Putain, c'est quoi ce son ? C'est gentil, les gars de vouloir me faire chroniquer des trucs pareils mais ça fait grave mal aux oreilles. Très franchement, je trouve ça encore pire que pas mal de démos des LEGIONS NOIRES. Des guitares tout simplement atroces, qui grésillent comme la mort et qui attaquent les tympans comme c'est pas permis. Fait chier, quoi. Et oui, vous le savez pour beaucoup, j'adore les productions cheap ras du string ficelle qui tombe. Mais ça !
Et que c'est con, ce saccage. Parce qu'il s'agit bien là d'un saccage. Même fauché, même imbibé du pire alcool, on ne peut produire un machin aussi dégueulasse de façon involontaire. Sérieux, un petit 4-pistes, ça coûte (enfin coûtait) pas non la peau du cul. Et puis le réglage se fait assez vite, hein. Bref, bravo, génial. Autant j'applaudissais pour le low-fi hyper maîtrisé de "Nattens Madrigal", autant là, je dis stop, arrêtez tout. C'est audible, juste perce-oreille à l'extrême, brr.

Et oui, c'est con car il y a du bon matos sur cette démo. Ça sent un peu le cumulus d'idées absolument pas abouties, on se demande un peu si une quelconque structure, si de vagues enchaînements ont été pensés ne serait-ce qu'une demi-seconde mais bordel que ces idées tiennent la route. Et bordel, que ce refus de la structure se retourne finalement en une nouvelle idée qui structure (oui oui), de façon parfaitement contradictoire, l'ensemble pour en faire un vaste chaos sonore naviguant entre le nazillard de l'enfer et un univers baroque mais immonde.
S'il ne fallait accoler qu'un simple adjectif à "Vargnatt", ce serait malsain. Un malsain en grande partie du aux élucubrations vocales de notre ami Garm. On le savait doucement malade, on le découvre perdu entre plusieurs registres qu'il ne maîtrise pas encore (qu'il ne maîtrisera pour certains jamais). Un chant black chétif au possible, une étonnante tentative lyrique qui fait plutôt rire et quelques déclamations timides et empruntées. Constat plutôt médiocre, non ? Parfaitement. Seulement, au milieu de ce brouhaha que représente "Vargnatt", l'approximation fantastique dont fait preuve Kristoffer Rygg se niche avec une certaine élégance. Devient en tout cas totalement à-propos. Oui, "Vargnatt" est un incroyable foutoir. Preuve en sont les éléments acoustiques, champêtres sur "Bergtatt", difformes et malingres sur cet enregistrement anarchique, quasi-cataclysmique. Des éléments qui préfigurent pourtant du premier et exceptionnel album d'ULVER ainsi que de son successeur folklorique. Autre couleur, en forçant le trait, on entendrait presque du ARCTURUS. Celui de "La Masquerade Infernale", le sadique et dégingandé. Otons-lui ses riches atours, dépeçons-le de la façon la plus ignominieuse, on s'approchera doucement de "Vargnatt".

"Vargnatt" ou des débuts abominablement brouillons. "Vargnatt" ou les prémices du génie. "Vargnatt" ou la crasse la plus abjecte. "Vargnatt" ou des échantillons de la suite (ou du véritable début) des aventures de la bande des loups. "Vargnatt" ou un sujet d'analyse particulièrement riche. "Vargnatt" ou un black metal carnassier, au climat fétide…
…"Vargnatt", une démo qui pourrait peut-être bien se glisser quelque part au milieu des confections forestières et putrides d'ILDJARN ou ARCKANUM, malgré une qualité sonore que je me dois de tancer une dernière fois.