plein été 2022 avec un premier album qui cultive, à première vue et à première ouïe, tous les aspects archétypaux du Power ? Le groupe britannique, qui s'était fait remarquer chez lui avec un E.P. prometteur en 2020 (dont l'on retrouve ici les trois morceaux), ne semble pas avare en poncifs du genre. Des guitares bien véloces. De la double grosse caisse en veux tu, en voilà. Des arrangements orchestraux. Un concept high fantasy. Un chanteur capable de monter haut dans les aigus. N'en jetez plus, la coupe est pleine ! Le quintette redevenu quartette depuis l'enregistrement de cet album remplit toutes les cases, ou presque, du cahier des charges du parfait projet de Power Sympho…

… Et pourtant, ça marche ! Ça fonctionne même du tonnerre, aucun album de Symphopower ne m'ayant autant convaincu et séduit depuis le deuxième opus studio de ses compatriotes de GLORYHAMMER ! D'ailleurs, FELLOWSHIP vient confirmer toute l'envergure acquise par la scène Power d'Outre-Manche au cours des quinze dernières années, derrière le chef de file DRAGONFORCE. Ces trois groupes semblent d'ailleurs s'inspirer d'un même template (d'un même patron pour les parangons de la langue de Molière) : mélodies limpides, amour de la vitesse, soli ébouriffants, goût du grandiloquent, passion assumée du cliché et des rimes évidentes, voire faciles. Devenir des mèmes ne leur fait pas peur. Matez donc les clips, pour voir.

Toutefois, les caractéristiques les plus prononcées de GLORYHAMMER et de DRAGONFORCE sont bien plus mesurées chez FELLOWSHIP, dont la musique semble vouloir concilier le meilleur des deux styles et bien plus encore. La formation de l'Essex est moins explosive, moins bourrine et flirte moins souvent avec la rupture que la bande à Li/Totman/Pruzhanov à sa grande époque (car ils se sont calmés depuis dix ans) et si un "Oak And Ash" semble me faire mentir tant il est DRAGONFORCien, avec les duels de guitare entre Sam Browne et Brad Wosko, il n'est que l'une des douze compos de "The Saberlight Chronicles". FELLOWSHIP est également moins emphatique et porté sur les nappes symphoniques que ne le sont les Écossais menés par Christopher Bowes, alias Zargothrax, Dark Emperor of Dundee. Et aussi moins humoristique.

À côté de ces deux parrains du Power british, FELLOWSHIP fait figure de champion de la modestie et de l'équilibre, car il parvient à éviter que le supersonique et le symphonique ne prennent le pas l'un sur l'autre et, par-dessus tout, sur la musique elle-même au point que l'on ne retienne que ça. Même au niveau des paroles, le groupe est sobre : pas de dragons, pas de méchant antagoniste, peu de magie mais pas mal de spiritualité et d'introspection. Au-delà de la seule scène britannique, c'est tout l'héritage du Power Metal européen, de l'Allemagne à l'Italie et jusqu'à la Suède et la Finlande, que FELLOWSHIP embrasse avec candeur et enthousiasme, tel un enfant ses parents. Le juste dosage de toutes les caractéristiques du genre, auquel parvient le quintette de Harwich qui heureusement ne se prend ni pour HELLOWEEN, ni pour Hans ZIMMER, a de quoi convaincre les plus réticents des ex-fans de Power Metal de revenir à leurs premières amours. Au moins le temps de l'écoute du disque.

Car comment dédaigner des tueries telles que "Until The Fires Die", "Glory Days", "The Saint Beyond The River" et le mid-tempo "Hearts Upon The Hill" lorsque l'on a un jour aimé le genre ? Oui, tous ces titres jouent sur les clichés, dans leurs rimes comme dans leur exécution, mais l'immédiateté de leurs mélodies de guitare et/ou de claviers et la franchise des lignes de chant emportent le morceau sans coup férir. Moi qui entretiens le paradoxe de dénoncer les mélodies faciles et d'en même temps vouloir que celles-ci aillent au bout sans être "twistées" par une note finale dissonante ou soudainement interrompues (deux procédés de composition respectables), je suis servi ! Car FELLOWSHIP me donne d'abord le pressentiment d'être déçu par lesdites mélodies avant qu'un sentiment de satisfaction totale ne l'éteigne et ne m'étreigne quand la "bonne" note vient les conclure.

À ce titre, l'hyper héroïque "The Saint Beyond The River" est un péché mignon auquel je ne peux m'empêcher de succomber à chaque fois, en mode repeat, lorsqu'il déboule dans mes oreilles. Même lorsqu'il se calme, des chœurs tubesques viennent relancer son refrain triomphant pour mener à l'extase. Idem pour "Until The Fires Die" et "Glory Days", dont l'évidence avec laquelle leurs notes s'enchaînent pourrait dégoûter si l'exécution des morceaux n'était pas aussi parfaite. Rien. N'est. Laissé. Au. Hasard. Tout est lumineux chez FELLOWSHIP. C'est absolument régressif et ça fait un putain de bien fou ! Oui, la démarche des Britanniques est régressive et décomplexée, mais pas vaine du tout car ce qui sort des instruments du groupe est enthousiasmant et donne une pêche terrible. Mise dans un écrin par une production équilibrée et claire qui n'étouffe pas les guitares, principales pourvoyeuses de riffs, cette musique scintille comme un joyau.

Le magnifique "Glint" peut en témoigner, qui monte en puissance avec maîtrise et dont les lignes de chant majestueuses et poignantes font immédiatement sortir Matthew Corry de l'anonymat. Le gars a du coffre, assure en voix de tête sans en abuser, caresse les médiums avec douceur et fermeté, soigne ses plus rares graves et est pour beaucoup dans la sensation d'équilibre que génère la musique du groupe. Cette superbe compo et la très belle pièce finale "Avalon", qui sonne pourtant comme un passage obligé avec ses neuf minutes (encore le cahier des charges), prennent à rebrousse-poil ce que j'ai pu écrire sur "l'évidence" des lignes de chant car elles sont ici subtilement composées et parfois déroutantes. Et les deux morceaux ravissent quasiment de bout en bout.

Bien emmené par son vocaliste, FELLOWSHIP ne dédaigne pas non plus l'aspect Pop qui peut se cacher derrière le Power Metal et qui permet d'accoucher de chansons marquantes sans avoir à forcer sur les éléments les plus Metal. En cela, le combo rappelle le meilleur de SONATA ARCTICA, comme en témoignent les élégants "Atlas" et "The Hours Of Wintertime". Voilà deux titres qu'on se surprend à fredonner après ne les avoir entendus qu'une fois. Pas aussi calmes que la ballade au piano "Silhouette" – assez SONATienne elle aussi quoiqu'un brin plus mielleuse, avec ses notes de violon, que celles des Finlandais – ces deux titres permettent au groupe d'aérer l'album. Ce qui fait qu'on ne sent pas passer ses 62 minutes.

Bien sûr, il y a des morceaux moins mémorables, tels "Scars And Shrapnel Wounds" et "Still Enough", mais ceux-ci contiennent toutefois leur quota d'accroche et s'ils n'impriment pas aussi vite (ni aussi fort) l'esprit de l'auditeur, c'est aussi et surtout parce qu'ils sont soit plus sophistiqués pour "Still Enough", soit font appel à des références, une structure et une façon de chanter hors Metal, plutôt digne d'une certaine variété anglaise pour "Scars And Shrapnel Wounds". Mais c'est aussi le cas de lignes vocales d'autres morceaux bien plus musclés et typiquement Power Metal comme "The Saint Beyond The River", où Matthew Corry s'offre, avant l'avant-dernier refrain une partie presque a cappella doucereuse à souhait que n'auraient pas renié des chanteurs à la TAKE THAT.

"The Saberlight Chronicles" tourne en boucle dans mes oreilles depuis que j'ai pu les poser dessus. J'avoue n'avoir écouté que trois ou quatre autres disques depuis sa sortie, et tous sont des œuvres de Power Metal. Preuve que par-delà mon rôle de chroniqueur, qui suppose de se replonger dans la carrière d'autres artistes du même acabit pour remettre le disque chroniqué en perspective, FELLOWSHIP n'a pas son pareil pour ressusciter l'envie d'écouter les classiques du genre. Au petit jeu de la comparaison, d'ailleurs, en termes d'excitation pure et de qualité de composition, le premier opus studio des Anglais soutient largement la comparaison avec d'autres disques majeurs du Power, Sympho ou pas.

"The Saberlight Chronicles" enterre quasiment tout FREEDOM CALL, décapite les deux tiers du corpus RHAPSODYien, écrase les trois quarts des disques de DRAGONFORCE, transperce la maigre discographie de TWILIGHT FORCE… Je continue ? Franchement, je me demande ce qui me retient de claquer les 5 étoiles à ce disque… Sans doute le fait qu'il arrive si tard dans l'histoire du Power Metal et n'apporte réellement rien de neuf à l'équation en-dehors de la qualité de ses compositions et du juste milieu trouvé par les cinq musiciens dans un genre souvent boursouflé. Et aussi le relatif déséquilibre qui existe au sein de sa tracklist, partiellement rattrapé par un enchaînement de merveilles ("Glint" - "The Saint Beyond The River") avant une dernière triplette un peu trop "contractuelle" en dépit de sa solidité manifeste. Donc, voilà : une note de 4,5/5 traduite en 4 étoiles mais qui ne doit ABSOLUMENT pas vous dispenser de lire les onze paragraphes qui précèdent si ça n'est pas déjà fait. Allez, allez !

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   (3 chroniques)



- Matthew Corry (chant)
- Sam Browne (guitare)
- Brad Wosko (guitare)
- Callum Tuffen (batterie)
- Daniel Ackerman (basse)


1. Until The Fires Die
2. Atlas
3. Glory Days
4. Oak And Ash
5. Hearts Upon The Hill
6. Scars And Shrapnel Wounds
7. The Hours Of Wintertime
8. Glint
9. The Saint Beyond The River
10. Silhouette
11. Still Enough
12. Avalon



             



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