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SPEED METAL  |  STUDIO

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GRAVE DIGGER - Witch Hunter (1985)
Par DSC le 21 Août 2008          Consultée 5399 fois

1984. Rappelez-vous leur consensus : le conseil de l'ordre du royaume des morts accorderait l'absolution à quatre âmes crapuleuses, en échange de leur engagement à engendrer un nouveau fléau sur Terre. En conséquence de quoi naquit le tout premier recueil de heavy-metal morbide de tous les temps : "Heavy Metal Breakdown". On put aussitôt ressentir la violence de leur haine dans chaque parcelle de cette bâtisse insalubre, caractérisée par un rendement crasseux, une voix bestiale, et des écrits graveleux. Une réalisation à la hauteur même de la tâche à laquelle ils avaient été assignés... mais cette ébauche ne connut pas le succès espéré. De retour au prétoire ténébreux, les quatre fossoyeurs reprirent leur négociation. Outré par leur insolence, Méphistophélès en personne vint leur exposer la fermeté de sa charte : les GRAVE DIGGER ne seraient innocentés que lorsqu'ils auraient révélé à la face du monde des œuvres magistrales, retraçant certains évènements homériques de l'Histoire humaine, et dotées d'un élan substantiel capable d'emmener les plus réceptifs jusqu'à l'orgasme...

Un an plus tard. Dans la pénombre d'une cave patibulaire, fin prêts à commercialiser leur deuxième édifice, nos fossoyeurs remirent en question la qualité de leur nouvelle besogne. Les compos sont-elles à la hauteur ? Les écrits sont-ils aussi macabres que l'avait exigé leur juge ? Que de questions auxquelles les fervents du quartet à la destinée encore nébuleuse requirent moins d'une audition intégrale pour répondre. Cette année galvaudée dans la révision du mode opératoire de leur labeur n'avait en rien élimé la fibre fulminante qui tressait le pont de leur premier navire. La colère, la rage, la haine, le dégoût, qui furent autant d'épices déjà bigrement juteuses auparavant, sont ici quémandés avec une vigueur telle que même un libanais en éructerait ses papilles gustatives ! Les râles tonitruants de Chris, pourtant typés GRAVE DIGGER, ne sont pas chantés ou même vociférés... ils sont dégobillés avec une férocité semblable à une déferlante inflexible ! La hargne est bien là. Un sentiment malsain corroboré par une armature électrisante, elle-même exaltée d'une saturation incisive et d'une vélocité qui transcendent les frontières de l'ouïe pour venir se loger directement dans votre système limbique, vous inoculant de la sorte une agressivité becquetée d'un plaisir criminel. On ne parlera même pas d'aigreur pour désigner les chansons qui, fièrement composées dans un esprit on ne peut plus bourrin, sont en commerce exemplaire avec vos nerfs et en parfaite symbiose avec vos instincts les plus primaires. Tempérons malgré tout un propos jusqu'ici réducteur : on subodore un investissement plus fouillé de la part du groupe en ce qui concerne la prise de recul vis-à-vis de leur travail de compositions, ici légèrement plus réfléchi que sur l'album précédent en dépit d'une spontanéité toujours prononcée et qui, parfois, traduirait presque un abandon à l'improvisation. Les guitares allègent toutefois leur énergie floue et confuse, bien qu'elles se montrent toujours extrêmement acérées.

Et c'est sur les cris d'une femme martyrisée que s'ouvre "Witch Hunter", la première piste guerrière de l'album. Des hurlements en adéquation totale avec le contenu rédactionnel de la chanson qui traite de manière tangible du procédé d'un violeur, et de la panique qu'il sème par la seule idée de son irruption - le titre le plus licencieux et obscur de l'album, qui marque justement son évolution fondamentale dans ses paroles désormais assumées, abordant des sujets plus virulents, plus funèbres aussi, ne se cantonnant plus à la glorification du métal. Quand il ne s'agit pas des viols du chasseur de sorcières, de dérives nocturnes telles qu'évoquées dans "Night Drifter" (très cru et atrabilaire), des affres éprouvés par un meurtrier sanguinaire aux accointances scélérates, et en proie à la fuite (le très révolté "Get Away"), ou encore des visions anarchistes soutenues dans "Fight For Freedom" (toujours plus de violence, toujours plus de rancune), le groupe laisse son aversion s'enticher de l'éducation, en portant violemment atteinte aux principes mêmes de l'enseignement (le plutôt réussi "School's Out", farouche et éclectique à la fois, partisan de l'anti-conformisme et du chaos universel)... ah, la hargne est toujours là, vous dis-je ! Et cet art clairvoyant de nouer en des termes abrupts la phobie de la médiocrité humaine est un vrai festin ! L'ensemble est ici enrobé d'une optique misanthrope exhalée dans "Friends Of Mine", qui vitupère l'hypocrisie et la convoitise liées aux "relations" du chanteur, et par extension, à l'ensemble de notre espèce.
Pour autant, perpétuant leur tradition hiératique, nos arrogants fouineurs des sols ne s'éloignent que partiellement de leur manuscrit d'origine, invoquant ici encore quelques écrits dispensés d'originalité... entre un "Get Ready For Power" et son intrigante trame orchestrée sur fond de rock'n roll, et un "Love Is A Game" en flirt avec l'inédite rupture amoureuse façon "Yesterday", on se verra presque réellement confondu par une rencontre inattendue avec un Chris Boltendahl ne faisant plus fi de son appartenance à une espèce qu'il méprise, et affichant une fragilité étincelante d'humanité au sein d'un "Here I Stand" où perce une indéfectible quête d'immortalité.

Le progrès du lyrisme est bien là, lui aussi : les écrits, enfin plus intimes, sont au moins une évolution sur laquelle ne se feront pas déprécier les auteurs de "Witch Hunter", lors de la tombée du verdict judiciaire. Mais une sentence bien moins réjouissante les fustigera en ce qui concerne le versant mélodieux... car la constance déjà excessive du rythme de l'album précédent vole littéralement en éclat face à la célérité quasi uniforme des tempos embauchés ici. Ce n'est pas tant la vitesse qui désole que son manque abusif de fluctuation. Car une fois embarqué sur ce bâtiment de nature brute de décoffrage, les escales seront au nombre minime de deux, avant d'avoir à nouveau la possibilité de poser le pied sur un sol plus tendre. "Love Is A Game" est la première de ces escales : une halte plus que bienvenue après le raz de marée provoqué par les trois pavés précédents (son intro pointée d'une amertume progressive serait presque radieuse, avec plus de conviction)... puis "School's Out", qui sonnerait davantage comme le répit du loup de mer, le repos du marin harassé par un océan indocile. Du reste, n'espérez pas la trêve du rouleau compresseur !

Mais voilà, en cette année le temps est à la redondance pour ces rôdeurs de sépultures, plus irascibles que jamais : "Witch Hunter" est tel la traversée nocturne d’un ossuaire à l’agencement parfaitement régulier des ossements... trop régulier, à tel point que les squelettes y sembleraient à leur aise... l'épaisseur opaque des nuages capture le moindre des rayons lumineux qui, perdant de leur chaleur, ne parviennent plus à rôtir la brochette de titres étalée ici. Une tautologie mélodique exacerbée par une dimension climatique manquant de relief : les ambiances angoissantes et lugubres sont mal retranscrites, car noyées dans une agressivité impulsive... frustré, l'auditeur en arrivera vite à sillonner les allées mortuaires à la recherche d'une épouvante fraîche à endurer : ce par quoi il deviendra probablement famélique avant de l'avoir trouvée...

Le verdict du prétoire : les GRAVE DIGGER progressent. Rivés sur leur navire de guerre, ils larguent une ancre très compacte dans les tréfonds abyssaux du monde des vivants, pour qui "Witch Hunter" est une pièce aussi tonifiante sur une durée éphémère, que prompte à endurcir les mœurs de par ses textes superbement hantés d'une essence misanthrope et anti-conformiste, et de laquelle est absente toute forme de bienséance. Hélas, la recette est faible, le groupe ayant omis l'élaboration d'un concept quelconque... un raccourci intellectuel d'autant plus déroutant que l'on connaît le génie du combo en la matière. Et si la production est en hausse, l'effet de surprise s'est évaporé sous la lourdeur âpre des guitares, et l'intérêt de l'œuvre s'égard dans la maladresse et la banalité de ses choix. Le couperet tombe. Net et tranchant. GRAVE DIGGER est déclaré coupable d'outrage à la cour. Sa rédemption ne fait que commencer...

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- Chris Boltendahl (chant)
- Peter Masson (guitare)
- Albert Eckhartd (batterie)
- Rene T-bone (basse)


1. Witch Hunter
2. Night Drifter
3. Get Ready For Power
4. Love Is A Game
5. Get Away
6. Fight For Freedom
7. School's Out
8. Friends Of Mine
9. Here I Stand



             



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